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La femme veut-elle un homme qui s'implique ou juste un simple exécutant?
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Natalia Solovii / EyeEm via Getty Images

Il était une fois, dans un pays fort, fort lointain, vivait une princesse appelée Germania. Elle était d'une grande beauté et d'une grande intelligence. Un jour, son château fut attaqué par un dragon cracheur de feu appelé Burnout qui brûlait tout sur son passage. La pauvre était retranchée dans la plus haute des tours et criait désespérément à l'aide.

Un prince qui passait par là, entendit les appels et sans hésiter, voyant en plus une occasion de se valoriser, galopa jusqu'au château, investi d'une mission plus grande que sa propre vie.

Il arriva sur les lieux et Germania l'invectiva.

« Tu parles d'une heure pour arriver... y'était temps! Bon, défends-moi s'il te plaît! »

Le chevalier n'hésita pas une seconde.

–« Sale dragon, attaque-toi à quelqu'un de ta taille! », dit-il courageusement pour faire diversion. Le Dragon se retourna, prêt à dévorer l'inconscient jeune homme qui avait pour prénom ImmArthur. Le combat fut soudainement interrompu.

–« Comment ça quelqu'un de ta taille? C'est quoi ce dénigrement? Ma petite taille ne m'empêche pas de vaincre ce dragon! Bon, sors ton épée et je vais te dire quoi faire... », dit Germania fort contrariée.

ImmArthur sortit son arme sans maugréer, se disant que ce n'était pas le temps pour une joute verbale puisqu'une menace bien réelle devait être repoussée avant tout.

–« Allez dragon, montre-moi ce dont tu es capable! »

Ils furent encore interrompus.

–« Non, mais... mets-le pas au défi, tu le stimules-là! Fais-lui peur ou... non, mieux que ça, fais-lui croire que t'as peur. Tiens, je te lance mon fard à joues, ça lui donnera l'impression que tu rougis. Ah et puis tiens, voilà un linge pour nettoyer cette épée... mon Dieu, t'as fait quoi avec? Est donc ben sale! Des plans pour que le dragon attrape le tétanos. Ouin, justement, toi, es-tu vacciné? »

ImmArthur recevait des salves de flammes, non pas menaçantes, mais plutôt résultantes des fous rires du dragon qui trouvait fort amusante cette conversation.

« Bon allez, qu'attends-tu? Que toute sa famille vienne le rejoindre? Bats-toi donc comme un homme pour une fois! », lui cria Germania, exaspérée.

ImmArthur recula et monta sur son cheval, à la grande surprise de tous.

–« Regarde, tu m'excuseras, je suis chevalier monoparental et là, je dois aller chercher mes petits à la garderie, tu sais, le monde merveilleux de Merlin à l'orée du bois? Ça fait trois écus que je paye ce mois-ci parce que je suis en retard. Pis comme t'as l'air à savoir exactement où tu t'en vas... ben, v'là mon épée. Bonne chance là! », lui dit ImmArthur, excédé, en s'engouffrant entre les branches, au grand dam de Germania et à la grande joie de Burnout.

FIN

Sur ce site, j'ai lu un blogue partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux, et qui soutenait que la charge mentale des femmes découlait en bonne partie de l'immaturité des hommes et de leur manque d'implication dans les tâches au foyer et dans les responsabilités familiales.

Les hommes sont effectivement des immatures qui ne s'impliquent pas assez.

Père monoparental en garde partagée depuis bientôt 14 ans, j'ai d'abord sursauté. J'ai ensuite réfléchi... oui, oui, un homme est capable, dans toute son immaturité de réfléchir aussi. Madame, savez-vous quoi? Vous avez parfaitement raison. Les hommes sont effectivement des immatures qui ne s'impliquent pas assez.

Pourquoi maintenant?

