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Je vote pour... Micheline Lanctôt

Il faut convaincre, rallier, mobiliser et même soulever cette opinion publique qui ne semble pas réaliser que les coupures du PLQ nous amèneront dans un mur d'ici peu, et que leur portefeuille en sera inévitablement affecté.
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Micheline Lanctôt, réalisatrice de 67 ans, personnalité bien connue du public québécois pour son personnage coloré dans la télésérie Unité 9, a récemment accordé une entrevue en marge du lancement de son documentaire Autrui, que vous pouvez lire ici.

Dans cette entrevue, Mme Lanctôt appelle les Québécois à se mobiliser face aux politiques du gouvernement Couillard. Un soulèvement populaire, digne des proportions du «Printemps érable», pour faire reculer le PLQ sur ses mesures qui, encore une fois, ne toucheront de plein fouet que les gens les moins fortunés.

«J'espère qu'il y aura une réaction à la hauteur de ce qui se passe, car c'est très sérieux. Je trouve que le soulèvement des casseroles de 2012 s'est éteint trop vite. Il faut que les manifestations reviennent à l'avant-plan.»

Le franc-parler de Micheline Lanctôt est bien connu, c'est l'un des aspects ayant charmés les Québécois dans son fameux rôle d'Unité 9. La voir tirer à boulets rouges sur le gouvernement Couillard n'est pas une surprise, bien au contraire. Ce sont plutôt les indicateurs de mesure d'appréciation pour cette entrevue, les statistiques des médias sociaux (likes, shares et autres), qui semblent illustrer un vent de sympathie pour ses déclarations: 20 000 likes, c'est du sérieux. On croirait que les internautes partagent son point de vue.

Alors, où sont passés ces citoyens ayant permis au PLQ de devenir majoritaire, si peu de temps après tous ces scandales en séries ayant causé la perte du gouvernement honni de Jean Charest? Ah oui, c'est vrai, ils chialent contre les petits fonctionnaires qui gagnent trop d'argent à 60 000 $ par an, ou contre les «BS» pas fichus de travailler.

Parce que construire des routes non rentables à coups de millions pour des compagnies qui créeront des emplois pour à peine quelques années avant de déménager leurs pénates ailleurs sans ramasser leurs merdes, c'est de l'argent bien investi, ça! Tant qu'à y être, fermons la Gaspésie, la Côte-Nord et l'Abitibi pour ramener tout ce beau monde travailler pour des salaires réduits de 50% dans les grands centres!

Micheline Lanctôt est une artiste engagée, mais il y en a plein d'autres. Ils sont connus, certains archi-connus, la plupart sont traditionnellement de gauche, impliqués dans des causes humanitaires, pour l'environnement, pour la redistribution de la richesse, etc. Leurs voix sont primordiales pour contrecarrer ce foutu discours dominant mais ô combien erroné, à savoir que nous n'avons plus les moyens de payer pour les plus démunis puisque nous vivons déjà au-dessus de nos moyens.

Il faut des catalyseurs d'opinion publique, des gens respectés et aimés pour nous rappeler que l'occupation du territoire est primordiale pour le conserver, même si cela n'est pas immédiatement rentable, que les emplois les plus durables sont ceux qui resteront toujours ici, que de s'occuper des plus démunis est non seulement une solution économique viable à long terme, mais un devoir de société, et que de se faire faire la leçon par des gens qui ne pensent qu'en termes purement économiques conduit inévitablement à des crises comme nous avons maintes fois pu le constater par le passé.

J'invite tous les artistes du Québec, les personnalités publiques qui partagent cette opinion, de près ou de loin, à propager le plus fortement possible ce contre-discours face à cette abjecte austérité rampante.

Il faut convaincre, rallier, mobiliser et même soulever cette opinion publique qui, parfois, ne semble pas réaliser que les coupures du PLQ nous amèneront dans un mur d'ici peu, et que leur portefeuille en sera inévitablement affecté.

On utilise des économistes et d'autres statistiques plus complexes les unes que les autres pour tenter de nous faire avaler que notre filet social doit être réduit comme peau de chagrin, parce que nous ne pouvons plus nous le payer. Que ferons-nous lorsqu'il n'y en aura plus? Quand aller à l'hôpital vous coûtera un bras, que les frais pour éduquer vos enfants vous coûteront l'autre, que vous pourrez à peine vous permettre de placer vos enfants à la garderie?

Faut-il se rendre jusque-là pour que les gens comprennent enfin que si tout cela nous coûte cher, c'est que la valeur de ce filet social que nous nous sommes créés, que nous payons via taxes et impôts, est inestimable?

Et même si, comme l'a récemment déclaré le docteur Gilles Julien (le seul à ne pas avoir subi de coupures dans le domaine socio-communautaire et à avoir même vu son budget augmenter), vous pensez que l'État n'a pas à élever nos enfants, donc à payer pour eux, comment réagirez-vous lorsque vous aurez à payer la totalité de ce que cela coûte en réalité? Vous réagirez sûrement comme nous, les Québécois, le faisons très souvent: vous vous indignerez en criant haut et fort, et vous utiliserez toutes vos énergies à tenter de trouver des solutions alternatives pour sauver quelques dollars. Et pourquoi pas, pour faire changement, prévenir cela en se mobilisant tout de suite contre des mesures qui ne favorisent que les mieux nantis?

Madame Lanctôt, vous êtes une femme respectée, inspirante et allant toujours droit au but. Je vous respecte énormément, d'autant plus que nous nous sommes connus dans une autre vie (votre fils, une mauvaise histoire de nez cassé en jouant au football, etc.) Je sais pertinemment que la probabilité que vous vous présentiez pour un parti politique, quel qu'il soit, varie de minime à nulle. Vous vous feriez beaucoup trop «chier», pardonnez-moi l'expression, dans les hautes sphères politiques. Mais sachez ceci: si jamais vous faisiez le saut, peu importe le parti que vous choisiriez, je voterais pour vous, et je ne serais pas le seul. Pour plusieurs raisons évidentes, mais une énorme en particulier: contrairement à d'autres présentement titulaires de portefeuilles, vous avez le cœur à la bonne place...

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