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En direct d'une zone de conflit: un pays à bout de souffle

Tentez seulement d'imaginer, si vous le pouvez, que le tiers de la population du Canada ait désespérément besoin d'aide.
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Lors de mon dernier passage dans les zones de conflit en Syrie et dans les pays voisins submergés par le flot de personnes en quête de refuge, une mère syrienne dans un camp de réfugiés a tenté de me confier sa petite fille malade, poussée par le désespoir. Elle voulait que j'emmène sa fille au Canada afin qu'elle puisse y être soignée.

Ce jour-là, j'ai été témoin d'une misère et d'une détresse que personne ne devrait avoir à subir. Tout ce que j'ai pu faire, c'est trouver de l'aide sur place pour la petite fille. Malheureusement, je crains d'être témoin d'encore bien pire que les supplications de cette mère lors de ma prochaine visite dans la région.

Deux ans se sont écoulés depuis cette rencontre, et la situation ne s'est guère améliorée. Même si un certain nombre de Syriens, y compris les 25000 qui ont récemment été accueillis au Canada, ont réussi à trouver un semblant de paix, la triste vérité est que des millions d'autres vivent encore dans la souffrance et la faim, avec la peur de mourir.

Tentez seulement d'imaginer, si vous le pouvez, que le tiers de la population du Canada ait désespérément besoin d'aide. Les faits sont terriblement éloquents.

Depuis cinq longues années, la guerre déchire la Syrie et contraint des milliers de familles à fuir vers des pays étrangers, et il n'y a toujours aucun répit en vue pour la majorité des Syriens. Aujourd'hui, un pays reconnu pour ses royaumes et ses empires historiques est à bout de souffle. Son peuple est en fuite ou trouve la mort sur des plages isolées. Il se réfugie dans des maisons de fortune sans accès à des soins médicaux adéquats, ou entreprend un long périple dans des conditions difficiles et imprévisibles. Les organisations humanitaires et les gouvernements multiplient les efforts pour aider les réfugiés, dont le nombre ne cesse de croître. Les ressources sont simplement insuffisantes pour répondre à une crise de cette ampleur. Nous ne pouvons fermer les yeux sur le fait que la majorité des personnes qui ont besoin d'aide tentent toujours de survivre dans une Syrie ravagée par la guerre.

Les statistiques peuvent parfois déshumaniser et masquer la dure réalité. Lorsqu'on entend, par exemple, que le conflit a déjà fait plus de 250 000 morts et un million de blessés, il se peut qu'on ne veuille pas reconnaître dans ces chiffres des mères, des enfants, des grands-parents et des jeunes remplis de promesses. Il est normal de ne pas vouloir affronter une réalité si douloureuse.

Refuser de voir la réalité derrière ces statistiques comporte de trop grands risques. Treize millions de personnes, dont cinq millions d'enfants, ont toujours besoin de notre aide en Syrie, en ce moment même. Dans certaines régions, des familles tentent de survivre dans des sous-sols, au milieu des décombres de quartiers rasés par les combats. Il n'y a pas d'électricité, pas d'accès à de l'eau potable, et peu de nourriture, d'essence ou de soins de santé de base. Des personnes meurent dans d'atroces souffrances en raison de maladies et de blessures normalement curables ou guérissables. Il va sans dire que les récentes scènes de famine dans des régions comme Madaya dépassent l'entendement.

Et pourtant, le conflit s'intensifie. À mesure que la guerre prend de l'ampleur, il est tout simplement inacceptable qu'un accès à l'aide humanitaire ne soit pas garanti pour la population qui vit toujours en Syrie. Le personnel de santé qui se porte volontaire pour traiter les malades et les blessés et les travailleurs humanitaires qui apportent de la nourriture, de l'eau et d'autres articles essentiels ne sont pas toujours autorisés à venir en aide à la population. Des établissements de santé sont bombardés et détruits. Plus de 60 employés et bénévoles de la Croix-Rouge ont trouvé la mort dans ce conflit. Ces pratiques cruelles doivent cesser. L'aide humanitaire ne devrait pas servir de monnaie d'échange dans les négociations politiques, et un accès rapide, sécuritaire et inconditionnel aux personnes dans le besoin devrait être assuré.

Nous devons tout simplement mettre fin à la situation désastreuse en Syrie. Trop, c'est trop. Nous devons accorder la priorité aux personnes dans le besoin, de sorte à trouver des solutions. Chacun de nous peut trouver une façon de soutenir la population syrienne.

Vous vous demandez sans doute comment une personne peut arriver à changer les choses dans des circonstances aussi accablantes. De nombreux Canadiens sont en ce moment à pied d'œuvre pour aider les réfugiés récemment arrivés au Canada tandis que le gouvernement mène à bien son plan d'accueillir 25 000 réfugiés et termine son programme de jumelage des dons versés aux campagnes d'aide humanitaire connexes.

En ce qui me concerne, j'ai l'intention de profiter de mon prochain passage dans la région pour attirer l'attention sur la crise et renforcer l'aide que nous apportons. Je souhaite continuer à sensibiliser la population. Je le fais parce que je crois fermement que chacun d'entre nous, à sa façon, peut faire quelque chose pour aider.

C'est ce que nous appelons l'impératif humanitaire. Cela signifie que nous devons croire en la compassion de chacun et continuer de déployer des efforts pour sauver des vies, et ce, même lorsque le défi semble insurmontable.

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