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Le ministère de la Santé est malade de boulimie

Pauline Marois, Philippe Couillard et François Legault sont trois chefs de parti qui ont tous été ministre de la Santé et des Services sociaux. Ce ministère est devenu au cours des ans le plus «argentivore» et le plus boulimique de la bureaucratie québécoise. Les trois chefs du PQ, du PLQ et de la CAQ devraient expliquer cet accroissement, eux qui en sont les auteurs.
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Pauline Marois, Philippe Couillard et François Legault sont trois chefs de parti qui ont tous été, à un moment de leur carrière, ministre de la Santé et des Services sociaux. Ce ministère est devenu au cours des ans le plus «argentivore» et le plus boulimique de la bureaucratie québécoise. Le plus malade aussi. En 2007, il représentait 38,8% du budget du gouvernement. Trois ans plus tard 47,5%. Presque la moitié du budget! Il versait à ses médecins 5 milliards $, en 2011. 301 millions de plus en 2012. En 10 ans, il est passé de 7000 employés-cadres à 14 000. Ce n'est pas sans avertissements. Le hasard vient de m'étonner. Je n'en reviens pas. Je viens de mettre la main sur trois textes que je vous incite à lire.

Dans un premier temps, voici les propos tenus en 1991 - il y a 21 ans! - dans l'enceinte de l'Assemblée nationale par un ministre que j'ai toujours baptisé le ministre du gros bon sens, Jean Garon:

«...On aura de l'argent pour la bureaucratisation du système. Je n'en suis pas revenu. On va créer des régies régionales qui n'auront pas de pouvoirs. On va mettre en place des fonctionnaires. On ne réduira pas les fonctionnaires au central, mais on va en mettre plus dans les régions. Ça va être plus compliqué de se faire soigner sans doute. Il y aura plus de portes à traverser. Il y aura plus de gens pour compter. Il y aura plus de gens pour créer des problèmes. Alors qu'essentiellement, quand vous êtes malade, vous avez besoin de soins ; vous n'avez pas besoin d'une bureaucratie plus forte.» (Jean Garon s'exprimait alors sous le mandat du ministre libéral de la Santé, Marc-André Côté.)

Quatre ans plus tard, en mai 1995, un groupe de travail mandaté par le Conseil de la santé et du bien-être et présidé par Paul -A. Lamarche remet son rapport intitulé: Un juste prix pour les services de santé. Il y dresse un grand nombre de constats en lien avec la réforme de 1991:

« ...Concernant la bureaucratie, certains faits se révèlent également inquiétants. Ainsi, l'augmentation du personnel dans les régies régionales ne s'est pas traduite par une diminution correspondante au ministère; le personnel du ministère n'a pratiquement pas diminué dans les faits: 920 postes de plus étaient autorisés au ministère au premier avril 1995, en sus aux 1 225 en 1990; [...] on doit conclure que le personnel du ministère n'a pas diminué depuis la réforme. Le risque est donc réel de créer deux niveaux bureaucratiques au lieu d'un. [...] les règles du jeu ont, pratiquement, peu changé encore avec la réforme. De nouveaux sont même apparus. Ainsi, les plans régionaux conçus pour être des instruments souples au service des intervenants sur le terrain sont en train de devenir un nouvel instrument de contrôle central des activités régionales. » (Ce rapport a été remis pendant le mandat du ministre péquiste de la Santé, Jean Rochon.)

Huit ans plus tard, en 1999, le député libéral Georges Farah déclarait devant l'Assemblée nationale:

«L'objectif de la création des régies régionales était, premièrement, de décentraliser les pouvoirs du ministère de la Santé vers les régions ; deuxièmement, de rapprocher les patients des décideurs en diminuant substantiellement le nombre d'employés du ministère. Dans les faits, M. le Président, elles sont devenues, pour l'actuel ministre de la Santé, ses haut-parleurs dans les régions. La population n'est plus écoutée. À preuve, les régies régionales n'ont aucunement modifié les commandes du ministre, malgré les consultations et la signature de pétitions de plus de 400 000 personnes. Ma question, M. le Président : Étant donné, et ce, à cause de l'actuel ministre, que les régies ont échoué et se sont éloigné de leur mandat, le ministre peut-il cesser d'investir près de 100 000 000 $ par année dans cette structure bureaucratique et plutôt injecter ces fonds publics dans les soins aux patients?» (Georges Farah s'exprimait pendant le mandat de la ministre péquiste de la Santé, Pauline Marois.)

13 ans plus tard, durant les mandats des ministres libéraux de la Santé Philippe Couillard et Yves Bolduc: le p'tit vieux que j'étais déjà écrivait:

«La situation de1971 est du menu fretin à comparer à celle d'aujourd'hui. Je suis indigné. Tant et aussi longtemps qu'on maintiendra le système actuel de la fonction publique en Santé, à la lumière de ces trois textes d'hommes publics éminents, une boulimie bureaucratique nécessitera des injections pour contenir le diabète de la structure qui sévira très bientôt.»

Les trois chefs du Parti québécois, du Parti libéral et de la Coalition avenir Québec devraient expliquer cet accroissement, eux qui en sont les auteurs. C'est scandaleux, surtout quand on regarde ailleurs, dans d'autres pays. Comment ces ministres ont-ils réussi avec leur baguette magique à augmenter aussi allégrement les effectifs de la fonction publique? Malgré les avertissements et les rapports mentionnés ci-haut.

Comme l'écrivait Claude Castonguay, ce patriarche actuaire de 82 ans qui a marqué le Québec moderne: «Le Québec s'en va comme un somnambule vers de dures échéances».

Il est donc temps que nos trois politiciens en chef se réveillent!

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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