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Qu'on en finisse à propos de la laïcité

Le pauvre premier ministre n'est même pas encore assis sur le joli fauteuil rembourré de l'Assemblée nationale, qu'il doit faire face à la grogne de nos idéologues religieux se disant pro libertaires.
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Nous aurons sûrement droit aux éternelles jérémiades et aux slogans accompagnant les marches pour le respect du port de signes religieux.
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Nous aurons sûrement droit aux éternelles jérémiades et aux slogans accompagnant les marches pour le respect du port de signes religieux.

Tout ce qui traîne se salit. Le combat qui a coulé le PQ, il y a quatre ans, était celui de la laïcité. Cette formation politique prônait l'interdiction du port de tout signe religieux pour les gens en position d'autorité. Il y aura eu quelques marches de protestation, plus un tollé presque général de la part de la communauté musulmane, même que les imams ont jugé bon de demander à leurs fidèles de boycotter le PQ lors des élections de 2014.

Si ma mémoire est fidèle, nous, les «de souches», étions devenus des xénophobes, des racistes finis, des gens refermés sur eux-mêmes, des arriérés n'acceptant pas l'autre.

Pourtant, accepter la laïcité comme base d'un État, c'est tout simplement éviter tout conflit avec l'autre. Comme le disait mon père: «En société, il y a deux sujets que tu dois éviter... la religion et la politique. Les deux mènent infailliblement à la discorde.»

Voilà que deux jours à peine après sa victoire éclatante aux élections, Monsieur Legault relance non seulement le débat, mais compte faire adopter la loi sur la laïcité, en incluant les enseignants. La probable vice-première ministre a déjà démontré ses couleurs: ceux qui ne vont pas céder perdront leur emploi. Il faut donner ça à ce gouvernement, il n'a pas peur de la controverse.

Déjà des groupes se forment et préparent des manifestations. Oui, il semble que les premières manifs commenceront dès samedi. Le pauvre premier ministre n'est même pas encore assis sur le joli fauteuil rembourré de l'Assemblée nationale, qu'il doit faire face à la grogne de nos idéologues religieux se disant pro libertaires. J'imagine qu'en voulant éviter Charybde, ils se sont heurtés à Scylla. Pas facile de louvoyer.

Donc, voilà un autre parti politique «xénophobe et raciste». Il ne reste plus que les deux autres aux libertaires dogmatiques. Entre les libéraux et les solidaires, le choix est cornélien. Un parti sans grandes convictions autre que l'économie des amis et un autre possédant peut-être trop de convictions marx... rassembleuses.

Si notre petit bout de pays, car nous appartenons toujours à la fédération canadienne, avait, dès les années '80, mis la laïcité au programme politique et réglé la question, les arrivants auraient été contraints de suivre une règle établie et nous ne serions pas encore une fois empêtrés dans un combat totalement prenant et parfaitement inutile. Prenant, parce que nos forces vives devraient se tourner vers la disparition de nos fleurons, la protection de nos acquis, le futur de notre économie de marché, l'éducation, la santé et j'en passe.

Nous n'avons pas à subir l'intolérance à peine masquée de certains groupes religieux.

Je suis pour la laïcité. Notre idéologie religieuse se pratique chez nous, tout comme le sexe. Je n'ai pas à savoir si ton Dieu est le meilleur. Nous n'avons pas à subir l'intolérance à peine masquée de certains groupes religieux. Dans les années 60, nous avions les bérets blancs. Ils nous faisaient bien rire et même si nous étions à l'époque plus proche de l'église, nous nous détachions lentement de toutes ces bondieuseries. Il nous restait les Témoins de Jehova frappant à a porte le samedi matin, mais même eux ont un peu baissé les bras.

Donc citoyens, préparons-nous aux marches contestataires et à quelques années de procédures devant les tribunaux. Nous aurons sûrement droit aux éternelles jérémiades et aux slogans accompagnant les marches pour le respect du port de signes religieux. Nous y verrons Manon et son petit suiveux, ainsi que tous ceux voulant se faire un bénéfice politique. Il y en aura quand même moins que pour le défilé de la fierté gaie, priorité oblige.

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