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«Pompeii» au Musée des beaux-arts de Montréal: éternel dans la mort

Ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir, dans sa ville, autant de trésors rescapés d'une catastrophe naturelle survenue en l'an 79.
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Depuis le week-end dernier (6-7 février 2016), Montréal vibre au rythme de Pompéi. Il fallait voir la foule extrêmement nombreuse réunie au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) aux premiers jours de l'exposition consacrée à cette ville mythique de la Rome antique pour s'en convaincre.

Tout le monde a entendu parler de Pompéi ensevelie sous les cendres crachées par le volcan Vésuve. Mais ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir, dans sa ville, autant de trésors rescapés de cette catastrophe naturelle survenue en l'an 79 de notre ère.

Pompeii, l'exposition que présente le MBAM jusqu'au 5 septembre 2016, compte 220 œuvres appartenant au Musée archéologique national de Naples.

Le regroupement de ces objets permet au visiteur de visualiser à quoi ressemblait la vie quotidienne dans l'Empire romain.

Imaginez-vous un instant que Montréal soit, en moins de 24 heures, ensevelie sous des tonnes de poussière et de cendre et qu'un jour, très longtemps plus tard, on révèle la ville ainsi qu'elle existait au moment de sa disparition. Il y aurait des corps momifiés avec un portable dans la main, ceux assis devant la télévision, d'autres penchés sur leurs tablettes. Les archéologues s'étonneraient de l'immensité de notre parc automobile. Dans leurs découvertes, il y aurait aussi un témoignage de notre mode d'habitation, de nos loisirs, de notre façon de manger.

Eh bien, il y a tout ça dans l'exposition Pompeii. Comme un instantané de la vie dans la baie de Naples il y a presque 2 000 ans. En parcourant les salles, on ne cesse d'être étonné par la sophistication et l'hédonisme de cette société qui, malgré le temps infini qui nous sépare d'elle, ressemble beaucoup à la nôtre.

Entre la fresque qui nous montre un homme distribuant du pain et la boulangerie où je vais, pas tant de différence. Devant une peinture illustrant un combat aux poings entre deux hommes, on pense au dernier duel Pascal-Kovalev. Les assiettes en verre et les cuillères d'hier ressemblent à s'y méprendre à celles d'aujourd'hui. Il y avait même des mosaïques sur le pas des portes qui prévenaient de la présence d'un chien ; l'ancêtre de notre écriteau «chien méchant» ? Et que dire des exemples de pornographie qu'on nous donne à voir et l'évocation de la présence de graffitis !

Avant de passer 7 mois à Montréal, les artéfacts du Musée de Naples ont été présentés au Musée royal de l'Ontario (ROM) du 13 juin 2015 au 3 janvier 2016. À lire les recensions du Globe and Mail et du Toronto Star, je crois pouvoir dire qu'on a droit à une bien meilleure exposition à Montréal, même si ce sont, grosso modo, les mêmes œuvres qu'à Toronto. Les critiques ont déploré le manque de goût de la mise en scène des conservateurs du ROM, qu'on a comparée à une «esthétique de centre commercial».

C'est tout autre chose à Montréal. Encore une fois, la directrice du Musée des beaux-arts de Montréal, Nathalie Bondil, et son équipe, ont réussi un exploit en matière de scénographique. Dans un cadre élégant et immersif, les concepteurs ont su conjuguer le scientifique, l'informatif et le ludique.

Le parcours est divisé en thèmes qui nous permettent de bien saisir le mode de vie de cette société. Le commerce, les arts, le sport, l'habitation, la table, les soins de beauté sont évoqués avec des objets et des œuvres très parlant et dans un état de conservation remarquable.

La visite se termine par l'irruption volcanique. Ce moment dramatique, qui a figé à jamais la vie des habitants de Pompéi, est suggéré en son et images et au milieu de cette installation multimédia gisent des corps rescapés des cendres. Ce tableau final est franchement émouvant parce qu'il nous montre des êtres humains éternels dans la mort.

Cette exposition constitue certainement un des grands rendez-vous de l'histoire du Musée des beaux-arts de Montréal.

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Pompeii au MBAM

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