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Cabinet Couillard: une bonne première impression

En composant son cabinet, le premier ministre Philippe Couillard a remboursé ses dettes politiques, tenu compte de l'importance de la région métropolitaine et celle de la capitale nationale, fait place aux plus jeunes, négligé de se rapprocher de l'équilibre homme-femme et lancé un message très clair.
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En composant son cabinet, le premier ministre Philippe Couillard a remboursé ses dettes politiques, tenu compte de l'importance de la région métropolitaine et celle de la capitale nationale, fait place aux plus jeunes, négligé de se rapprocher de l'équilibre homme-femme et lancé un message très clair : s'ils en ont collectivement le courage, les nouveaux ministres travailleront à redresser la situation financière désastreuse du Québec en imposant des mesures qui risquent de faire mal et de les rendre rapidement aussi impopulaires que leurs prédécesseurs.

26 ministres c'est beaucoup. Monsieur Couillard aurait pu faire l'économie de deux ou trois postes, en choisissant de ne pas nommer de ministres délégués ou d'en nommer moins. Je m'explique mal son choix de limiter à huit le nombre de femmes appelées à siéger au cabinet. On le lui reprochera longtemps. L'importance accordée à la région métropolitaine est bienvenue et, dans un sens, normale. Au-delà de son statut de Capitale, les sièges donnés à la région de Québec me paraissent relever plus de la récompense politique que de la nécessité réelle. Enfin, chose intéressante, le chef du PLQ a été à la fois reconnaissant, magnanime et mesquin dans le choix de ses ministres. Tout cela finit néanmoins par former un bon conseil.

On ne se surprendra pas que je me réjouisse de la nomination de madame Lise Thériault (que je ne connais pas personnellement). Je l'avais vue ailleurs. Responsable de la sécurité publique et vice-première ministre, c'est encore mieux. Elle a, je le répète, tout ce qu'il faut pour remplir cette difficile fonction. Philippe Couillard l'a reconnu en oubliant qu'elle avait été l'organisatrice de son adversaire, il est vrai aujourd'hui retraité, Raymond Bachand.

J'ai toujours pensé que le chef du PLQ s'était acheté des problèmes à plus ou moins long terme en invitant le Dr Gaétan Barette à joindre son équipe. Son manque de retenue, de doigté et de nuance me fait peur. Il est cependant vrai qu'il a obtenu des succès certains au cours de sa carrière. Le chef du gouvernement le connait; j'imagine qu'il a mesuré le risque qu'il prend.

Le jour de l'annonce de la candidature de son collègue Barette, Yves Bolduc savait bien que sa carrière à la santé était terminée, puisqu'il n'était question ni pour l'un ni pour l'autre de diviser le pouvoir au sein du plus gros ministère du Québec. Sa nomination à l'Éducation ne me surprend guère, compte tenu qu'il a occupé un ministère mammouth, qu'il est un gestionnaire respecté et un bon ami du chef du Gouvernement. Il pourra tenter d'y appliquer la méthode Toyota, notamment aux commissions scolaires. Voilà qui demande beaucoup de doigté et surtout, de courage politique.

Sam Hamad récolte le fruit des deux victoires qu'il a procurées à Philippe Couillard : d'abord à la chefferie du PLQ en mars 2013, ensuite en lui livrant la région de Québec au soir du 7 avril. Il retourne au Travail, le gros de la besogne ayant été accomplie par Madame Thériaul, il y a trois ans.

Surprise que cette nomination de Robert Poëti aux Transports et encore plus, comme ministre responsable de la région de Montréal. Un ex-policier, excellent communicateur, pour diriger le plus gros ministère donneur d'ouvrage dans le contexte que l'on connait, voilà une trouvaille qu'il faut souligner. C'est tout un message que Philippe Couillard envoie : fin de la récréation, terminée la collusion. Si Duchesneau l'avait décrite il y a quelques années, voici un autre policier pour s'assurer qu'elle ne se reproduise plus.

Quant à l'autre responsabilité qui échoit à monsieur Poëti, je suis moins enthousiaste : outre le fait que Montréal est encore considérée comme une région comme les 8 autres, donc qu'elle n'obtient pas son ministre de la Métropole comme je l'aurais souhaité, je ne pense pas que le député de Marguerite-Bourgeois possède, à ce moment-ci, l'expérience nécessaire pour cette fonction. Homme intelligent, il apprendra rapidement, j'en suis certain.

Peu à dire sur la nomination attendue du trio économique Leitao-Daoust-Coiteux, sinon que la tâche qui leur incombe est immense dans les circonstances et qu'ils auront à déployer toute leur science dans un milieu qu'ils ne connaissent pas (sauf pour Daoust). Il faut aussi leur souhaiter un passage plus long et plus fructueux que celui des trois étoiles de l'équipe libérale de Robert Bourassa en 1985. Pierre MacDonald et Paul Gobeil étaient passés en coup de vent, alors qu'André Vallerand avait choisi de rester plus longtemps. La transition du milieu des affaires à l'arène politique se révèle souvent ardue.

J'ignore si Jean-Marc Fournier est déçu de ce qu'on lui a donné. Moi, je suis surpris. Il est vrai qu'il avait déjà occupé les principaux ministères sous Jean Charest. Sauf la Justice. Mais il demeure Leader du Gouvernement. Ce n'est pas rien. Quand même...

Autre signal que l'ère Charest a pris fin : le retour de Pierre Paradis, dont il faut souligner la patience, la discrétion, je dirais «l'endurance pure et dure». Un vrai de vrai, celui-là, pour qui le connait ou pour qui a siégé avec lui. Content pour lui. Le monde agricole doit se réjouir.

Pierre Moreau est là où il devait être : dans un ministère aussi important que délicat et politique. Il y a longtemps que Philippe Couillard a reconnu les qualités de cet homme, autrefois son adversaire, dont le ralliement fut immédiat. Le nouveau ministre devra agir rapidement tant s'imposent les réformes dans un monde municipal en mutation qui a enfin tendance à parler à l'unisson ou à peu près.

Le premier ministre a fait de très bons choix en nommant les recrues Hélène David et David Heurtel , en réinvitant Pierre Arcand et l'effacé mais efficace Jeff Kelley, et en remettant un billet d'avion ouvert à Christine St-Pierre.

Je suis beaucoup moins certain qu'il était nécessaire de renommer Laurent Lessard, qui n'a jamais rien cassé et d'inviter le controversé Jean D'Amour à siéger au saint des saints, tout en en écartant Robert Dutil et Julie Boulet. Dans le cas de monsieur Dutil, peut-être le premier ministre avait-il pris connaissance du rapport de la commission d'étude sur le printemps érable et le rôle joué par la SQ alors que ce dernier en était responsable.

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