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Petite chronique cubaine (première partie)

L’accès à internet est toujours un peu alambiqué à Cuba en 2018, surtout si vous n’habitez pas un « todo incluido » ou un hôtel.
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7h45 du matin, une rue de Centro Habana. Les enfants se rendent à l’école, souvent accompagnés d’un parent. Les adultes se dirigent vers leur travail en s’arrêtant prendre un petit café cubain très sucré (à droite).
Daniel Bellemare
7h45 du matin, une rue de Centro Habana. Les enfants se rendent à l’école, souvent accompagnés d’un parent. Les adultes se dirigent vers leur travail en s’arrêtant prendre un petit café cubain très sucré (à droite).

Aéroport international José Marti, Havane, Cuba

Les réservations internet sont parfois de véritables boîtes de Pandore.

On attend notre taxi à l'aéroport José Marti depuis plus d'une heure comme deux belles nouilles. Avec la réservation garantie de notre condo, deux chambres, deuxième étage, vue sur la ville, terrasse privée, nous avons retenu également notre taxi sur le même site. Le trajet de l'aéroport Jose Marti à notre condo à Centro Habana nous coûte 30 $ CUC (monnaie nationale touristique cubaine d'un système monétaire schizophrénique équivalent plus ou moins à 30 $ dollars américains). Nous sommes certains, que dis-je, avons une certitude d'inspiration papale, d'avoir fait le choix éclairé avant de réaliser que tous les autres passagers de notre vol se sont volatilisés depuis belle lurette, nous laissant à notre état de pâte molle en devenir. Rendus finalement à notre condo dans Centro Habana, notre hôte nous annonce dare-dare que notre cher condo garanti n'est plus disponible. En fait, nous apprendrons plus tard qu'il n'existe plus depuis plusieurs années. Nous aurons donc à notre disposition deux chambres au rez-de-chaussée, sans fenêtre extérieure, embaumant l'insecticide et certains effluves intermittents non-identifiés provenant des latrines, sans terrasse privée, mais audacieusement meublé d'un style simili néo-espagnol.

Joaquin

Grand échalas ébène, adossé négligemment à la façade de la maison, Joaquin fait mine de ne pas nous regarder. Timide, mais curieux, il répond d'abord mollement à nos salutations. Il faut dire que la noirceur et la moiteur légère de la soirée havanaise prédisposent à une douce apathie. Joaquin, 18 ans, étudiant préuniversitaire, se dirige professionnellement vers l'enseignement au secondaire. Il se dégèle au fil des échanges, nous confiant que son père, sa mère et sa sœur oeuvrent dans l'enseignement. Le chemin est tracé.

Malheureusement, il nous fuira les jours suivants. À partir du moment où on fera la demande de rencontrer sa famille, Joaquin deviendra invisible dans le quartier. Ses parents ne veulent pas d'ennuis avec les autorités et se méfient de nous. L'état cubain étant en état de siège quasi permanent, dû entre autres au blocus américain, supporte très mal la critique de ses commettants.

Internet à Cuba en 2018

L'accès à internet est toujours un peu alambiqué à Cuba en 2018, surtout si vous n'habitez pas un « todo incluido » ou un hôtel. En fait, en dehors de ces lieux, toute l'opération est un test de résistance nerveuse effectué par le bienveillant gouvernement cubain sur l'innocent.

Vous devez d'abord vous procurer une carte internet au coût de 2 $ CUC (la monnaie touristique cubaine singeant la valeur du billet vert états-uniens). Cette carte, donnant droit à 60 minutes de connexion internet, s'achète dans un ETECSA, ce qui signifie selon moi « Attends dehors au soleil en ligne, mon Minou, peut-être qu'on t'en vendra une aujourd'hui, peut-être...» L'aphorisme célèbre du photographe François Lafrance « Un plaisir repoussé est une jouissante assurée » devient alors une réalité presque de chair et de sang.

Il est aussi possible de se procurer la même maudite carte légèrement majorée à 3 $ CUC, sur un marché secondaire chez l'autochtone ne répondant pas du tout, lui, au surnom de Minou. Pour complexifier un peu l'ensemble de la procédure, aucun Cubain ne pourra réellement vous fournir d'indications précises et fiables sur l'emplacement exact de l'autochtone non-minou dépositaire des dites maudites cartes internet. Cela dit, la majorité des locaux interrogés vous indiquent quand même une direction à prendre. Le Cubain moyen n'aime pas décevoir le touriste et encore moins manifester son ignorance à l'étranger.

Une fois le mystère de l'emplacement du vendeur secondaire résolu, en circulant et à posant à mille personnes la question vitale « Où peut-on acheter la maudite carte internet? », il ne restera plus qu'à repérer un parc havanais où l'accès à une connexion sans-fil est possible. Comment peut-on reconnaître un tel endroit? La photo suivante vous donne un indice...

À la Havane, il est peu fréquent de voir en pleine rue quelqu'un consulter son cellulaire, à moins qu'il fasse ou reçoive un appel. L'accès à internet dans la ville est limité à certains parcs et quelques places publiques. En dehors de ces secteurs, internet est inaccessible.
Daniel Bellemare
À la Havane, il est peu fréquent de voir en pleine rue quelqu'un consulter son cellulaire, à moins qu'il fasse ou reçoive un appel. L'accès à internet dans la ville est limité à certains parcs et quelques places publiques. En dehors de ces secteurs, internet est inaccessible.
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