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Décès d'Alain Magloire: une décision fatale

Un homme malade armé d'un marteau, un homme dangereux, violent, paranoïaque. Un homme qui pourtant est un bachelier aimé et admiré. En pleine crise, il est entouré de quelques policiers. Que s'est-il passé?
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Un homme malade armé d'un marteau, un homme dangereux, violent, paranoïaque. Un homme qui pourtant est un bachelier aimé et admiré. En pleine crise, il est entouré de quelques policiers. Que s'est-il passé?

Il est un peu tôt pour juger, un coroner a demandé une enquête publique. Mais peut-on à la lumière des bribes d'informations qui nous parviennent, se faire une petite idée.

Depuis quelques années, plusieurs cas de coups de feu impliquant le SPVM ont été répertoriés. Il semble qu'une courbe ascendante se soit dessinée. Pourtant, les policiers sont de plus en plus éduqués, entraînes, formés. Ils portent une carapace, un pistolet automatique, un bâton métallique et du poivre de Cayenne. Comparés à nous, les anciens, ils sont de parfaits robot-cops. Mais, est-ce que ça règle tout?

Un homme en pleine crise de délire décuple sa force. Il ne sent ni la douleur, ni la fatigue et peut arriver à renverser trois ou même quatre hommes à la fois. Il m'est arrivé de rencontrer cette situation pendant ma carrière et je ne le souhaite à personne. Se faire transporter en pleine course, et en pleine rue, alors que l'on tente un étouffement par l'arrière, ça tient du rodéo de haute voltige. «S'efforcer de ne pas blesser un homme d'âge mûr, en proie d'une crise de paranoïa, et se faire traiter de barbare par le médecin en entrant avec le vieillard menotté». Une malchance, une mauvaise décision et l'homme se retrouve mort par ta faute.

Personne n'est préparé à ce genre de situation, pas même les médecins. Un pistolet électrique? Le risque est qu'il faudra plus d'un choc pouvant devenir aussi dommageable qu'une balle de pistolet. Les bâtons feront l'affaire, mais en combien de coups. Le poivre? Totalement inefficace en temps normal sur 20% des gens et 100% sur des gens en crise. Tenter de plaquer l'homme au sol exige un contrôle et un sens du timing près du billet de loto. Un instant trop tôt ou trop tard, vous êtes blessé. Vous me direz que c'est dans le job! Oui, mais, le feriez-vous? Même un flic hésite devant l'idée un coup de marteau sur la tête.

Un policier a suivi un de mes conseils: lui rentrer dedans avec la voiture, le succès fut mal exploité. Comme je le disais, un instant trop tôt ou trop tard. Une policière tombe, son partenaire prend une décision fatale. C'est fini. Il devra vivre le reste de ses jours avec ce geste.

Nous, nous aurons des mois, voire des années pour commenter, peser, juger, recommander et ça, on y manquera pas.

Pour ce qui est des policiers envoyés à l'hôpital, cette mesure préventive vient d'une procédure normale. Personne ne s'étonne que des dizaines d'élèves, professeurs, parents ou citoyens soient suivis par des psys lors d'événements tragiques. Bien... Pour ces sept flics, l'événement est tragique.

À mon époque, «on n'en avait pas besoin», mais le taux de suicide était plus élevé. En 1987, mon ami Allan Gosset fut interrogé sans droits et sans avocats, quelques minutes après un drame, derrière le poste 15 de Notre-Dame-de-Grâce. Puis, il fut laissé seul avec ses fantômes. Les enquêteurs se sont servis des déclarations à chaud pour accuser le policier.

Un incident d'une telle ampleur laisse des marques: le bon ou mauvais jugement du policier le suivra pour toujours.

Que faire? Peut-être revoir le système hospitalier en psychiatrie, former d'autres experts en intervention policière, plus de travailleurs de rue. Je ne sais pas, le coroner non plus.

Nous aurons droit à une série de recommandations et avec un peu de chance, elles seront suivies avec succès. Pour ma part, grossir le gabarit des gars du centre-ville, un peu comme à Toronto, serait une piste de solution. Des cours d'intervention en santé mentale en seraient une autre. Mais des cours de ci et deçà, les policiers en ont... Faut-il encore qu'ils soient adaptés.

L'arme de service est la dernière carte à jouer. Peut-être faut-il le rappeler à nos jeunes policiers.

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