Depuis 14 ans, je suis ce qu'on appelle un hybride, un papa-maman. Un gars qui a dû se fier qu'à lui-même la nuit, à 2h du matin, avec la petite qui vomissait partout ou les nombreuses fois où il a passé de nombreuses heures pour attendre de voir un médecin, berçant son petit garçon fiévreux dans une salle d'attente bondée. Un gars qui a fait tous les repas, toutes les épiceries, tous les lavages, tout le ménage, tous les lunchs, le taxi, sans l'aide de personne ou presque.

Avant ça, c'était moi l'enfant. J'avais juste changé de mère à l'âge adulte. Elle me gérait et moi je faisais les tâches d'hommes. Avec le recul, je me rends compte que de l'âge de 0 à 34 ans, je n'ai pas décidé grand-chose dans ma vie. Et quand j'osais cuisiner ou m'attaquer à des tâches ménagères, je n'étais qu'un exécutant dont le travail était soigneusement planifié et ensuite révisé par ce que beaucoup de gars que je connais appellent encore « ma boss ».

Est-ce que je retournerais à cette époque? Jamais. Est-ce que j'ai plus de discussions difficiles avec ma propre mère depuis? Oui. Mon indépendance la déstabilise et elle l'avoue candidement. À l'époque des Plouffe, la reine du foyer décidait ce qui se passait à la maison. Le père, véritable souverain (ayant le titre, mais pas le véritable pouvoir au quotidien), se faisait servir, se choquait quand c'était le temps après les enfants et allait travailler pour payer les factures.

Les femmes, avec raison, ont décidé de voir autre chose que leurs quatre murs et leur ventre grossir tous les deux ans. Dans une société qui se targue d'être moderne, c'était bien le minimum de sortir de ça. Cependant, elles ne semblent pas vouloir céder le terrain à la maison, désirant que les choses marchent d'une façon : la leur. Mais difficile d'assumer à la fois un travail à temps plein et une maison le reste du temps. Le précipice est tout près et une femme excédée de façon plus que justifiée, s'y dirigera à coup sûr.

Que faire?

La femme veut-elle un homme qui s'implique ou juste un simple exécutant? Est-ce qu'un homme a le droit de se sentir valorisé dans les tâches quotidiennes à la maison? Est-ce qu'un homme est capable de savoir à sa façon ce qui est bon pour les enfants ou le foyer? De plus en plus, mais pas tous les hommes encore. Beaucoup de ceux-ci sont maintenus dans l'ignorance, culturellement ou volontairement, entre l'antiquité et la modernité. On garde une mainmise sur eux, mais à quel prix?

Face à la nécessité, tout le monde peut apprendre à pêcher. Pour cela, il faut cependant s'ouvrir et arrêter d'infantiliser les hommes continuellement. Il faut arrêter d'entretenir cette fausse dépendance en ne leur montrant pas au plus tôt comment fonctionner dans la vie. Quand l'homme - et encore mieux, le jeune homme - a accès – si on peut appeler ça comme ça- à cette technologie, devient-il différent? Évidemment qu'il le devient.

Moi, en quelques mois, je suis passé du Moyen-Âge à la Renaissance. Mais doit-on absolument avoir à se séparer pour devenir meilleur? Je crois que non.

Un homme n'est pas un employé, pas plus qu'un simple pourvoyeur tout comme la femme n'est pas une servante ni une pondeuse.

En revanche, l'homme autonome fait ses propres choix et acquiert une partie du pouvoir et du territoire chez lui. Un homme n'est pas un employé, pas plus qu'un simple pourvoyeur tout comme la femme n'est pas une servante ni une pondeuse. En 2018, j'espère qu'on est autre chose que ça.

Est-ce que la femme est prête à laisser de la corde et du terrain à la maison, quitte à ce que ça ne soit pas fait exactement comme elle l'entend? Répondre oui à la question, c'est mettre en échec la charge mentale. Répondre le contraire, c'est un non-sens qui mène à l'épuisement.

Un ouvrier avec qui je rénovais ma maison m'a répondu un jour, après que je lui ai dit : si j'étais toi, je ferais ça...

–« Daniel, si t'étais moi, tu ferais comme moi. Sinon, tiens, prends mon marteau ».

Bonne semaine!

Avril 2018

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