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Rencontrez une nouvelle «bibitte» numérique: le CDO

La vieille mentalité dinausauresque prévaut dans nos entreprises, grosses, moyennes ou petites, et aussi dans bon nombre de ministères.
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Nos amis au sud de la frontière ont le don de me faire bondir de mon fauteuil de bureau des fois... Leur dernière lubie, traduite en «buzzword», ce sont les Chief Digital Officers (CDO). Ils seraient en train de se reproduire à la tonne à travers la planète selon la revue eMarketer et auraient même leur club, non pas privé, mais virtuel. C'est quoi au juste cette nouvelle «bibitte» numérique?

Le magazine Wired tente au moins de les situer dans l'environnement corporatif: «For now, CDOs are seen as the people who can step in to fill gaps and deficiencies while simultaneously bridging conflicts between marketing and technology. That is, if you can find a good one. "Right now, there aren't enough people with the right mix of technical knowledge, business experience and consumer-orientation in the market».

Donc des bibittes difficiles à trouver car hybrides et prises en sandwich entre le CMO et le CTO. Comme je l'ai mentionné dans des statuts sur les réseaux sociaux, avoir de ces étranges créatures partout dans nos entreprises? Il y a loin de la coupe aux lèvres, du moins ici au Québec et même dans le ROC (Rest of Canada). Dans un article tout récent dans eMarketer, voici ce qu'on titrait: «Chief Digital Officers Continue Global Explosion».

Ils seraient quelque part entre 1000 et 2000, selon le graphique ci-haut, nombre qu'ils atteindraient d'ici la fin de 2015. Et voici en résultat d'analyse, leur répartition à travers ladite planète: «While North America boasted 88% of CDOs worldwide in 2013, its share dropped to 68% last year. This was due largely to a surge in Europe, which expanded its proportion from 7% to 23%. Asia-Pacific was up slightly, from 4% to 6% of CDOs globally, while India and the Middle East rose from 1% to 2% and Latin America joined the playing field with the remaining 1%.» Le digital, oups, le numérique et les CDO ont la cote en hausse en Europe et surtout en France comme le prouve d'ailleurs ce graphique de Claude Super dans son récent billet sur ce qu'il appelle la «C-suite». Remarquez qu'il met une femme comme CDO.

Mais ces chiffres reflètent-ils un réel changement de paradigme dans les entreprises? Assistons-nous à la montée en puissance tant attendue des hybrides qui jusqu'ici se sont occupé des sites Internets, des stratégies Web et eCommerce, du SEO, des intranets et des réseaux sociaux? À leur ascension hiérarchique par défaut? Ici, je ne crois pas, du moins pour le moment car je l'écris depuis longtemps: nous sommes en retard. Nos entreprises ont un énorme fossé à franchir avant d'avoir la maturité numérique nécessaire à ces bouleversements organisationnels. Je serais surpris de voir le pourcentage pour le Canada, et encore plus pour le Québec. Sceptique, moi? Je ne suis pas le seul:

Le triangle infernal

Sauver la mise, Nadia? Je dirais plutôt tenir le fort jusqu'à l'arrivée de la cavalerie en tenant le discours du changement, de l'importance de la transformation sociale, hiérarchique et numérique des entreprises (eTransformation). Mais - car il y a souvent un mais - nous sommes toujours coincés dans le triangle infernal CEO-CTO-CFO (exécutif, technologies et finances). Plusieurs entreprises ont nommé (quelle avancée...) des CIO («i» pour «information»), mais ces derniers ne sont que des clones des CTO, qu'ils remplacent dans le triangle. Ce sont donc des spécialistes de l'informatique, et non de l'information, que l'on parachute pour gérer la masse d'informations et de données produites par l'entreprise et ses employés.

On parachute les CIO dans l'inconnu comme la brigade polonaise sur Arnhem en 1944... On leur demande d'innover et de changer l'entreprise alors que la majorité d'entre eux ne tiennent qu'à leurs acquis hiérarchiques et technologiques et ont de plus en plus besoin d'aide pour, comme l'a écrit Wired «fill gaps and deficiencies», combler leurs propres lacunes. Et si changement il y a, en bout de ligne, il faut que cela se fasse sans déranger. Il faut que ce soit une «évolution» et surtout pas une «révolution». Mais cette révolution messieurs et mesdames, elle est déjà en cours, hors de vos murs. Comme pour les derniers empereurs de Rome, vous ne voyez rien venir? Comment appelle-t-on cela donc ? La «disruption»?

Et ces CIO ne comprennent toujours pas. Dans un récent article d'analyse, de Forrester, on leur dit que pour devenir stratégiques, ils doivent cesser de mettre le focus sur les Ti (technologies internes) mais plutôt sur les Tb (technologies business), davantage en mesure de mettre en valeur leur propre rôle dans l'influx de revenus. My God, nous sommes encore à Rome. Non! À Pompéi, en train de faire commerce alors que le Vésuve va entrer en éruption!

Et, donc, personne ne gère correctement l'information au sein de nos entreprises, de la base au sommet. Car personne n'est sensibilisé au fait que cette information doit être d'abord définie lorsqu'elle est créée et publiée. Et quand, en plus, on se fait dire par les mêmes types du sud de la frontière qu'elle se nomme dorénavant Data et que, comme il y en a de plus en plus, il faut se recycler en bergers du Big Data pour structurer, curer, canaliser, analyser, visualiser, et qu'en plus, il fasse dématérialiser le tout dans un nuage et gérer le tout? «Double disruption - information overload»...

Et les CSO eux?

Donc, vite, il faut ajouter un CDO à la C-suite ! Pour la «data» (données informationnelles) ou le «digital». Eh boy! Vous n'auriez pas oublié au passage le CSO? En fait, bien des gens dans les entreprises, cette fois aussi partout sur la planète, sont passés à côté de ce nouveau rôle tout aussi important au sein des entreprises et organisations: le Chief Social Officer. Bon, c'est quoi encore, cette autre «bibitte» numérique? Eh bien, voici une définition que j'ai trouvé sur un blogue qui leur est consacré:

À ma connaissance, SAP en avait un jusqu'à tout récemment, rédigé en d'autres termes plus corporatifs: «Senior Vice President for SAP's Enterprise Social and Collaborative Software business». Au Québec, on est donc en train de rater plusieurs marches de l'échelle du progrès.

On ne perd pas notre temps sur Facebook, nous

Donc, pour faire court, j'aimerais bien que le Cefrio se penche sur ce sujet et nous sorte des chiffres. Des CSO et CDO dans la C-suite au Québec en 2015? Pas du tout certain. Même pour les CMO (Chief Marketing Officer), nous devons être en retard... Oh! Il y a bien des directeurs marketing et même quelques VP en ce domaine, mais ils se retrouvent surtout en agence et non en entreprise, au sein d'un comité de gestion ou d'un CA, assis à la même table que le CEO, le CTO, et le CFO. Après tout, le marketing, le social business et le numérique, c'est bon en appui des opérations de base (core), pas pour le stratégique, non?

Vieille mentalité dinausauresque qui prévaut pourtant dans tellement de nos entreprises, grosses, moyennes ou petites, et aussi dans bon nombre de ministères et organismes. On gère des ressources humaines, matérielles et financières à courte vue et ce depuis des lunes... Gérer de l'information, de l'innovation ou des relations, on en a rien à f... On ne perd pas notre temps sur Facebook, nous...

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