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Philippe Couillard joue d'audace

Plus qu'un brassage de cartes, sa dernièreconstitue la première étape concrète en vue de l'élection générale d'octobre 2018.
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Philippe Couillard nous étonne encore. D'abord par son audace, ensuite par sa loyauté envers ses amis et alliés et enfin par les leçons qu'il a tirées de ses deux premières années de pouvoir.

Le conseil des ministres assermenté ce matin en est la plus récente manifestation. Audacieux par son importance même. Plus qu'un brassage de cartes, sa dernière concoction constitue la première étape concrète en vue de l'élection générale d'octobre 2018.

À moins de gaffes majeures (toujours possibles comme l'a démontré François Blais, pour ne citer que cet exemple) ou de morts subites, les ministres nommés ou confirmés aujourd'hui seront ceux qui monteront au front. Notre premier ministre, on le savait déjà, est loyal envers ses amis, envers ceux qui l'ont aidé à parvenir au sommet et qui l'aideront à s'y maintenir, si besoin était. La promotion de Sam Hamad et le retour de Julie Boulet doivent être vus dans cette perspective.

Le premier ministre a été déçu de la performance de certains, agréablement surpris du rendement de ceux qu'il considérait ses piliers et conforté dans l'opinion qu'il s'était fait de l'apport de quelques autres. Son remaniement porte la marque de toutes ces constatations.

En somme, un remaniement qui récompense la performance et sanctionne l'échec en nous laissant en présence d'une équipe plus forte et mieux distribuée que la précédente.

Dominique Anglade, dont la carrière a été jusqu'à maintenant plus remarquable par ses changements de cap que par ses réalisations, trouvera enfin plus de stabilité dans une fonction difficile dont le défi est à la mesure de son ambition. Pas certain cependant, qu'elle soit la bonne personne à la bonne place. Elle doit chausser de bien grosses bottes, Jacques Daoust, dont l'expérience passée pouvait constituer une garantie de succès, y a échoué.

Pierre Moreau, solide, intelligent, fiable, doté d'un flair politique remarquable, aura l'occasion d'exprimer tout son talent à l'Éducation. Le ministère en a bien besoin après les mois terribles vécus sous la direction d'Yves Bolduc et de François Blais, fort justement rétrogradé dans ses anciennes fonctions moins visibles et moins délicates. Avec monsieur Moreau, le premier ministre répare ses erreurs de jugement et reconnait l'importance de celui qui s'est rapidement imposé comme numéro deux de son gouvernement.

La nomination de Martin Coiteux, un dur de dur, aux Affaires municipales et à la Sécurité publique assure la fusion prochaine des deux entités en un ministère de l'Intérieur. Voilà qui est bienvenu. Aux Affaires municipales, le ministre devra rapidement développer un sens politique aigu face au tandem Coderre-Labeaume et au dynamisme nouveau de l'UMQ. On ne gère pas les maires comme on gère les fonctionnaires ni même ses collègues du conseil des ministres. S'agissant de Montréal, notre maire omniprésent devra se méfier des eaux qui dorment. Monsieur Coiteux est opiniâtre et selon plusieurs qui ont goûté à sa médecine, redoutable de finesse sous des dehors plutôt froids.

Le retour de madame Julie Boulet constitue tant un énorme camouflet à la commission Charbonneau que l'assurance que la région trifluvienne retrouvera rapidement son influence au conseil. Excellente ministre des Transports avec qui j'ai pris grand plaisir à travailler alors que je présidais le conseil d'administration de la STM, cette dernière pourrait se révéler une alliée utile pour le nouveau ministre des Transports, Jacques Daoust, victime de ses mauvaises relations avec fonctionnaires et collègues.

Victime surtout de son incapacité à livrer une politique économique originale qui soit autre chose que le saupoudrage de subventions. Il lui faudra maintenant descendre des hauteurs dans lesquelles il s'est réfugié depuis avril 2014 et bagarrer ferme dans une arène hautement politique. À ce chapitre, sa nomination peut étonner. À la réflexion, il est vrai que le premier ministre ne pouvait laisser tomber complètement un membre important de son équipe de la dernière campagne électorale.

Sam Hamad, un fidèle parmi les fidèles, se voit récompensé du Conseil du Trésor. Étonnante à première vue, cette nomination consolide sa position politique. Sa vaste expérience et l'appui inconditionnel de son premier ministre constitueront de précieux atouts dans ce poste difficile où l'on ne se fait pas beaucoup d'amis. Monsieur Hamad prendra sans doute le temps de peaufiner sa connaissance des adages et des phrases toutes faites...

Des fonctions ministérielles plus légères et protocolaires importantes permettront à la vice-première ministre Lise Thériault de poursuivre son apport précieux à ses collègues du conseil et aux membres de son caucus parlementaire. Madame Thériault méritait amplement de garder sa place au Saint des Saints.

Que dire des rétrogradations de François Blais, Robert Poéti et Jean-Denis Girard, sinon que dans chaque cas, elles étaient amplement méritées. Monsieur Blais, et je suis généreux, a été un piètre ministre de l'Éducation et son maintien au conseil doit être porté au nombre des surprises. Robert Poéti n'a pas su reconnaître que le politique était autre chose que la livraison, jour après jour, de «lignes» toutes faites et de jugements à l'emporte-pièce lancés du haut de sa grandeur ministérielle.

Le maintien dans leurs fonctions de Pierre Arcand aux richesses naturelles (sans doute un peu déçu) et d'Hélène David à la culture, tous deux très respectés dans leur milieu est une bonne chose. Comme l'est évidemment celle du leader parlementaire, politicien aguerri et joueur d'équipe respecté, l'excellent Jean-Marc Fournier. J'ignore comment David Heurtel (dont le soupir de soulagement a été entendu partout au Québec) a pu échapper au couperet qu'il méritait, à mon avis, tout autant que messieurs Blais et Poéti.

La nomination de Sébastien Proulx, autre nouveau issu des élections partielles et l'un des bons politiciens de sa génération, fera très certainement des envieux chez ceux qui ont fait la bataille d'avril 2014. Jamais facile de voir l'autre passer devant soi. Mais telle est la dure réalité de la politique, à laquelle, fort heureusement pour eux, auront échappé Rita de Santis (qu'aucun journaliste n'a vu venir) et Luc Fortin.

Personne ne se surprendra du maintien en fonction de messieurs Barette et Laitao, deux piliers qui ont su, chacun à leur façon, livrer la marchandise et dont le premier ministre ne saurait, avec raison, se passer.

En somme, un remaniement qui surprend par son audace et surtout qui semble placer les bonnes personnes aux bons endroits.

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