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Oui à la taxe sur les boissons sucrées

Dans son texte s'opposant à la taxation des boissons sucrées, Carl Vallée, de la Fédération canadienne des contribuables, avance plusieurs affirmations partielles qui méritent des réponses.
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Réponse au blogue Non à la taxe sur les boissons sucrées, de Carl Vallée, directeur Québec à la Fédération canadienne des contribuables

Dans son texte sur la taxation des boissons sucrées, Carl Vallée avance plusieurs affirmations partielles qui méritent des réponses. D'entrée de jeu, il sous-entend que la Coalition Poids (ça, c'est nous), cherche à « punir ces Québécois qui n'ont pas entendu ou tenu compte de [son] message. Ne savent-ils pas que le sucre, consommé en trop grande quantité, est mauvais pour la santé? ». Ne sait-il pas, qu'au-delà de la connaissance d'un méfait pour la santé, le marketing de l'industrie a une influence sur la consommation et l'achat d'un produit? Dans le cas des boissons sucrées, souvent moins chères que l'eau ou le lait, les bas prix et les rabais répétés sont des outils marketing efficaces. L'augmentation du prix de ces produits non-essentiels de 10 à 20% par une taxe permet de réduire leur attrait pour le consommateur et d'envoyer un signal clair sur l'importance d'en diminuer la consommation. Qui plus est, notre proposition offre un retour au contribuable puisque la taxation suggérée est intimement liée à un réinvestissement des revenus en prévention de l'obésité et des maladies chroniques, dont l'accès aux aliments sains.

Si la protection de l'argent du contribuable est au cœur des préoccupations de la Fédération canadienne des contribuables, elle valorisera certainement l'investissement massif en prévention, sachant que chaque dollar investi pour prévenir des maladies graves, invalidantes et évitables, permet d'épargner 5$ en coût de santé. Qui paye les coûts de santé? Les contribuables. Ne pas agir de manière plus costaude pour prévenir les maladies évitables, tout en ayant ce pouvoir, revient à taxer fortement les citoyens. L'Institut national de santé publique du Québec chiffre les coûts de l'obésité des adultes et de ses conséquences à 3 milliards de dollars par année. Près d'un adulte québécois sur cinq est obèse et plus de la moitié fait de l'embonpoint. La problématique est collective, d'où la nécessité d'une gamme de mesures collectives, incluant une taxe sur les boissons sucrées.

La littérature scientifique identifie la consommation régulière de boissons sucrées comme étant la seule pratique alimentaire constamment associée à l'obésité infantile. Les boissons sucrées, en plus d'être des calories vides ne rassasiant pas, sont associées au diabète de type 2, à la carie dentaire et aux maladies cardiovasculaires. Même si elle est répétée, l'information sur les conséquences néfastes de ces produits a des limites puisqu'ils sont toujours largement consommés. L'Institut de la statistique du Québec rapportait récemment que près du quart des jeunes de 15-24 ans consomment au moins une boisson sucrée par jour. Aucun produit consommé quotidiennement par un grand nombre de Québécois de tous âges ne contient autant de sucre ni est reconnu aussi néfaste : c'est la raison pour laquelle cette seule catégorie est actuellement ciblée par une taxe. Voilà la logique que suivent la Coalition Poids et plusieurs autres organisations réclamant une taxe sur les boissons sucrées.

M. Vallée s'interroge sur l'efficacité de la taxe sur la réduction de l'obésité et réclame l'examen des faits. En récupérant un argument répété ad nauseam par l'industrie des boissons sucrées, la réponse qu'il soumet est pourtant décevante : « Comment expliquer que l'obésité continue de croître si les ventes de boissons gazeuses déclinent? » Pourquoi isole-t-il les boissons gazeuses des boissons sucrées? Si la vente de boissons gazeuses a bien diminuée, l'industrie a depuis grandement diversifié ses produits, en proposant cocktails de fruits, thés glacés, boissons dites sportives et énergisantes, etc. La demande s'est déplacée et les ventes se portent très bien. À preuve, un adulte sur cinq boit au moins une boisson sucrée chaque jour. Il ne s'agit donc pas d'une « contradiction ».

En citant l'exemple danois, l'auteur omet de préciser aux lecteurs que cette taxe ne s'appliquait pas uniquement sur les boissons sucrées, mais aussi aux gras saturés (incluant les produits laitiers et la viande) et à une panoplie de produits domestiques comme les batteries. En soi, cet oubli masque le fait que notre proposition et « LA » taxe danoise ne visent pas du tout la même chose, n'ont pas les mêmes effets et ne peuvent être comparées. Soulignons aussi que M. Vallée n'a pas pris en compte tous les autres endroits qui ont taxé les boissons sucrées avec des retombées positives, dont la France, le Mexique, Berkeley, Philadelphie et, suite au scrutin du 8 novembre, quatre autres villes américaines. Jusqu'à présent, les données sur l'efficacité de la mesure pour réduire la consommation de ces produits sont pourtant très encourageantes! Et les revenus générés dans plusieurs de ces juridictions permettent de soutenir des activités de prévention.

Enfin, la Coalition Poids n'a jamais prétendu qu'une taxe sur les boissons sucrées allait à elle seule régler la problématique de l'obésité. Les boissons sucrées sont visées parce que la science les identifie comme un important contributeur à l'obésité et à de graves maladies chroniques et qu'elles sont fortement promues par l'industrie.

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