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Le Jour «J»: quelle Amérique verrons-nous?

Ce mardi 8, l'Histoire des États-Unis sera écrite à nouveau. La succession de Barack Obama sera formalisée, et deux candidats ont la chance d'inscrire leurs noms à l'encre rouge dans les Annales. Hillary Clinton? Donald Trump? L'un d'eux sera président, ce soir vers 23h.
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Ce mardi 8 novembre 2016, l'Histoire des États-Unis sera écrite à nouveau. La succession de Barack Obama sera formalisée, et deux candidats ont la chance d'inscrire leurs noms à l'encre rouge dans les Annales. Hillary Clinton? Elle serait la première femme à être Présidente du Pays de l'Oncle Sam. Donald Trump? Ce serait la première fois qu'un self-made-man, envers et contre tous, surtout contre les bonzes de son parti, se serait hissé sur la plus haute marche du podium. Les deux ont des niveaux d'impopularité sans précédent, mais l'un d'eux sera Président, mardi soir vers 11h PM.

Cet article est directement inspiré d'une discussion avec un ami, aux heures où il fait bon pour les gens « normaux » d'être couchés. Parce que nous avons le luxe, au Québec, de ne pas avoir à voter dans cette élection qui s'annonce difficile après une course longue au possible et surtout, scandaleuse, je me suis demandé pour qui il voterait. Vous comprendrez que sa réponse n'est pas la mienne... « Donald Trump. » Ça m'a un peu surpris. Je ne me doutais pas vraiment que dans mon cercle d'ami(e)s rapproché(e)s, quelqu'un voterait pour cet homme que je considère comme l'un des pires exemples politiques à jamais avoir eu accès à une haute tribune. Et pour se justifier, les mêmes arguments toujours soulevés contre Hillary Clinton :

-Elle représente l'establishment et Wall Street, qui sont corrompus;

-Elle est corrompue elle-même. Deux millions de dollars ont disparu de sa Fondation (la Fondation Clinton) sans qu'elle ne sache aucunement où ces millions sont allés (on pourrait aussi ajouter « d'où ils sont venus. »)

-Si Trump gagne, ce pays dégueulasse qui encourage les guerres partout dans le monde après avoir créé les principaux protagonistes de ces guerres dans le cadre d'autres guerres va finir par se détruire de l'intérieur.

-Trump veut se retirer de ces mêmes guerres, replier les États-Unis sur eux-mêmes, tandis que Clinton veut les poursuivre jusqu'à leur aboutissement.

En fait, le problème n'est pas que ces arguments soient faux. Ils sont en grande partie véridiques lorsqu'on s'y attarde un peu. Les liens d'Hillary Clinton avec Wall Street sont de nature publique. Elle a été Secrétaire d'État, Première Dame des États-Unis, conférencière de luxe invitée partout pour des sommes faramineuses, proche des plus grands de ce monde et de certains individus et États parfois très peu recommandables. Son mari a été Président durant deux mandats. Représente-t-elle l'establishment? Bien sûr. Est-elle corrompue? C'est possible, pour toutes les raisons citées plus haut. Dans tous les cas, elle en a eu l'occasion à de nombreuses reprises. Et les liens de la Fondation Clinton avec États et individus louches sont aussi documentés.

Si Hillary gagne, le statu quo sera en effet de mise. Elle poursuivra dans la lignée de Barack Obama, en étant probablement plus conservatrice que lui. Il n'y aura pas d'énorme poussée de racisme (pas plus qu'il y en a présentement en tout cas), le pays ne se déchirera pas sous fond de tensions raciales, et il n'y aura pas, en effet, implosion de ce pays honni parce qu'ayant beaucoup (beaucoup) trop abusé de son rôle autoproclamé de « gendarme mondial. » Et si elle gagne, les guerres amorcées par l'Oncle Sam vont se poursuivre aussi, parce qu'elle voudra terminer ce qu'elle (et bien d'autres, on ne fait pas ça tout seul!) ont commencé

La plupart des arguments avancés contre Hillary Clinton sont véridiques, ou à tout le moins proches de la réalité. Elle n'inspire pas confiance, et certainement pas après ce vent de renouveau qui soufflait sur la première campagne d'Obama. Ce n'est pas pour rien que les jeunes et la base à gauche démocrate ont autant soutenu Bernie Sanders! Et ce n'est pas pour rien, non plus, qu'on se ramasse, si près de l'issue finale, avec le sentiment que tout pourrait arriver...

Mais tout ça s'arrête à un élément extrêmement important : le système politique américain. Dans un système bipartisan, seulement deux candidats peuvent l'emporter. Et souvent, on ne vote pas pour le meilleur, mais pour le moins pire. Et dans cette situation, Hillary Clinton est définitivement et sans l'ombre d'un doute, moins pire que son adversaire. Je ne reviendrai pas sur tout ce qui fait que cet homme est un scandale ambulant, la liste est trop longue. Son élection à la plus haute fonction du pays serait un pas en arrière débilitant pour les sociétés modernes. Et surtout, sa base électorale est composée de foules sous-éduquées et principalement masculine, en colère contre les changements mondiaux et avec l'esprit d'analyse politique d'un toucan marrant (voir ici cet excellent article)

Que ces gens, incapables de voir que cet Égo vivant ne fait que cracher partout et sur tout, exciter leurs peurs et leur rêve d'une Amérique blanche-industrielle-isolationniste qui est belle et bien morte, vont continuer à accuser les immigrants de voler leurs jobs, le gouvernement d'être corrompu et de les avoir abandonnés, et continuerons à s'enfouir dans leur racisme primaire, misogyne, démagogue et sans aucun respect pour la vérité et les faits est d'une tristesse absolue. Ce monde qui se mondialise à vue d'œil laisse traîner derrière des millions d'hommes blancs caucasiens frustrés de la dilution de leurs privilèges ancestraux dans une économie globale et changeante, où les migrations nécessaires et importantes ont redéfini les balances du pouvoir. Et ce qui est le plus scandaleux, dans tout ça, c'est que peu importe que Trump gagne ou perde l'élection, ce phénomène sera là pour rester. Il a défoncé une porte ouverte en vilipendant tout le monde à droite et à gauche, en se prétendant candidat anti-establishment (comme s'il allait réellement faire quelque chose en ce sens...), et cette porte ne se refermera pas. Il a vendu un faux rêve à ses supporters, et ces derniers ne lâcheront pas prise. Parce que non seulement ils sont frustrés comme jamais, mais ils sont incapables de se réinventer dans ce monde qu'ils ne comprennent plus, parce qu'ils refusent de le comprendre. Et ce refus de comprendre les nouvelles réalités qui les entourent, doublé de cette frustration irrationnelle qui les prend aux tripes, rend ces gens extrêmement dangereux...

Et pour le plaisir, posons-nous cette ultime question : si Hillary Clinton n'avait pas été une femme, aurais-je même écrit cet article?

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