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Grèce: pourquoi l'Allemagne se trompe lourdement

En 2012 j'avais déjà écrit sur mon blogue un billet sur la Grèce, en m'alarmant d'une possible sortie de ce pays de la zone euro. Trois ans plus tard, ma conviction est d'autant plus renforcée que l'Europe piétine et qu'elle ne répond plus à nos espérances passées
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En 2012 j'avais déjà écrit sur mon blog un billet sur la Grèce, en m'alarmant d'une possible sortie de ce pays de la zone européenne. Trois ans plus tard, ma conviction est d'autant plus renforcée que l'Europe piétine et qu'elle ne répond plus à nos espérances passées.

La Grèce mérite qu'on la regarde avec l'œil du présent, et non pas avec la mire du passé!

Un regard différent, car tous ceux qui sont allés à Athènes ces dernières années ont été frappés par la pauvreté croissante des Athéniens et la déshérence des jeunes, qui forment des groupes impressionnants de SDF dans les rues. Une jeunesse frappée par un taux de chômage de plus de 50 %, les meilleurs et les plus talentueux d'entre eux n'hésitant d'ailleurs plus à quitter le navire hellène. Le PIB grec a fondu de 25 % entre 2009 et 2014, passant de 287 milliards d'euros à 220 milliards d'euros. Par ailleurs, l'Unicef indique qu'aujourd'hui 40 % des enfants grecs sont en situation de pauvreté. En Grèce, comme dans d'autres pays européens -même si cela est moins visible- la réalité des faits est souvent plus mordante que la perception des choses!

Au-delà des chiffres dont nous sommes abreuvés au quotidien sur la croissance économique, l'inflation ou le chômage, nous ne mesurons que trop peu la portée sociale et humaine d'un tel drame économique. Un jeune qui n'a ni espérance, ni croyance, devient une cible facile pour ceux qui veulent plonger un pays dans le chaos et la révolution. Ne sous-estimons jamais ces risques, car seul celui qui a quelque chose à préserver garde raison et rationalité! Comment expliquer autrement la victoire écrasante de la coalition Syriza et de son leader Alexis Tsipras le 25 janvier 2015!

Un regard différent également, car les Grecs sont profondément européens et ils ont un regard amical et affectif pour la France qui les a toujours soutenus dans les moments difficiles. Attrait réciproque qui se manifeste par l'arrivée, massive à nouveau, des touristes français en Grèce, sans doute aidés par un effet d'éviction de l'Afrique du Nord (Tunisie, Maroc) au profit de l'Europe du Sud (Grèce, Italie, Espagne...). Ainsi fonctionnent les hommes aujourd'hui, qui « swappent » une destination contre une autre, tels les traders avec les devises!

Sans doute mes origines familiales (mes grands-parents paternels étaient grecs) expliquent-elles ma sensibilité particulière sur le sujet. Bien sûr, le laxisme et la fraude ont été dans leurs us et coutumes pendant des décennies. Mais, aujourd'hui, la situation s'est brutalement inversée. Les Grecs font des efforts surhumains pour s'en sortir, et notre devoir est de les aider. Ne faisons pas payer à la jeunesse grecque les errements de leurs ainés. L'Europe doit démontrer qu'elle est un gage de stabilité, de croissance et de paix. Elle doit former un bloc uni et homogène quand l'un de ses membres est en difficulté. En imposant des règles certes, et des contrôles bien sûr...

L'Europe, incapable d'agir rapidement et de manière coordonnée

L'exemple grec est malheureusement frappant de l'incapacité européenne à agir vite et de manière coordonnée, en restant toujours lucide sur la souffrance des peuples. Ceux qui raisonnent en purs technocrates en disant qu'une sortie de la Grèce ne poserait « techniquement » pas de problèmes majeurs n'ont rien compris.

Rien compris à la transformation accélérée du monde qui s'opère devant nous et qui a comme conséquence que chaque pays européen pris isolément est désormais une « nano puissance politique et économique ». En face de nous, nous avons désormais des « pays-continents » (Chine, É.-U., Inde...).

Rien compris, car le cas grec est peut-être le premier test réel de crédibilité pour l'Europe et son ambition de compter comme puissance mondiale. Rien compris, car ceux qui essaient de nous convaincre aujourd'hui que la sortie de la Grèce est un « non-sujet", vous diront demain que l'Europe peut aussi se passer du Royaume-Uni si le référendum anglais décide d'une sortie de la perfide Albion.

Ce sont dans les périodes difficiles que se forgent les grandes communautés!

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