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Flic et confidences: une histoire qui finit bien

Un soir, un jeune homme que je connaissais depuis ses 12 ans vint au bureau me demander de l'aide. André, nous l'appellerons ainsi, avait un sérieux problème de consommation et de toute évidence, il n'en pouvait plus. Ce que je fis ce soir-là, tient du mensonge, de l'illégalité et de la foi en l'être humain.
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J'ai longtemps rédigé une chronique au Photo Police ayant comme titre: Flic et confidences. Quelques mots relatant une pléiade d'enquêtes drôles ou tristes, auxquelles j'ai été confronté. Plusieurs de ces enquêtes sont tirées de mon livre La Main gauche du Diable, paru en 2003, et du prochain Le Lansquenet Solitaire, présentement en correction.

Comme pour la dernière enquête, cette semaine je vous laisse le loisir de décider, ce que vous auriez fait. N'oubliez pas, il n'y a pas de mauvaises réponses, juste des points de vue différents. Ces cas sont réels. Ils ont été vécus de cette façon, la mienne. Un autre enquêteur aurait fait autre chose. Ne sommes-nous pas tous différents?

Un soir de septembre, un jeune homme que je connaissais depuis ses 12 ans vint au bureau me demander de l'aide. André, nous l'appellerons ainsi, avait un sérieux problème de consommation et de toute évidence, il n'en pouvait plus. Le garçon terriblement amaigri avait peine à se maintenir correctement. Il aurait aimé se rendre en désintoxication, mais pour se faire, à moins d'avoir des sous, il fallait passer par la détention.

Il devenait évident qu'André en était à ses derniers milles. À le voir aussi émacié, je doutais fort qu'il termine l'année vivant. Il me fallait rapidement devenir créatif. Ce que je fis ce soir-là, tient du mensonge, de l'illégalité et de la foi en l'être humain.

Mon premier geste fut de téléphoner à mon ami Terry B., un directeur de maison de désintox. L'homme me devant une faveur, il accepta avec plaisir de me rendre ce service. André avait maintenant un moniteur qui l'attendait. Comme je devais le détenir, André consentit tout sourire à une accusation d'entrave à mon travail de policier. Il me restait à trouver un avocat qui, sachant tout de ce que je faisais, l'approuverait et contribuerait à garder notre jeune en prison. L'exercice était périlleux, mais nécessaire. André obtiendrait sa désintox. Pas question de le laisser tomber.

Le reste du plan se concrétisa en moins d'une heure. Je contactai Donald, un vieil ami avocat de la défense. Cet homme droit, et de droit, me promit d'être à la cour dès le lendemain. L'avocat ne s'objecterait pas à la demande de détention et ferait la demande de placement pour la désintox. Nous avions réalisé notre part de l'affaire.

Quand tout fut réglé, je pris André à part. Si d'aventure il décidait de changer d'idée, de raconter ou nier les faits, il pouvait me mettre dans un drôle de pétrin. Pire, il aurait aussi englué mon ami Donald dans cette mélasse. Pour tous les deux, il y allait de notre job! André me faisait confiance et je devais faire de même.

Mon protégé passerait les six prochains mois en maison de thérapie. Ce qui arriverait lui appartenait maintenant. Il le fera très bien, malgré des hauts et des bas.

L'histoire finit bien. Ce jeune homme a une famille maintenant. Il travaille dans les mines et il est demeuré sobre depuis.

Et maintenant: pensez bien, prendriez-vous le risque? N'oubliez pas, il n'y a pas de mauvaises réponses, juste des visions différentes.

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