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Quand la publicité beurre épais!

On dirait que la décennie de 1990 a donné le signal de départ pour une envolée inventive. On ne peut nier que tous les messages qui y sont contenus influent sur notre façon de vivre et sur les valeurs répandues.
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Quand on atteint mon âge, on porte un regard sur l'évolution de la société. Ce qu'elle était et ce qu'elle est devenue. Ce que nous avons voulu en faire et ce que nous en avons fait. Parfois avec enthousiasme, parfois avec désolation. Nantis de ce bilan, nous tentons de prévoir ce qu'il adviendra. Bien souvent, en se posant des questions comme les suivantes qui décrivent l'omniprésence presque indécente de la publicité.

Au point où nous en sommes, pourquoi ne pas avoir le parlement SNC-Lavalin, le poste de police Pizza Hut, l'université Valentine, l'école secondaire Saucisses Lafleur, l'hôpital Coca-Cola et le stade Chaussures Yellow? Le tapis rouge se déroule devant toutes les entreprises commerciales, moyennant quelques millions de dollars dans le financement d'une institution, pour accoler son nom à tout édifice ou à toute salle. Tout comme déjà, le légendaire Forum est devenu le Centre Bell, le Colisée de Québec est devenu le Colisée Pepsi et le nouvel amphithéâtre affichera le Colisée ou le Centre Québecor. Une telle visibilité consolidera la notoriété d'une compagnie. Même Desjardins se décline à toutes les sauces. Outre les caisses Desjardins, on retrouve des Maison des Arts Desjardins, des galeries de peintures Desjardins, un pavillon d'oncologie Desjardins, la salle de conférence Desjardins, le parc Desjardins, la salle de classe Desjardins comme le Pavillon Jean-Coutu ou Desmarais et la chaire en tourisme - Air Transat dans les universités.

Au-delà de l'éthique écorchée, il y a une pollution commerciale à outrance.

L'Omnium de tennis Rogers constitue la démonstration la plus évidente où tout est objet à la publicité...même le filet. Entre deux services, il y a les trois secondes de Rogers, des bandeaux au bas de l'écran, les balustrades derrière les joueurs bardées de réclames. Que ce soit le hockey ou le soccer, la publicité défile dans le décor.

Autrefois, à la télévision, les animateurs disaient « de retour dans deux minutes », aujourd'hui, ils se taisent n'osant pas dire de retour dans cinq minutes, soit après une quinzaine de spots publicitaires. Une éternité. À cela s'ajoutent les pop-up dans le coin de l'écran, les bandes au bas de l'écran, et les produits qui apparaissent dans le décor ou que les comédiens utilisent. Tout est prétexte à la publicité. On commandite même les sous-titres pour les malentendants. Et de multiples autres applications. Ou l'auditoire s'habitue, ou il se désintéresse. J'ai l'impression qu'on accepte la publicité comme une fatalité.

Et la radio n'est pas en reste. Au début, les canaux câblés n'étaient pas autorisés à diffuser des messages. Aujourd'hui, ils font fortune avec la permissivité des organismes règlementaires. Même Facebook est envahi par l'envahisseur. Nous feuilletons des journaux qui entassent les carreaux de publicité, des sacs bondés de circulaires, des magazines remplis de réclames publicitaires, même le stylo à bille véhiculera le nom d'une firme.

La publicité est omniprésente dans nos vies, dans notre décor et même au-delà.

De la casquette au T-shirt, du stylo à bille à nos skis, nos sacs de sports, nos parkas même nos espadrilles affichent en grosse lettre le nom du fabricant. Nous devenons nous-mêmes des panneaux-réclames ambulants. Les logos de marques de commerce se baladent au gré des bicyclettes BIXI, des taxis, des abribus et les autobus se peinturent aux couleurs des battages publicitaires. Les enseignes aux couleurs illuminées sur les devantures des commerces réussissent à nous éblouir.

N'ouvrez pas votre ordinateur trop vite, car les promotions grafigneront les lentilles de vos lunettes. En voulant visionner la vidéo d'une actualité, j'ai dû me farcir un 30 secondes qui vantait un produit. Même chose, pour la deuxième vidéo. Comme si je mettais un dollar dans le parcomètre. En lisant un texte, une fenêtre promotionnelle comme un flash bondira presque hors de votre écran au beau milieu de colonnes d'affichettes. Le monde de l'internet nous gave de publicités. Quel désagrément!

Dans mon temps (oups, je l'ai échappé ! Mille excuses.), on se plaignait de cette publicité envahissante. On espérait la voir bannie, du moins restreinte. On palabrait sur les dangers de la publicité subconsciente. Elle était pourtant minime en comparaison avec l'activité promotionnelle d'aujourd'hui.

On dirait que la décennie de 1990 a donné le signal de départ pour une envolée inventive. On ne peut nier que tous les messages qui y sont contenus influent sur notre façon de vivre et sur les valeurs répandues. Chaque message est une vente agressive qui n'a qu'un but : la consommation. Des campagnes de marketing bien ficelées réussissent à nous rendre accros à des produits, à les rendre primordiaux à notre vie comme tous ces gadgets électroniques.

Pourquoi pas une manifestation dont nous avons le secret contre la publicité qui nous agresse et nous rend dépendants de la consommation? Pourquoi ne pas la commanditer et la baptiser la manifestation Canadian Tire?

Et maintenant, en voulant pavoiser mes talents de futurologue, je dois admettre mon impuissance à imaginer une augmentation possible en quantité, une amélioration en efficacité et l'influence sur la consommation. Quel est le sort qui attend les générations qui vont suivre et qui en seront bombardées?

Et vous qui me lisez, avez-vous ce talent pour prédire l'avenir? Que pensez-vous de mon constat? Je souhaite vous lire avec empressement.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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