«Un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur».
C'est en ces mots que Joseph Ratzinger parlait de lui le 19 avril 2005, alors qu'il apparaissait pour la première fois au balcon de Saint-Pierre quelques minutes après son élection. C'est ainsi qu'il n'a cessé de se présenter: comme un serviteur ordinaire qui remplissait humblement et de son mieux, la mission qui lui était confiée.
Cette mission était lourde, il s'en ouvrait parfois, comme dans Lumière du monde (publié chez Bayard), la longue interview qu'il publiait avec le journaliste allemand Peter Seewald. Ainsi il reconnaissait, c'était il y a trois ans, que ses forces faiblissaient.
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Des signes avant-coureurs
Les observateurs avertis avaient aussi noté le geste très étonnant de Benoît XVI, qui, en 2009, allant visiter les réfugiés italiens après le tremblement de terre de L'Aquila, s'était recueilli devant les reliques de Célestin V, et surtout, avait déposé son pallium, l'un des insignes de sa charge, sur la chasse du seul pape démissionnaire de son plein gré de l'histoire catholique. De la part de Benoît XVI, le geste ne pouvait pas être anodin.
Il semble bien que pour Benoît XVI, en effet, les choses soient finalement assez claires. Le simple travailleur ne se sent plus les forces suffisantes pour remplir sa mission, donc, il démissionne. Il y a dans cette simple humilité une grandeur émouvante.
Un homme moderne
En cela, Joseph Ratzinger montre à quel point il est un homme moderne. Il sait qu'il y a l'homme et qu'il y a la fonction. Il a rempli la fonction. La charge est maintenant lourde, trop, pour une personne de son âge: il reprend sa vie d'homme.
Il en avait déjà donné un signe étonnant en signant sa trilogie sur Jésus du double nom: Benoît XVI-Joseph Ratzinger. Le pape n'avait pas fait disparaître l'homme, l'universitaire, le savant, le chercheur. Il soulignait dans son introduction que ces livres devaient être considérés comme les œuvres personnelles de l'homme Ratzinger, et non comme une parole d'autorité du souverain pontife.
Finalement, cette démission n'est pas étonnante. Elle est bien dans son caractère. Point de lyrisme, de romantisme, beaucoup de raison et de rigueur.
Le billet de Christine Pedotti se poursuit après la galerie
Le premier pape de l'âge moderne à démissionner
L'histoire portera un jugement sur son pontificat, mais elle n'oubliera pas qu'il aura été le premier pape de l'âge moderne à démissionner. On ne peut que lui en être extrêmement reconnaissants.
Quand un homme aussi sage et probe que Benoît XVI initie cette possibilité de démission qui bien que prévue par le droit canon ne semblait pas pouvoir être utilisée, il en ouvre la possibilité à tous ses successeurs. Notre époque qui, nous nous en réjouissons, permet à beaucoup d'entre nous d'arriver jusqu'aux grands âges, nous oblige à nous préparer à ce passage vers le repos mérité des bons et fidèles serviteurs.
Benoît XVI, en redevenant Joseph Ratzinger nous montre une voie de lucidité exemplaire.
En un mot comme en 100, bravo, bravo ! Il n'y a plus qu'à souhaiter à Joseph Ratzinger de couler d'heureux jours, entre son piano, ses chers livres et ses chats en se préparant à l'ultime rencontre avec celui qu'il a servi et aimé toute sa vie.
Reste qu'après ce geste, la responsabilité pontificale ne sera plus jamais tout à fait la même. En osant la quitter, Benoît XVI l'a certainement rendue plus humaine. Puisse son successeur en profiter pour en humaniser aussi l'exercice.
Mais la question de sa succession appartient à demain, aujourd'hui, saluons l'honnête homme.
Dans Vatican 2035, "Pietro de Paoli" avait d'ores et déjà prédit la démission de Benoît XVI.