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Les vrais problèmes...

Les vrais problèmes du Québec, c'est que ceux qui nous dirigent ne travaillent pas pour l'intérêt général, pour l'ensemble de la population, mais pour eux-mêmes et pour leurs amis.
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Une résurrection. Tel un phénix, après six mois d'absence sur ce blogue, je tente de renaître de mes cendres.

Après trois mois et demi passés à l'étranger, en Europe, à vivre la vie en condensée, je reviens dans ce Québec glacé où les nouvelles politiques s'enlisent dans une exaspération continue. Après tout ce temps, rien n'a changé. Le contraire aurait été étonnant, il va sans dire, mais il est extrêmement frustrant de voir que notre cher gouvernement continue de saper nos avancées sociales à grands coups de marteau-piqueur.

Je reviens d'Europe, où les réfugiés arrivent par millions, où les frontières normalement si ouvertes se referment à vue d'œil, et où les clivages politiques se cristallisent autour d'un dilemme sans précédent pour le Vieux continent: accueillir ou ne pas accueillir tout ce beau monde.

La droite se radicalise au possible, la gauche déchire sa chemise sur la place publique, l'humanisme au bout du bras tel un flambeau. Et dans tout ce bordel, un attentat à Paris, une chasse à l’homme en Belgique et des groupes organisés d’une ampleur inégalée venus harceler des femmes en Allemagne au Jour de l’An viennent alimenter la peur de l’Autre, de celui qui arrive sans rien ni personne, demander refuge parce que chez lui, c'est la guerre. Parce que, cachés dans ce flot de braves gens, il y a de vrais dangers... Ça, c'est un vrai problème, et la solution commune européenne tant espérée semble si loin.

Mais ici, nous accueillons quelques milliers de Syriens à bras ouverts, faisant la Une de tous les journaux. Et les budgets semblent même suivre, pour une fois, ce qui est si peu souvent le cas pour accueillir ces immigrants qui viennent repeupler le Québec. Nous sommes si chaleureux!

Parce qu'ici, les vrais problèmes, ce sont ces pauvres qui vivent aux crochets de l'État, suçant notre argent si durement gagné; coupons leurs chèques déjà inadéquats, et forçons-les à retourner sur le marché du travail, travailler au salaire minimum dans des emplois inintéressants! Ça, c'est un vrai problème. Et tant qu'à y être, ces handicapés et ces gens ayant des problèmes mentaux, coupons dans les ressources qui tentent de leur redonner de la dignité, de la confiance et des compétences, parce que les résultats sont longs à obtenir et on ne veut pas attendre! Forçons-les, eux aussi, à retourner sur le marché du travail, et peu importent les résultats de ce retour forcé, lavons-nous en les mains, c'est leur problème.

Il y a plus de 10 000 itinérants recensés à Montréal. Mais ça, ce n'est pas un problème, c'est de leur faute. Assurons-nous simplement de les cacher, pour que ces touristes que la chute dramatique du dollar canadien attire en nombre record ne voient pas cette misère underground de notre belle métropole économique. C'est long, sortir quelqu'un de la rue, et ce n'est pas payant. Les résultats tardent à venir, c'est un échec. Cessons de financer les cas lourds, donc presque tous, et n'aidons que ceux qui pourraient s'en sortir rapidement!

Les employés de l'État, qui font tourner la machine, se plaignent de retards salariaux sur le privé, et contestent à majorité écrasante les (mauvaises) lois et réformes proposées par le gouvernement. Proposons-leur des offres faméliques, et appuyons-nous sur la population pour illustrer qu'ils se plaignent la bouche pleine. Diabolisons-les, et ensuite attendons-nous à ce qu'ils retournent au travail docilement, peu importent les conditions qu'on leur donne et la clientèle qui augmente sans les budgets.

Mais Bombardier a un gros problème de liquidité parce qu'ils ont mal placé leurs billes? Renflouons-les sans condition, ils sont rouges jusqu'aux bas. Les médecins ont perçu 800 millions en honoraires versés en trop? Ce sont des amis, prétendons que nous ne pouvons pas récupérer cet argent. Nous ne sommes pas blâmés directement par la Commission Charbonneau? Nous n'avons donc rien à nous reprocher, comme nous vous l'avions répété à de si nombreuses reprises. Et après avoir coupé dans tout ce superflu, ces mesures qui aident des gens qui à majorité écrasante ne votent pas pour nous, changeons les ministres au jeu de la chaise musicale du «mérite», et prétendons que le temps est venu d'investir! 250 000 emplois sont en route, échéance: la prochaine élection, juste avant!

Les vrais problèmes du Québec, c'est que ceux qui nous dirigent ne travaillent pas pour l'intérêt général, pour l'ensemble de la population, mais pour eux-mêmes et pour leurs amis. Que par une sordide mixture de désintéressement populaire, de mots creux et vagues répétés ad nauseam et de complexité du système, ils nous assurent faussement qu'ils n'en font rien. Que les alternatives à ceux qui nous dirigent, grâce à notre mauvais système de votation, ne sont guère mieux ou rêvent trop. Que le dossier de la souveraineté pousse les fédéralistes de gauche dans les bras d'un PLQ devenu conservateur depuis l'avènement de Jean Charest. Et que les projets de société, par exemple l'électrification des transports, la création d'un Plan Nord éco-socioresponsable (ce qu'il est si loin d'être) ou le redéveloppement ciblé des régions pour continuer à occuper durablement notre territoire sont relégués aux oubliettes parce qu'il n'est pas nécessaire et complexe, pour les principaux partis, de les réaliser.

C'est que nous continuons faussement à penser, à nous faire dire, qu'il faut rentabiliser avant de construire. Que d'investir pour l'avenir, c'est d'attendre d'avoir l'argent pour le faire. Et par un superbe jeu de vases communicants, cet argent n'est jamais au rendez-vous.

Les vrais problèmes du Québec, c'est que nos gouvernements n'ont pas besoin de réaliser les projets qu'ils proposent (parfois), et qu'une fois élus à majorité, ils peuvent diriger comme bon leur semble sans rendre de comptes à personne. Le vrai problème, c'est que notre système démocratique est mal foutu, et que pour changer les choses, il faut passer par ce système, qu'on le veuille ou non. Et ce système, comme par magie, favorise toujours les mêmes, qui évidemment le sont déjà...

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