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Le «mystère Québec»?

On invoque souvent le mystère pour qualifier la qualité de vie et le bas taux de chômage de Québec et sa région, malgré les soubresauts économiques récents.
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On invoque souvent le mystère pour qualifier la qualité de vie et le bas taux de chômage de Québec et sa région, malgré les soubresauts économiques récents.

Ce succès est moins un mystère que le résultat d'une vision de ses leaders qui, dès les années 80, affrontaient une énigme : l'économie du XXIe siècle se construirait-elle sur le savoir et des avancées technologiques jamais vues? Si oui, on devait se décoller le nez du turf local pour viser un calibre mondial.

Plusieurs entreprises devaient s'internationaliser et des leaders universitaires, investisseurs et gouvernementaux imaginèrent un parc technologique pour incuber les start-ups de scientifiques-entrepreneurs qui ont essaimé partout en ville depuis.

Le mystère était encore loin devant eux, mais déjà, l'économie du XXIe siècle se pointait.

Dès 1989, le Mur de Berlin s'écrase sur l'économie centralisée soviétique. La voie s'ouvre à une économie de libre marché multilatéral. La mondialisation remplace le système bilatéral qui divisait le monde en deux blocs de pays alignés et en Guerre froide - l'URSS et l'Occident. Elle intègre, par delà les frontières, le capital, la technologie et l'information, vers la création d'un marché pour un village planétaire. Le phénomène trace les contours du XXIe siècle.

En 1989, la révolution technologique anticipée est déjà en cours : Internet apparaît dans le grand public. L'économie se construit effectivement sur le savoir, l'innovation et des technologies capables de produire et transférer des données, biens, services et capitaux partout autour du globe.

L'éducation postsecondaire devient un actif à très haute valeur ajoutée.

Paradoxalement, l'atout des frais de scolarité très bas du Québec est boycotté par des quidams à carré rouge-bolchevik qui, par so-so-solidarité (sic), occultent sciemment l'analphabétisme latent, le taux endémique de diplomation, et les sommets de décrochage scolaire qui bloquent à notre jeune relève l'accès à un monde qui, construit sur le savoir, se virtualise à toute volée.

Or tout ce qui peut être virtualisé ou numérisé peut aussi être délocalisé et sous-traité : des plans et devis jusqu'à des chaînes de montage complètes s'envolent avec leurs emplois moins qualifiés.

Mobiles, flexibles et indifférents aux frontières, les FedEx, Walmart, Dell et Google accélèrent les mutations technologiques et génèrent leurs revenus avec un personnel qualifié, souvent asiatique. De 45% à 80% des affaires de Coca-Cola à Apple, roulent hors des États-Unis. Nos iPhones contenant 90% de pièces fabriquées hors d'Amérique du Nord : semi-conducteurs d'Allemagne et de Taiwan ; puces d'Europe ; métaux rares d'Afrique et d'Asie, sont assemblés ailleurs qu'ici.

Cette économie génère quelque 3 milliards de nouveaux capitalistes partageant une idée fixe : atteindre notre niveau et qualité de vie, soit comme concurrents, partenaires ou marchés potentiels. Les régions émergentes atteignent rapidement des standards de qualité (benchmarks) hyper élevés, même en haute technologie. L'Asie investit massivement en éducation et ses gradués surclassent nos secteurs économiques les plus confortables et indifférents.

Dans cette ère post-américaine, le pouvoir économique multipolaire dérive vers la Chine, l'Inde et les tigres asiatiques : Hong Kong, Singapour, Taiwan et la Corée du Sud. L'Asie devient ce que les États-Unis ont été durant 40 ans. La classe moyenne américaine doute par moment du rêve américain, un doute qui migre ici malgré nos défenses naturelles historiques : frontières, langue, culture, religion, hiver... et châteaux de chartes. Les frontières qu'on ignore ne protègent plus grand-chose...

Les classements mondiaux accueillent de nouveaux pays selon leurs capacités concurrentielles, dont le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les Onze prochains (Bangladesh, Corée du Sud, Égypte, Iran, Mexique, Nigéria, Pakistan, Philippines, Turquie, Viêt Nam).

L'économie croît en réseaux planétaires tant privés (Dell, Airbus, Google, Apple) que publics (ALENA, UE, APEC, etc.) qui accélèrent la mobilité transfrontalière des personnes avec leurs emplois et talents scientifiques, technologiques, interculturels et linguistiques.

Régions, entreprises et universités - conscientes d'être condamnées à innover en continu pour s'adapter à une économie du savoir partie au galop - s'internationalisent à tout berzingue pour recruter et conserver ces travailleurs du savoir - chercheurs, étudiants, techniciens, geeks, etc. - pour qui la mobilité internationale devient un passage obligé et l'anglais, la nouvelle lingua franca.

Les emplois intéressants, décemment rémunérés et à l'abri des sous-traitances, deviennent complexes et intelligents, faisant appel à plusieurs types connaissances et savoir-faire académiques, linguistiques et interculturels.

N'en déplaise aux quidams de l'ignoramus, l'éducation a un prix : du b.a.-ba élémentaire à la R&D universitaire.

Pour peu qu'on y investisse conjointement sa juste part individuelle et d'État, l'éducation demeure la clé maîtresse d'ouverture aux atouts de la mondialisation et de protection contre ses fléaux.

Nous revoilà devant le même «mystère Québec» qu'en 80. Comment continuer de prospérer au XXIe siècle : flamber du fisc à bricoler un éléphamphithéâtre nordique ou un Stade olympique; ou investir en éducation entrepreneuriale ?

Pour les leaders d'aujourd'hui, le mystère reste entier...

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