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Le PQ sans QS: que faire maintenant?

Je pense que le PQ doit rester lui-même, soit un parti indépendantiste, social-démocrate et nationaliste québécois. Il pourrait ainsi rallier les indépendantistes déçus et les progressistes qui se trouvent, entre autres, à QS, et les nationalistes qui se trouveraient à la CAQ.
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Depuis le congrès de Québec solidaire, le rejet des accords électoraux, l'entente des OUI-Québec qui a nui à QS, et la partielle dans Gouin, plusieurs analystes et citoyens se sont prononcés sur le sujet et sur ce que devrait faire le Parti québécois après ces événements. Pour ma part, je pense que le PQ doit rester lui-même, soit un parti indépendantiste, social-démocrate et nationaliste québécois (à ne pas confondre avec l'idéologie de groupuscules racistes et xénophobes occidentaux). Il pourrait ainsi rallier les indépendantistes déçus et les progressistes qui se trouvent, entre autres, à QS, et les nationalistes qui se trouveraient à la CAQ. J'irais même plus loin en proposant de jouer la carte anti-establishment, puisque les élites sont presque toutes anti-indépendance, et que la stratégie péquiste ressemble un peu à l'approche de mouvements anti-establishment. Cependant, on ne parle pas de mouvements violents, mais plus de gens comme Bernie Sanders, Jean-Luc Mélenchon ou des formations politiques, comme le Parti pirate islandais ou le Mouvement 5 étoiles italien, qui prônent la mise en place de réformes, rendues maintenant nécessaires. Pourtant, c'est bien beau de promettre des choses pour se faire élire, mais le PQ devra donner raison à ceux qu'il aura réussi à convaincre. Il faudra donc aller de l'avant avec un programme et une gouvernance originale et audacieuse. En voici les détails.

Une gouvernance péquiste qui serait élue en 2018 devrait arranger son mandat selon trois axes. Le premier est une approche que j'ai appelée la « Gouvernance de reconstruction ». Cela est déjà dans la plateforme du Parti québécois. Après avoir mis fin à 15 ans de gouvernance libérale, marqués entre autres par l'austérité, le Québec a besoin d'une gouvernance plus marquée à gauche, surtout pour que les classes moyennes et défavorisées cessent d'être les victimes du sabrage constant du filet social. En fait, je pense que le chef péquiste devrait prendre l'engagement que les classes moins fortunées n'auront plus à se serrer la ceinture (chose qu'on leur demande depuis 15 ans). La plus grande aberration, particulièrement depuis trois ans, est que l'austérité a surtout été idéologique. Les cibles du gouvernement Couillard ont surtout été des choses essentielles, qu'il faudra ramener. Donc, le gouvernement péquiste devrait s'affairer à supprimer toutes les coupures inutiles et de ramener le Québec vers un État plus consistant, d'où le nom « Gouvernance de reconstruction ». On satisferait les progressistes et des nationalistes, puisqu'on restaure un État plus présent que maintenant, ainsi que les classes moins fortunées, pour leur redonner du souffle.

Le deuxième axe serait ce qui est appelé le « Nettoyage de l'État québécois ». On parle très précisément de la corruption, des problèmes d'éthique et de la perversion de nos institutions par les gouvernements libéraux. C'est un gros morceau, mais il s'agit des manœuvres entreprises autant par Charest que par Couillard pour détruire l'État québécois. On parle autant du changement de rôle de la Caisse de dépôt (et des 40 milliards perdus), que du scandale à la SIQ, du comté 127, des liens de certains ministres avec Marc-Yvan Côté ou Arthur Porter, ou de Charest qui transporte de l'argent dans une voiture de fonction, ou encore du bourbier au MTQ. De grandes « réalisations » libérales. Cela doit définitivement cesser! Cependant, il faudra aller plus loin que de simplement appliquer les recommandations du rapport Charbonneau et simplement mettre en place des mécanismes pour que ça ne se reproduise plus. Il faudra poursuivre le travail et débusquer tout le système. Cela doit être une priorité, ce qui explique pourquoi c'est un des trois axes. La CEIC n'a couvert, après tout, que le monde municipal et a effleuré à peine le palier provincial. Il faudra donc ultimement trouver les coupables et les mettre sous les barreaux. Le PQ restaurerait ainsi la confiance et l'appréciation du public.

Le Québec se retrouve plus compétent, plus en contrôle de choses qu'il pourra administrer selon ses aspirations, tout en s'opposant au gouvernement fédéral.

Finalement, le troisième axe porte le nom de « Stratégie de renforcement ». Il s'agit de donner plus de capacité d'action face au gouvernement fédéral, à partir du simple constat qu'Ottawa agit délibérément contre le Québec et ses intérêts. Sachant le montant d'argent qu'on envoie par nos taxes et impôts (53 milliards), nous en perdons carrément pour notre argent. Il faudra agir par rapatriements unilatéraux pour administrer ces choses nous-mêmes. Le gouvernement mettra en place une politique véritablement nationaliste, ce qui pourra rallier des électeurs caquistes (le PQ agit, contrairement à la CAQ), ainsi que de nombreux indépendantistes, puisqu'on renforce le Québec, étape essentielle en vue de son indépendance prochaine. Le Québec se retrouve plus compétent, plus en contrôle de choses qu'il pourra administrer selon ses aspirations, tout en s'opposant au gouvernement fédéral.

À la fin du mandat, avec le contenu de ces trois axes réalisés, en 2022, le Québec se trouvera en meilleure position qu'il ne l'avait été quatre ans plus tôt. L'austérité du gouvernement Couillard aura été effacée et le Québec se portera beaucoup mieux; la corruption, les problèmes d'éthique ne seront plus qu'un mauvais souvenir et les responsables seront sous les verrous; et l'État québécois sera beaucoup plus fort puisque ses capacités d'action seront plus grandes. Cela pourrait convaincre une grande partie de la population à réélire le Parti québécois. Cependant, l'élection de 2022 aura parallèlement une autre signification, puisque le PQ jouerait la carte indépendantiste. En effet, cette élection mènera au pas ultime: obtenir le mandat de réaliser l'indépendance, chose qui sera l'enjeu de l'élection. La population serait en grande partie convaincue que le gouvernement sortant est solide pour amener le Québec vers sa liberté politique. Si on gagne, le processus peut s'enclencher; sinon, ce sera partie remise. En étant reporté au gouvernement, le PQ pourra procéder à la coupure des derniers liens avec Ottawa et proclamer la République du Québec. Le Parti québécois aura réalisé son plan, et le Québec aura finalement sa place à l'ONU. On peut donc constater que préparer l'indépendance commence dès maintenant, alors, comme disait feu Jacques Parizeau, « on se crache dans les mains, et on recommence! »

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