C'est pas ma faute!

Au moment où j'écris, je suis en train d'admirer le travail des cols bleus de mon secteur. Aujourd'hui, c'est jeudi et même s'il n'y a pas de neige du côté où ils grattent, ils grattent. Tant pis pour l'autre côté de la rue qui est pris dans dix centimètres de glace. Ce n'est pas la bonne journée. Comme le disait un employé : « C'est comme ça! »

Réponse d'une agente de sécurité municipale à qui je donne de l'information sur un voleur de vélo: « En attendant peux-tu sortir du parc».

Je suis tellement fatigué d'entendre: «C'est pas ma faute», «C'est comme ça», «J'y peux rien», «L'ordinateur le dit», «C'est pas mes oignons». Avons-nous collectivement décidé de débrancher notre cerveau?

Il y a moins d'une semaine, une jeune femme passe à la télé pour dire que ce n'est pas sa faute si son coloc qui n'a pas de permis conduit un camion qu'elle a mis à son nom. Mieux, c'est la faute du père séparé si son coloc avait ses enfants dans le camion sans ceinture. Le coloc a un dossier judiciaire: pas ma faute, je le savais pas! Que dire de plus?

Il y a deux mois, un jeune se fait brasser par la police après un vol avec violence. Pauvre lui! Les médias s'en emparent et voilà la croisade. Quelqu'un a pensé à la victime? Pas le temps, pas intéressant, pas à moi de faire ça.

J'ai aussi assisté à quelque chose qui aurait pu être drôle. Un fonctionnaire ayant mal retransmis des informations sur l'ordinateur. Réponse: « Il faut que tu checkes, c'est à toi à regarder. »

Au mois d'août dernier, dans un dossier de pédophilie, un jeune avocat de la couronne fait une erreur dans un libellé. Je me rends à son bureau et courageusement, il me lance au téléphone, car il ne daigne pas lever son cul de fonctionnaire: « Je ne suis plus au dossier... » Clic!

Il n'y a pas si longtemps, je me suis fait dire par une conductrice: « Vous m'avez vu, vous auriez dû reculer. » Elle venait de pousser ma voiture avec la sienne. Ou un bonhomme : « J'tai même pas touché ». Un autre qui emboutit une voiture dans un stationnement, devant plusieurs personnes, et tout ce beau monde détourne la tête : faut surtout ne pas être impliqué.

Dans une école, un enfant de sept ans ne veut pas porter de bottes en plein hiver. La réponse du père: « Il est assez vieux pour prendre ses décisions, je n'ai pas à intervenir. »

Je ne sais pas pour vous, mais même si ce n'est pas votre faute, il doit tout de même y avoir un peu de responsabilités. Nous vivons en société, nous sommes des êtres humains, pas des souris qui attendent le moment d'être dévorées par le chat. Faudrait peut être se réveiller, mais je ne me fais pas d'illusions. Moi qui suis habituellement d'un optimisme crasse, je dois avouer qu'il m'arrive de penser qu'avant de s'améliorer, ça ira plus mal.

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