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Stress et stress post-traumatique

SANTÉ - Le stress fait partie de notre quotidien. Notion très employée pour décrire des états de tensions intérieures ou avec ses congénères, la conséquence des insatisfactions et frustrations diverses, le stress est un réel problème de santé publique.
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SANTÉ - Le stress fait partie de notre quotidien. Notion très employée pour décrire des états de tensions intérieures ou avec ses congénères, la conséquence des insatisfactions et frustrations diverses, le stress est un réel problème de santé publique.

Actuellement, le stress atteint non seulement une grande majorité des personnes au travail, mais aussi des enfants, des adolescents et des personnes âgées. Selon l'American Institute of Stress, ce problème est à l'origine de 75 à 90% des nouvelles consultations médicales et de 60 à 80% des accidents de travail.

Le Syndrome d'Adaptation Générale

C'est Hans Selye qui a décrit en 1926 le Syndrome d'Adaptation Générale afin de regrouper les changements qui ont lieu dans l'organisme comme réactions au stress. Les trois étapes du syndrome sont:

  1. La réaction d'alerte: face aux facteurs de stress physiques ou psychiques, l'organisme réagit par des réactions aptes à combattre ce stress. Ces réactions participent à l'élaboration d'une stratégie d'ajustement.
  2. La résistance: si l'état général de santé est normal, l'adaptation au stress est adéquate. Ainsi, le développement de cette stratégie génère une maîtrise de la situation afin d'aboutir à un nouvel équilibre.
  3. L'épuisement: lorsque la réaction au stress excède les ressources du sujet, qu'il n'y a plus de réponse possible, on parle d'une phase de rupture. On répertorie des réactions émotionnelles immédiates (état d'hébétude, une incapacité à intégrer des stimuli et une désorientation), des réactions de stress aiguë marquée par un retrait par rapport à l'environnement, voire une inhibition anxieuse massive ou une agitation avec hyperactivité (ces symptômes apparaissent habituellement dans les minutes qui suivent la survenue de l'agent stressant, et disparaissent souvent en quelques heures), des réactions émotionnelles différées (troubles anxiophobiques, états dépressifs).

En cas de défaillance des réactions adaptatives, il apparaît un état caractérisé par Selye comme "maladie de l'adaptation" (Adaptive Disorder).

Le Syndrome de Stress Post-Traumatique (PTSD)

Si les situations traumatiques (accident grave, mort violente, viol, agression, maladie grave, guerre, attentat), ne sont pas considérées et prises en charge très rapidement, on voit apparaître, comme réponse retardée, une des complications majeures qui est le l'Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) ou le PTSD (Post Traumatic Stress Disorder). Les symptômes typiques comprennent la reviviscence répétée de l'événement, des souvenirs envahissants, des rêves ou des cauchemars.

Dans l'historique du concept de PTSD on note, vers la fin du XIXe siècle, la notion de névrose traumatique, mais les manifestations typiques vont attirer l'attention des psychiatres militaires suite à la première et deuxième guerre mondiale.

Les premiers écrits sont déjà axés sur les conséquences psycho-somatiques (manifestations psychiques intriquées avec des manifestations cardio-vasculaires, avec beaucoup de parallèle avec les états de choc et prostration décrits déjà vers la fin du XVIIe siècles chez les rescapés des champs de bataille).

Les études les plus pertinentes apparaissent après la guerre du Vietnam, les psychiatres militaires américains ayant constaté chez les soldats de retour beaucoup de troubles d'adaptation, des manifestations violentes, des difficultés relationnelles importantes. Le suivi de ces soldats dans les Veterans Hospitals a mis en évidence le triptyque classique du PTSD (reviviscence du traumatisme, conduite d'évitement et irritabilité) en lien avec leur vécu de guerre.

Les études ont ainsi confirmé la réalité du PTSD chez les victimes de violences conjugales, des viols, chez les enfants maltraités et chez les victimes d'attentats.

