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Le paradoxe de l'émotion au travail

N'oublions pas que c'est dans le mental émotionnel que résident les sources du dynamisme et de la créativité !
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Upset woman with her head in her hands
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Upset woman with her head in her hands

Les émotions gouvernent le monde mais l'entreprise veut se convaincre qu'elles n'existent pas. C'est seulement du bout des lèvres que les responsables RH en reconnurent l'existence par l'émergence de la notion d'"intelligence émotionnelle". L'intelligence rationnelle se mesurait grâce au QI, on évaluera donc l'intelligence émotionnelle grâce au QE. Ce quotient est actuellement doté de toutes les vertus, un score élevé donnant la promesse d'une belle carrière. Cette inflexion sera-t-elle suffisante pour voir nos dirigeants changer leur style managérial ? On peut en douter : les épreuves d'intégration de leurs écoles y restent insensibles : les énarques de demain garderont leur froideur rationnelle.

Le monde du travail demande au salarié de domestiquer ses émotions selon des exigences paradoxales. Tout en les "contrôlant", il doit disposer d'une sensibilité intuitive assez aiguë pour le guider dans ses relations sociales et ses décisions (définition de l'intelligence émotionnelle). Mais comment allier l'impassibilité du légionnaire à la sensibilité de l'artiste ?

Dans le quotidien des entreprises mieux vaut être impassible : laisser transparaître une émotion est interprété comme un signe de faiblesse. D'ailleurs le "quotient émotionnel" se focalise sur les émotions "utiles". La colère, la frustration, la tristesse ou la peur restent officiellement bannies du monde des affaires. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les réactions étonnées des directions devant les violences de salariés licenciés : comment osent-ils ?!

Les conséquences de ce blindage émotionnel sont aussi bien psychologiques (pics d'anxiété et déprimes), que comportementales (tabagisme et autres dépendances) ou physiques (impact cardiaque, digestif etc...). Au quotidien, le salarié se protège en étant moins impliqué et sa productivité s'émousse.

Alors, comment résoudre ce paradoxe aussi dommageable pour le salarié que pour l'entreprise ? Voici quelques pistes de réflexion...

  1. Intégrer une épreuve artistique à fort coefficient pour l'admission aux écoles d'ingénieurs ou de commerce. Quand verra-t-on un concours de poésie pour l'admission à l'école Polytechnique ?
  2. Considérer l'émotion et son expression comme un signe de santé. Créer des moments de partage de l'émotion en entreprise pour établir des liens relationnels de qualité. Laissons l'art rentrer au bureau, les départements comptabilité et marketing s'extasier sur la même musique !
  3. Créer une culture d'entreprise permettant à chacun d'exprimer aussi ses émotions négatives. Elles sont douées d'une grande force créatrice : c'est la tristesse éperdue d'un souverain moghol qui nous a valu le Taj Mahal.

"Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don". Comme cet excellent violoniste que fut Albert Einstein, n'oublions pas que c'est dans le mental émotionnel que résident les sources du dynamisme et de la créativité!

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