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Rien de moins qu'un effort collectif

Que nos fonctionnaires ne se fassent pas d'illusion: ils devront participer à l'effort collectif, rattrapage ou pas. Nos médecins aussi en étalant leur juteuse augmentation ou autrement. Nos entreprises devront oublier quelques intéressants crédits, certaines subventions nécessaires ou simplement utiles. Certains d'entre nous devront travailler plus longtemps, plus fort pour le même revenu. D'autres devront sans doute attendre encore plus longtemps l'emploi qui parait aujourd'hui enfin à portée de la main.
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C'est de Ville-Marie, pas l'arrondissement, mais « le plus beau village du Québec en 2012 » selon La Presse, sur le bord du magnifique lac Témiscamingue que j'écris ce billet. Eh oui, le lac «a cassé » depuis un bon moment déjà! Certains disent ici de Ville-Marie, plus ancienne localité de la région, qu'elle est la perle du Témiscamingue. Je vous recommande, entre tant d'autres attractions et choses intéressantes, les chocolats belges des Chocolats Martine. De purs délices!

Trêve d'épicurisme, revenons aux vraies affaires et surtout à la vraie entre toutes : l'état des finances publiques et l'urgente nécessité de remédier à la situation dans des délais raisonnables.

En février dernier, le PQ avait laissé les Québécois sur un budget-bidon qui prévoyait un déficit de 1,75 milliard de $ sans se donner la peine de leur présenter la façon dont ses ministères et organismes allaient dépenser les crédits mis à leur disposition. Quand on mène dans les sondages, pas besoin de s'embarrasser de tels détails.

À peu près 70 jours plus tard plus tard, le nouveau ministre des Finances Carlos Leitao portait à 3,7 milliards de $ le manque à gagner pour l'année 2014-2015, tout en maintenant la cible de son prédécesseur d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Son collègue du Conseil du Trésor, Martin Coiteux laissait rapidement savoir que la machine gouvernementale allait être sollicitée et pas qu'un peu dans cet effort. Au fond, dit-il, il s'agit de colmater la brèche dès maintenant (remplir le trou) avant de s'attaquer aux fondations dès les prochains mois. Tout cela allait demander beaucoup d'efforts et de sacrifices d'un peu tout le monde. Cela va faire mal. Normal quand on se met à couper dans les programmes des uns, les subventions des autres et les crédits du suivant

Il n'en fallait pas davantage pour déclencher les enflures verbales de part et d'autre. De la comparaison aussi prématurée que douteuse avec la situation portugaise de notre ministre recru des Finances aux très professionnelles demandes syndicales venues d'une autre planète, des chiffres catastrophiques, voir apocalyptiques, lancés par certains groupes intéressés, cela va de soi, les décisions à venir, on a déjà tout entendu, ou à peu près.

On a pu lire dernièrement que les «coupes» budgétaires seraient de l'ordre de 2.4 milliards de $, qu'elles seraient «sombres» c'est-à-dire qu'elles toucheraient aveuglément tous les ministères. Ou, qu'au contraire, elles épargneraient certains, seraient plus sévères à l'égard de certains autres. Certains ministres, néophytes ou non, laissent entendre, discrètement ou pas, que leur ministère doit être épargné, n'est-ce pas, en raison, bien sûr, de l'importance de leur mission dans la société. Ici plus qu'ailleurs le vieil adage s'applique : « Moi, mais pas les autres; les autres, mais pas moi ». C'est de bonne guerre. Le premier ministre devra trancher après que son autre recrue du Trésor aura guerroyé ferme avec ses nouveaux collègues et connu les dures réalités de sa nouvelle vie.

D'aucuns, et ils sont étonnamment nombreux quelques semaines après une élection, vont jusqu'à remettre en question le droit d'un gouvernement démocratiquement élu de faire les choix et de prendre les mesures qu'il estime nécessaires pour remédier à une situation qu'il juge pour le moins préoccupante. Proclamer qu'il ne peut sabrer dans les dépenses publiques questionnant, par exemple, la pertinence de certains programmes ou en coupant ici et là certains crédits, sous le prétexte qu'il ne s'y est pas engagé spécifiquement dans son programme politique, tient de la farce, pour ne pas dire de la malhonnêteté intellectuelle.

En ne s'en tenant qu'à la stricte rigueur budgétaire, le PLQ et la CAQ ont récolté près des deux tiers des votes des Québécois, le 7 avril. J'ajoute que si aucun des partis n'avait préconisé ce genre de politique stricte et disons-le douloureuse, le gouvernement du Dr Couillard aurait encore le droit démocratique de faire ce qu'il a l'intention de réaliser, du seul fait qu'il a été démocratiquement élu et qu'il entend poser un ou des gestes démocratiques qu'il soumettra à l'Assemblée nationale.

Une chose apparait désormais certaine tant la situation est sérieuse : tous devront payer, d'une façon ou d'une autre. Pour le bien de tous. Le RIFT du village de Ville-Marie pourrait voir sa subvention gelée, comme cette association bénévole de Bonaventure qui se voue aux loisirs de la population locale ou cet autre organisme d'Hochelaga-Maisonneuve qui prend en charge les femmes violentées, quand ce n'est pas cette PME de la Mauricie qui ne pourra créer ses deux emplois additionnels.

Que nos fonctionnaires ne se fassent pas d'illusion : ils devront participer à l'effort collectif, rattrapage ou pas. Nos médecins, spécialistes ou non, aussi en étalant leur juteuse augmentation ou autrement. Nos entreprises devront oublier quelques intéressants crédits, certaines subventions nécessaires ou simplement utiles. Certains d'entre nous devront travailler plus longtemps, plus fort pour le même revenu. D'autres devront sans doute attendre encore plus longtemps l'emploi qui parait aujourd'hui enfin à portée de la main.

Inutile de se cacher la tête dans le sable : nous en sommes rendus là.

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