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Petit exemple de machiavélisme libéral, sur fond de relations entre francophones et anglophones

Les exemptions à gogo que permettent l'«odieuse» loi 101 et la «merveilleuse» loi des écoles-passerelles n'ont pas fini de causer des perturbations et des dépenses superflues au Québec.
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Il se passe en région des choses dont on entend peu parler à Montréal, mais qui montrent notre société et son gouvernement sous leur vrai visage. Portraits pas nécessairement très beaux.

La région dans ce cas-ci est peu éloignée de la métropole. C'est celle de Repentigny et le sujet est le terrain à choisir pour la construction d'une école primaire dans un quartier en expansion, celui de Valmont-sur-parcs.

La permission de construire l'école a été donnée par le ministère en mai 2013. Il ne restait à la Commission scolaire des Affluents (CSA) qu'à trouver le terrain propice en concertation avec la ville de Repentigny.

Il faut dire que dans ce coin de la ville les terrains vacants sont devenus très rares. Pour faire court, disons qu'après avoir envisagé divers emplacements possibles, la CSA, la Ville et les parents concernés ont proposé que l'école soit construite sur un terrain adjacent à une école anglaise assez récente, terrain qui faisait partie d'un plus vaste ensemble cédé gratuitement par la ville à la Commission scolaire anglophone Sir-Wilfrid-Laurier (CSSWL) en 2003.

On était alors au début de l'été 2014. Les parents d'élèves de Franklin-Hill (c'est le nom de l'école anglaise) se sont rebiffés, ce qui a amené un refus net de la CSSWL de rétrocéder cette portion de terrain qui ne lui avait rien coûté et qui ne servait à rien. Le dossier s'est retrouvé dans les mains du ministre de l'Éducation.

Malgré l'urgence d'agir (il faut cette école pour septembre 2016), le ministère a pris bien son temps. Ce n'est que le 20 janvier dernier qu'on apprenait que Québec obligeait la ville de Repentigny à remettre toute une section d'un parc de Repentigny à la CSA pour la construction de l'école française. Exit la solution du terrain contigu à l'école Franklin-Hill que tout le monde - ou presque - mettait de l'avant à Repentigny jusque-là.

Du coup, toute l'attention qui était auparavant sur ce terrain névralgique s'est déplacée. Presque plus personne ne parle de construire ladite école sur l'emplacement privilégié jusque-là. La Commission scolaire des Affluents s'est ralliée au choix du ministère sans mot dire. La Ville de Repentigny a maugréé quelque peu, puis a cédé. Et les parents, qui étaient 1100 à signer en août une pétition réclamant que l'école soit construite sur le terrain adjacent à l'école anglaise, s'agitent... mais pour réclamer que l'école soit construite dans un autre parc du quartier plutôt que dans le parc choisi, où une butte à glissades de 30 pieds de hauteur devra être déplacée et abaissée au coût de 400 000 à 700 000$.

Que s'est-il passé durant ces cinq mois où le dossier a été dans les mains du ministère de l'Éducation? On a pris bien son temps, disions-nous. Pour calmer le jeu, pour mettre la CSA, la ville et les parents au pied du mur vu l'urgence d'agir?

Ce qui a transpiré, c'est que le terrain adjacent à l'école anglaise n'était pas assez grand, supposément, pour la construction d'une école de 700 places-élèves, telle que le demandait la CSA. Les parents, eux, demandaient la construction d'une école de 500 places-élèves, ce qui correspondait aux besoins du quartier et était beaucoup plus indiqué pédagogiquement. L'école de 500 places aurait pu être construite sur le terrain envisagé en août.

On a aussi appris que le ministère avait révisé à la baisse les prévisions de clientèle de la CSA, qui, en plus de la construction de l'école de 700 places-élèves, demandait l'agrandissement d'une école de moins de 300 élèves (Entramis), un peu excentrique au quartier, mais bien placée pour recevoir 200 autres élèves de l'est de Repentigny.

La solution logique et économique à cette révision de la clientèle scolaire aurait été de permettre la construction d'une école de 500 places sur l'emplacement jouxtant l'école anglaise et l'agrandissement de l'école Entramis, ce qui aurait pu se faire sans acquisition de nouveaux terrains.

Mais voilà, le ministère d'Yves Bolduc a choisi de refuser l'agrandissement de l'école de moins de 300 places et d'autoriser la construction de l'école de 700 places. Du coup, Yves Bolduc se trouvait exempté de l'obligation cruelle de trancher entre la commission scolaire de Baptiste et celle de John. Dans les faits, il a choisi la commission scolaire de John, mais sans le dire et sans subir l'odieux de ce choix puisque, apparemment, le terrain de John n'était pas assez grand. On appelle cela du machiavélisme doublé de lâcheté.

D'autant plus qu'une autre solution fort raisonnable aurait été que la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier cède son école Franklin-Hill à la Commission scolaire des Affluents moyennant finance et aille se construire ailleurs à Repentigny puisque les élèves de cette école viennent en très grande majorité de l'extérieur du quartier et en bonne partie de l'extérieur de la ville.

Il reste que le fond du problème est que l'école anglaise dont il est question est peuplée d'élèves francophones à plus de 70%. Les exemptions à gogo que permettent l'«odieuse» loi 101 et la «merveilleuse» loi des écoles-passerelles n'ont pas fini de causer des perturbations et des dépenses superflues au Québec.

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