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Le danger du français vient de l'intérieur

Pour moi, le bilinguisme a une connotation désolante des années 50 et 60.
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Nonobstant les statistiques, il suffit de regarder autour de soi pour voir péricliter la qualité du français. La menace ne vient pas des anglophones, mais bien de l'intérieur. L'indifférence est de plus en plus manifeste pour la sauvegarde du français.

Le bilinguisme est à la mode chez la jeune génération et le monde des affaires aujourd'hui. Sous prétexte de la mondialisation ! Pour moi, le bilinguisme a une connotation désolante des années 50 et 60. Ce bilinguisme que j'ai pratiqué dans ma jeunesse. Soit: le français et l'anglais pour les Canadiens-français ; l'anglais pour les Anglais. En somme, unilinguisme pour les anglophones. Et même plus. À cette époque, les francophones devaient communiquer entre eux en anglais parce que le patron était un anglais de Toronto.

Le franglais avait des allures de bicycle à gaz, bike de mountain, pantrie, on passait la moppe, mangeait des hot-dogs steamés ou toastés, on watchait par la bay window, C'était l'époque des breaks, des bumpers, des windshields, des trucks, des boardwalks, des fuses, de la grocerie, de scratcher, de chain saw. Nous parlions alors le franglais. On comprend alors facilement l'explosion, le mouvement en faveur du français lors de la Révolution tranquille. On protestait dans la rue, lors de manifestations parfois violentes, parfois sauvages. Les matraques policières ont marqué cette période troublée. On a même occupé des écoles pour refuser aux Italiens de St-Léonard le privilège d'écoles anglaises. Même une loi 101 s'est imposée dans l'adversité.

Toutes ces actions ont fait fleurir le Français dont nous jouissons aujourd'hui. Il est évident que ma génération tient à sauvegarder cet acquis gagné à bout de bras. De toute évidence les anglophones ont lutté âprement contre ce droit. Et certains continuent cette opposition même après 50 ans. Les Anglais étaient notre adversaire, eux qui ont toujours souhaité le bilinguisme d'antan. Style Nouveau-Brunswick. Aujourd'hui, bien des anglophones ont appris le français et le parlent couramment.

Je remarque de plus en plus la reprise des mots du passé. De nos jours, le nouvel adversaire est plus insidieux, car le danger qui cerne la langue française vient de l'intérieur de notre communauté. Dans notre quotidien. Michel Rivard l'a si bien décrit dans une chanson lors du spectacle de la fête nationale. Les chansons anglaises ont la cote chez nos jeunes. Nos auteurs de téléromans ajoutent des chansons anglaises en arrière-plan. Même dans la publicité, comme celle de Apple, une chanson anglaise remplace le texte publicitaire. Etc. Le smoke meat revient à la mode pour décrire la viande fumée, tout comme le tatoo en lieu de tatouage. Anodins ces exemples, mais insidieux.

Même notre premier ministre a pris parti pour le bilinguisme. On ne peut être contre le bilinguisme, ou le «trilinguisme» comme on l'exige de nos immigrants si nous utilisons convenablement notre langue française. Les statistiques disent que 53% des arrivants à l'université sont incapables d'écrire dans un français même rudimentaire. Pourquoi ne pas l'enseigner intensément à l'école dès la maternelle, les enfants apprennent si facilement les langues à cet âge. On s'inquiète davantage de l'apprentissage de l'anglais que du français. Pourquoi pas le français ? La fierté de notre langue est primordiale. L'indifférence à son égard ouvre la porte à sa banalisation.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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