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Sylvie a été amadouée avec un party entre amis qui s'est transformé en prise d'otages.
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Getty Images/iStockphoto

Sylvie a de la peine. Elle vient de laisser son copain avec qui elle partageait sa vie depuis sept ans. Sept ans de belles photos sur Facebook. Sept ans d'amis jaloux de ses statuts amoureux et heureux. Elle jette ses souvenirs comme un dictateur fait du révisionnisme après un coup d'État. Elle reçoit soudainement un message d'une Américaine qu'elle ne connaît ni d'Ève ni d'Adam. « Bonjour, j'offre mes services de numérologie et de voyance pour vous aider à traverser la dure épreuve que vous vivez ». Sylvie est sans mots. Elle se met à paniquer et va fermer ses stores, tout en vérifiant si personne ne se cache dans ses garde-robes.

Elle trouvait ça bien rigolo qu'après avoir « googlé » les poêles d'une telle marque, de recevoir des offres de cette compagnie sur son réseau social. Elle se sent cuite soudainement. De plus en plus anxieuse, elle se met à regarder les conversations qu'elle a eues avec son Gino. Ouf! Elle avait vraiment bu ce soir-là, quand elle s'est prise pour une playmate en direct. Et quand son homme était parti pour le nord et qu'ils faisaient « la chose » à distance, tout est là : ses fantasmes, son imaginaire... Ah merde! Des vidéos!

Sylvie se calme en se disant que les conversations privées restent privées et que la non-confidentialité, c'est juste quand on magasine en ligne. Et, elle a magasiné tout ce qu'il y a de plus banal : ses capsules Nespresso, deux ou trois robes et... ah oui, ses traitements de cellulite, un psy pour la phobie des hauteurs et... ouin, une paire de menottes!

Pour se changer les idées, elle allume la télé. Ce sont les nouvelles. Cambridge Analytica aurait obtenu des renseignements personnels d'environ 50 millions d'utilisateurs Facebook pour influencer des campagnes électorales. Avec ses menottes en ligne, Sylvie se sent plus que jamais prisonnière politique. Elle réfléchit et se rend compte à quel point elle est traquée, à quel point elle a donné toutes ses informations publiques pour voir de quoi sa face aurait l'air avec une moustache ou bien pour savoir ce qu'elle ferait dans 25 ans. Ces biscuits – cookies – de mauvaise fortune l'ont mise à nu en ligne. Le web sait maintenant ce qui se passe dans sa tête et à l'aide d'algorithmes, prévoit maintenant chacun des pas de son portefeuille.

Le web sait maintenant ce qui se passe dans sa tête et à l'aide d'algorithmes, prévoit maintenant chacun des pas de son portefeuille.

Facebook ne l'a obligée à rien. Elle avait toujours le choix. En échange d'avoir tous ses amis sur une plateforme, en échange de ne plus se sentir seule et de pouvoir avoir un parc aux dimensions de son ego, elle a signé en bas, sans lire les conditions, sa dépendance sociale ayant brouillé son jugement. Elle vit un trip à trois avec Facebook depuis 2007. Le réseau ne participe pas aux ébats comme tels, mais filme et enregistre tout. Il est « informationphile » et semble partager sa perversion avec d'autres poches pleines comme lui.

Elle se sent trahie. On l'a amadouée avec un party entre amis qui s'est transformé en prise d'otages. Elle se sent divisée entre être atteinte du syndrome de Stockholm en ne se posant pas de questions ou simplement supprimer son compte.

Elle navigue sur sa page et au moment de cliquer sur supprimer... « Ah ouin! Cynthia est plus avec son mec? Y s'appelait comment donc? » se dit-elle, en se gavant des commentaires accompagnant le statut de sa pauvre amie, tout en épluchant l'album de photos du gars, se demandant si...

Bonne semaine!

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