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Vous vous souvenez du méchant policier ayant menacé un pauvre itinérant de l'attacher à un poteau s'il ne partait pas? Les bien-pensants seront heureux d'apprendre qu'il a été suspendu deux jours.
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Vous vous souvenez du méchant policier ayant menacé un pauvre itinérant de l'attacher à un poteau s'il ne partait pas? Les bien-pensants seront heureux d'apprendre qu'il a été suspendu deux jours.

Le sage comité de déontologie policière a décidé que ses propos étaient, et je cite, « inadmissibles, déplacés, inacceptables et de nature à jeter un sérieux discrédit sur la fonction policière ». Quelle mauvaise plaisanterie! Ces épouvantails empoussiérés, ne connaissant rien de la réalité quotidienne des policiers du centre-ville de Montréal, décident de la manière dont devraient se faire les interventions avec des gens qui n'ont rien à voir avec la normalité.

Bien non, ce n'est pas joli de dire « Si tu ne pars pas, je t'attache à un poteau ». Mais si ça fonctionne, c'est ça le but! Dans la vie de tous les jours, il nous - et je dis bien nous... - arrive aussi de dire des choses pas gentilles, et à des gens qui sont plus outillés que cet itinérant à qui personne ne fait attention. Quand tu as tout essayé et qu'il ne reste que les menaces ou l'emprisonnement préventif qui dure deux heures, tu tentes les menaces.

Ayant travaillé pendant plus de 14 ans dans le centre-ville pauvre, la Zone, nous avions des dizaines de cas comme celui-ci par semaine. Nous avions régulièrement les mêmes visages, les mêmes endroits et les mêmes méthodes, après la discussion et les menaces. Bien sur, ce n'est pas gentil. Les parents ne le sont pas toujours et ne me dites pas que vous n'élevez jamais la voix ou que vous n'avez pas recours à certaines menaces parfois. Sinon, devenez policier et montrez-nous comment vous faites. N'oubliez pas que ceux qui seront devant vous ne sont pas vos enfants et qu'ils n'ont pas à vous obéir. Vous verrez la différence.

Je me souviens de ma dernière comparution devant trois de ces grands sages, qui me reprochaient de ne pas m'être assez occupé d'un détenu qui venait de battre sa femme. Je n'avais pas pris le temps de le réconforter. J'avais huit accusés cette nuit-là. La représentante de mon département, car sur ce panel, il y a un officier supérieur de notre département, avait demandé pourquoi je n'avais pas libéré le pauvre homme avec une promesse de comparaître. Je lui avais répondu, de façon cinglante, qu'elle ne lisait pas ses propres directives... Nous avions l'obligation de détenir en matière de violence conjugale.

Quelques semaines plus tard, je recevais une lettre du comité: « Malgré l'arrogance dont vous avez fait preuve, nous ne pouvons porter d'accusations ». Oui, il faut aussi demeurer humble devant ces épouvantails. Pas question de relever la tête.

Agent Gauthier, je sympathise avec toi de tout mon être. Je suis persuadé que quelques supérieurs vont te soutenir. Les autres, les carriéristes qui se tiennent loin derrière, ne le feront pas, ça pourrait briser leur élan vers le haut de la pyramide. Alors, un conseil : donne tes 10 billets par jour, évite les appels comme la peste, ne prend surtout pas de décision, et dans cinq ans tu pourras faire effacer ça de ton dossier. Tu auras ta médaille des 20 ans d'ancienneté et si tu restes pénard, celle de 30. Courage, il ne te reste que 21 ans à tirer avant la quille.

J'oubliais la médaille des 25 ans, tu sais le petit bouton de plastique, moi, je l'ai reçu dans les toilettes du poste 25. On m'a quand même laissé le temps de me laver les mains.

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