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SPVM: un service d'enquête à remettre en question

Personne ne veut qu'un citoyen se fasse justice lui-même. Alors il ne reste qu'aux enquêteurs de redevenir efficaces!
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James C Hooper via Getty Images

J'ai été estomaqué d'apprendre, par le Journal de Montréal, qu'un restaurateur de Pointe-Saint-Charles soit pris pour attendre plus de deux à trois semaines pour qu'un enquêteur puisse commencer à travailler sur deux dossiers de vol à son commerce, alors qu'il possède une vidéo contenant à la fois le visage du suspect et sa voiture.

Pire encore: «Du côté du SPVM, on affirme qu'une hiérarchisation des dossiers est effectuée selon la nature des crimes» (sic), et «le processus d'enquête suit son cours. Le dossier est analysé dans un délai normal», explique Emmanuel Anglade, porte-parole du SPVM (re-sic).

Désolé que ça me révolte, mais...

Depuis qu'un directeur a changé la manière de faire durant les années '90, en regroupant les enquêteurs dans quatre centres d'enquêtes régionaux, tout est devenu une «spécialité». Oui, plus de généralistes, que des modules précis en supposant qu'ils soient plus efficaces. Ce directeur disait à l'époque: «Un enquêteur n'aura qu'à claquer des doigts pour avoir une meute prête à lui venir en aide.» Vous voulez rire. Pourtant, il aurait dû savoir que plus nous sommes nombreux, plus nous devenons anonymes et désolidarisés.

La preuve? Deux semaines après la plainte, il n'y a toujours pas d'enquêteurs au dossier. Un représentant de cette digne police semble trouver ça normal. Oui, c'est normal quand on est habitué à ne pas se presser. Pourtant, il me semble que les gens qui paient les salaires devraient avoir un minimum de services.

Jusqu'à l'arrivée de la police de quartier, les enquêteurs étaient dans des postes de police. Ils avaient un accès direct aux constables et vice versa. Notre lieutenant nous donnait les plaintes de la veille... le matin des urgences. Pour ces cas, nous avions un enquêteur avec une relève (groupe de travail) donc un enquêteur toujours présent toute la journée durant.

Les enquêteurs avaient tous leur lot de petites plaintes et quelques plus grosses tout en vrac. Une tentative de meurtre, des voies de fait ou un vol de corde à linge. La priorité allait de soi. En même temps, si une victime de vol par effraction nous apportait un vidéo avec un suspect identifiable, la plainte était à tout le moins examinée immédiatement. Nous mettions les policiers à contribution, car ils étaient ceux qui pouvaient reconnaître ou faire reconnaître par d'autres le ou les suspects. Tout se passait en moins de cinq jours. Les autres plaintes n'étaient pas délaissées pour autant.

À de nombreuses occasions, nous en parlions avec d'autres enquêteurs qui fouillaient dans leurs propres plaintes et souvent sortaient un nom de leur... chapeau. Ou nous parlions avec certaines sources du quartier. Eh oui, même à cette époque, les enquêteurs battaient le trottoir et possédaient des indics.

Quand un mégalomane décida que sa façon de faire était la bonne, il faisait table rase de tout ce qui s'était fait et qui fonctionnait. Il aura créé un monstre bancal qui, aujourd'hui, ne fonctionne pratiquement pas. Cet universitaire arriviste aura fait reculer les enquêtes de la police du SPVM de plus de 25 ans.

Le cas de ce restaurateur n'est pas unique: j'ai dû intervenir dans le dossier d'une amie après deux mois passés sans nouvelles. Dans les deux jours qui ont suivi, l'enquêteur lui donnera un coup de fil pour finalement l'aviser qu'il ne pourrait malheureusement rien faire. Pas même rencontrer la suspecte des méfaits causés. Au minimum, elle avait une réponse.

Les vieux flics de mon âge s'offusquent régulièrement en entendant la façon dont les plaintes sont traitées. Comme moi, beaucoup d'entre nous avaient à cœur de donner un service impeccable aux citoyens que nous protégions. Ceux qui ne le faisaient pas étaient montrés du doigt.

Personne ne veut qu'un citoyen se fasse justice lui-même. Alors il ne reste qu'aux enquêteurs de redevenir efficaces!

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