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Philanthropie: qui s’occupe de nous?

Vers qui les DG peuvent-ils se tourner dans leurs doutes, alors qu’ils veulent demeurer forts devant leur conseil d’administration et leurs employés?
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10'000 Hours via Getty Images

Très tôt dans ma carrière, j'ai trouvé mon «X», soit celui de la philanthropie. J'ai rapidement pris conscience que je pouvais être utile à cet endroit bien plus qu'à un autre. Ce secteur, qui contribue d'ailleurs à la hauteur de 8,1% du PIB, n'a rien d'un petit joueur qui ne repose que sur la pensée magique.

Ce sont des femmes et des hommes qui font de leur quotidien une soif pour un lendemain meilleur, non pas pour eux, mais pour les personnes les plus vulnérables de la société. Notre rôle est noble et les missions que nous portons, par l'intermédiaire de nos organismes, nous nourrit, mais à quel prix... Et lorsque je parle de prix, je n'aborde pas l'objet du salaire.

Le réel prix est celui de la pression qu'on s'impose, du stress qui nous envahit petit à petit et qui en gruge plusieurs.

Voyez-vous, l'un des grands avantages de travailler en philanthropie est que nous sommes «collés sur la cause». Nous sommes souvent aux premières loges pour constater l'effet quasi miraculeux qu'un don peut avoir auprès d'une famille qui vit sous le seuil de la pauvreté, par exemple.

Nous savons tout aussi bien que si nous n'amassons pas suffisamment de dons, il y a aura des individus qui n'auront pas les moyens de couvrir leurs besoins d'hygiène. Bref, nous avons ce couteau à double tranchant qui nous motive à nous dépasser, mais qui nous démontre également les limites souvent atteintes, faute de financement.

Cette proximité à la cause, bien qu'elle contribue à notre bonheur, elle contribue aussi à notre malheur.

Et ce malheur, bien que nous soyons entourés d'une équipe et d'un conseil d'administration, nous le vivons généralement dans une immense solitude.

Et comme tout humain, nous faisons face à de nombreux doutes, mais également à des refus répétitifs (notamment en financement), à des histoires bouleversantes de nos donateurs et de nos bénéficiaires. Bref, nous encaissons tout continuellement, sans exutoire.

Alors qui s'occupe des DG dans le milieu philanthropique? Vers qui peuvent-ils se tourner dans leurs doutes, leurs angoisses, alors qu'ils veulent demeurer forts et droits devant leur conseil d'administration et leurs employés? Quand peuvent-ils évacuer cette pression qu'ils se donnent?

On parle de santé mentale comme jamais, et notamment avec la journée Bell Cause pour la cause qui aura lieu le 30 janvier. Mais il est peut-être temps de causer sur ceux qui font de leur quotidien une quête pour un avenir meilleur pour les autres.

Ne vous y méprenez pas, il ne s'agit pas d'une longue plainte ou de jouer à la victime. Loin de là. Mais la question se pose et elle mérite d'être entendue et de trouver réponse: qui s'occupe de nous alors qu'on s'occupe constamment des autres?

Lors d'un récent congrès à Toronto, plusieurs professionnels du secteur proposaient une Charte. Bien qu'il en existe une pour protéger les droits du donateur, rien de tel n'est en place pour les spécialistes en philanthropie. Une idée pas bête du tout qui mérite que l'on s'y attarde.

Ensemble, assurons-nous de contribuer à faire de notre métier le plus honorable et le plus beau du monde.

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