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Retour à Flic et confidences

Tout ça pour un numéro laissé par erreur sur une pagette!
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Texte tiré de Rônin, un livre offert en prévente en mars 2019

Centre-ville, 1994.

J'arrivais à mon bureau du poste 25 quand Luc, un de mes amis policiers du groupe stupéfiants du centre-ville, est venu m'accueillir, tout énervé. Il avait reçu par erreur sur sa pagette, un numéro de téléphone qu'il ne connaissait pas. Surprise, c'était un gars qui vendait un pistolet. Comprenant son erreur, celui-ci envoya proprement promener mon jeune flic. Alors, tout en nerfs, Luc attendait ma venue pour la suite des choses.

Quelques minutes plus tard, ouvrant la radio à tue-tête... comme si j'étais dans un bar, j'ai fait la même démarche mais sans grand succès. Nous avions une piste - le numéro de téléphone. À l'époque, il n'y avait pas d'ordinateur dans les postes de police. Ou... si peu! Rien pour se connecter. Alors avec ces gros livres dépassés que Bell vendait aux entreprises et donnait aussi à la police, nous avons pu retracer l'adresse du suspect. En fait, c'était presque ça: dans le livre, le suspect devait être une dame d'un certain âge.

Alors, prudemment, nous nous sommes rendus à l'adresse indiquée. Comme je frappais à la porte de l'appartement et qu'une grand-maman ouvrait, une autre porte s'ouvrit et un colosse fit son apparition.

- Qu'osssé tu veux à ma grand-mère, toé?

Tiens donc, je venais de trouver mon vendeur d'armes. En fait, ça n'aurait pas pu être aussi simple! Le colosse ne voulait pas coopérer. Mais la providence vint à mon secours. Le jeune frère de notre homme - pas plus futé que le premier - vint s'interposer en se battant avec nous. Le jeune idiot s'en fut à la fois couché et enquêté. Ce brillant universitaire était recherché pour une série de billets de circulation; ce n'est rien, mais des délits assez importants pour faire quelques mois de prison.

- Les gars? Laissez-le tranquille... je vais vous aider.

C'est à partir de ce moment-là que tout s'est mis à débouler. Mon matamore nous aida à piéger le réel possesseur de l'arme. Le reste fut assez rapide... petit piège à cons et arrestation. Cependant, frérot demeura en liberté!

Maintenant, j'avais le pistolet et son vendeur, tout était réglé. Mais quand est survenue la deuxième fouille du véhicule, je trouvai une deuxième arme. Oups! Le pauvre m'avait juré vendre la première à quelqu'un d'autre et que lui-même détestait les armes! Quand je lui montrai l'arme retrouvée, je lui demandai de me pondre une meilleure excuse que la première. Le pauvre eut le souffle coupé - il ne s'y attendait pas. Il faut dire que ce pistolet était bien dissimulé - pas assez pour moi -, mais lors d'une fouille sommaire, personne ne l'aurait deviné.

J'avisai mon jeune que j'irais fouiller chez lui, de la même manière que pour sa voiture. Le pauvre devînt livide. Il m'avoua posséder de la coke et d'autres armes... comme des carabines.

- Ma blonde va me tuer; elle est enceinte. Je lui avais juré que je ne ferais plus de bêtises!

Alors, aux petites heures du matin, je suis allé perquisitionner chez mon nouvel ami. Comme sa copine était enceinte, j'ai immédiatement rassuré la jeune femme que, nous n'allions pas trop la traumatiser. Mes gars et moi ont bien fait attention pour ne pas lui faire trop peur. Évidemment, quand ton petit ami et trois gars que tu ne connais pas se pointent chez toi, ce n'est pas rassurant. Je suis revenu de la perquisition avec deux carabines, des munitions pour ses 9mm, trente sachets de coke et d'autres bricoles.

Tout ça... pour un numéro de téléphone laissé par erreur sur une pagette.

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