Usage de drogues et PTSD

Plusieurs études nord-américains se penchent sur la théorie traumatogène de la pharmacodépendance -addiction chez les anciens combattants qui développent et maintiennent après la fin des combats une dépendance aux drogues dures, cette dépendance étant considérée comme une manière adaptative face au PTSD. Les auteurs soulignent que beaucoup d'anciens combattants du Vietnam essaient d'échapper à l'anxiété chronique, à l'insomnie et aux cauchemars qui caractérisent le PTSD par une automédication en utilisant l'alcool et les drogues. Les substances psychoactives sont utilisées afin d'atténuer les effets de l'émoussement émotionnel, du sentiment d'affliction et l'auto-culpabilité déchirante, mais sont aussi employées contre les états dépressifs et les crises existentielles.

Toutefois, constat que nous réalisons aussi dans les consultations quotidiennes, l'usage de drogues n'atténue pas les souvenirs, les sentiments de honte et de culpabilité. De même l'usage de drogues augmente les sentiments de désespoir et de culpabilité et n'améliore pas l'estime de soi.

Un autre constat important est l'absence de corrélation entre l'intensité des combats et des situations vécues sur le front et l'interaction PTSD - usage de drogues (certaines personnes qui n'avaient pas participé aux combats -personnels de bureau, d'état major- peuvent présenter des signes plus marqués que les membres de commandos par exemple: c'est la théorie des victimes directes et victimes indirectes).

L'imaginaire nord-américain regorge des références à cette situation. Dans le premier Rambo, on assiste à la difficulté de retour à la normale pour ces soldats, qui arrivent des théâtres de guerre avec l'illusion d'être accueilli comme des héros, mais qui se trouvent confrontés à un accueil hostile, imprégné des images d'horreurs pratiquées sur les civils nord-vietnamiens. Beaucoup de ces soldats, ont plongé dans la dépression et beaucoup se sont réfugiés dans l'automédication. L'automédication s'inscrit dans ces conditions dans le cadre des stratégies d'adaptation, de faire face (to cope en anglais) que nous appelons le coping.

Stress au travail: le Burn-Out

Un aspect important du stress est le stress professionnel. Le surmenage et les déséquilibres inhérents au stress sont la cause du syndrome de "burn-out - fatigue professionnelle" ou le "karoshi" des japonais.

On décrit ce phénomène relativement récent chez des travailleurs complètement épuisés, ayant souvent recours à des substances psychostimulantes (licites comme les antidépresseurs ou illicites comme la cocaïne), personnes qui ont fait de l'excellence au travail un véritable credo. Les travailleurs pathologiques, les "workaholics - ergomanes" sont aussi victimes du burn-out.

Comment gérer le stress?

Les techniques de gestion de stress sont nombreuses. L'organisme tend à gérer le stress en adoptant différentes attitudes d'adaptation. Le plus important dans les situations de stress aigu reste la prise en charge avec des techniques rapides de defusing (permettent de réintégrer la victime dans la réalité et l'émergence des paroles enfouis) et debrifing (Critical Incident Stress Debriefing -permettent la consolidation du Moi du sujet, la mise à distance des phénomènes régressives et d'aliénation de la part de ces victimes) qui facilitent l'expression libre, fluide et sécuritaire des sentiments, la restauration du sentiment de maîtrise de sa vie, la correction de la culpabilité, la restauration de la confiance en soi et dans le futur (Monahon).

La prise en charge du stress: une nécessité

La prise en charge est d'ordre psychothérapeutique (psychanalyse, techniques cognitivo-comportementalistes, techniques de gestion du stress - sophrologie et EMDR) ou des prescriptions médicamenteuses adaptées (anxiolytiques, antidépresseurs).

Un autre aspect très important, qui souligne la nécessité d'une pris en charge rapide et attentive est l'existence des manifestations transgénérationnelles (la transmission du vécu traumatique avec le côté réducteur de l'identité de Soi, avec des manifestations typiques d'évitement et d'irritabilité) chez les descendants de ces victimes, parfois même à la seconde génération (l'étude de Rachel Yehuda sur le vécu PTSD chez les petits enfants des survivants de la Shoah).

Pour finir, on estime à plus de 500.000 soldats américains déployés en Afghanistan et en Irak depuis 2001 souffrant de syndrome de stress post-traumatique. A ce titre les autorités américaines constatent qu'il y a davantage de victimes par suicide d'anciens combattants, que de combattants tués au combat en raison de cet état de stress post-traumatique. Plus de 20% des soldats revenant d'Irak et d'Afghanistan souffrent de SSPT, selon le Département Américain de la Défense.

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