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L'élection aura lieu dans quelques jours et j'appréhende le pire, à savoir un retour du Parti libéral du Québec aux commandes d'un gouvernement majoritaire. J'en appelle évidemment au vote stratégique, mais là n'est pas le point de cet article. Le point, c'est que cette campagne électorale a été, à mon humble avis, la plus désagréable et la moins pertinente à suivre depuis que je m'intéresse à la politique.
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En ce dernier droit de la campagne électorale, j'ai décidé de mettre mon tout petit grain de sel. L'élection aura lieu dans quelques jours et j'appréhende le pire, à savoir un retour du Parti libéral du Québec aux commandes d'un gouvernement majoritaire. J'en appelle évidemment au vote stratégique, mais là n'est pas le point de cet article. Le point, c'est que cette campagne électorale a été, à mon humble avis, la plus désagréable et la moins pertinente à suivre depuis que je m'intéresse à la politique.

Pourquoi? Et bien, si vous regardez ce qui a été avancé par les principaux partis, vous remarquerez qu'on n'a pas parlé de grand-chose. On s'est insulté à qui mieux mieux, et ce allègrement; on a parlé d'intégrité, tout en essayant de convaincre qu'on n'avait rien à se reprocher; on s'est défendu, on a pourfendu, mais au final, en termes de propositions, c'est très, très faible. Ah oui, les libéraux ont proposé 250 000 emplois. D'ailleurs, à ce sujet, il est très facile de lancer en pâture aux médias des chiffres comme ce dernier, et il semblerait que nous soyons à l'heure où la population considère que les emplois, c'est la panacée.

Il suffit d'envoyer un chiffre en l'air qui frappe l'imagination pour se faire le champion de l'économie. Mais en posant quelques questions - quels emplois?, où?, seront-ils temporaires ou récurrents?, quels sont les avantages consentis aux compagnies pour les obtenir?, et est-ce que ces avantages dépassent les retombées escomptées? -, on réalise rapidement que nous n'avons aucune réponse. Mais ce sont les chiffres qui frappent l'imaginaire, pas le concret en arrière...

En utilisant des chiffres qui « punchent » et le spectre d'un référendum dans un premier mandat péquiste majoritaire, les libéraux ont fait complètement oublier aux électeurs de droite et aux fédéralistes que la corruption ayant gangréné le PLQ n'a qu'été effleurée par la Commission Charbonneau, et que les mêmes personnes qui ont pris part à tout cela seront celles qui pourraient fort bien retourner au pouvoir. Mais on le dit si bien : les électeurs libéraux préfèrent élire des «mafieux» que des souverainistes...

Du côté péquiste, je suis encore très dubitatif sur la « prise » de PKP. Non seulement cela a permis aux fédéralistes de brandir très haut la peur d'un référendum, mais en plus, cela a dégoûté plusieurs péquistes de gauche du parti de René-Lévesque (ou peut-être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est selon.) Soyons sérieux un instant : quel souverainiste parmi vous pensait sincèrement que Pauline Marois, si le PQ devenait majoritaire, aurait déclenché un référendum dans les dernières années du mandat? Pas moi en tout cas! Avec l'appui à la souveraineté à son plus bas niveau (40% selon les derniers sondages), avec aussi peu de publicité concernant le projet souverainiste pour convaincre les indécis d'y adhérer, il s'agirait présentement d'un suicide politique. Et tenons-nous le pour dit, ami(e)s souverainistes : nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un troisième référendum. Et dans ce cadre bien précis, convaincre PKP de venir grossir les rangs du PQ, je pense que quelque part, nous nous sommes tirés dans le pied...

En partant du postulat suivant : je suis souverainiste et de gauche, mais de la gauche pragmatique qui n'existe que fort peu au sein des partis politiques existants, disons que mon cœur n'a aucune idée de pour qui voter. Il y a de la gauche au PQ, mais elle se cache trop bien ces temps-ci; il y a plein de gauche chez les solidaires, mais je ne peux pas accorder mon vote à un parti qui n'a aucune chance d'être élu, dont les votes viennent gruger ceux du seul parti qui peut éviter un autre 4 ans de règne libéral, et qui rêve beaucoup et de belle façon, mais qui, lorsque vient le temps de parler « concret », semble avoir énormément de misère à le faire. Et je vous épargne Option nationale, les marxistes-léninistes et autres groupuscules de gauche. Bref, je suis baisé, si vous me pardonnez l'expression.

Je vais fort probablement voter pour le PQ, qui ne me satisfait pas vraiment et dont je n'apprécie guère le noyautage par la garde rapprochée de Mme Marois, pour avoir le droit de me plaindre si les libéraux prennent le pouvoir. C'est déprimant, mais c'est ainsi. Je vote stratégique, parce que ce que mon cœur aimerait, c'est une union des forces progressistes de gauche dans un objectif commun : reprendre le pouvoir, le garder, et tenter de faire avancer les choses vers une plus grande social-démocratie sans se mettre des bâtons dans les roues...

Le Québec semble divisé en parts presque égales entre la « Droite » (au sens large) et la « Gauche » (idem.) Par contre, le PLQ ramasse la quasi-totalité des votes de droite, tandis que les partis traditionnellement de gauche ou de « centre gauche » se partagent l'autre 50%. Dans ce contexte, le PLQ part avec deux buts d'avance à chaque élection. La seule solution, c'est de cesser d'avoir des tonnes de partis de gauche, et d'en créer un seul, avec le mot « compromis » comme leitmotiv. Comme lorsque le Reform Party de Preston Manning a fusionné avec une partie des forces politiques conservatrices canadiennes pour former l'Alliance canadienne, pour ensuite fusionner avec le Parti progressiste-conservateur en 2003, créant ainsi le Parti conservateur du Canada tel qu'on le connait aujourd'hui.

Est-ce qu'ils avaient tous les mêmes idées, les mêmes intérêts, les mêmes combats? Bien sûr que non! Mais leur idéologie de base était sensiblement la même, et dans cette optique, la fusion était leur seule chance de reprendre le pouvoir aux libéraux. En bref, ils ont sacrifié certains principes au nom d'un intérêt commun. Et cela, mes amis, est la raison majeure de l'échec de la gauche au Québec, au Canada, et parfois dans le monde : cette incapacité chronique à faire passer le bien commun avant les grands principes, à faire des compromis qui ne seront pas parfaits, mais à tout le moins mieux...

Pour finir, proposez-moi n'importe quel autre mode de scrutin que cette vieille démocratie représentative actuelle où voter pour n'importe qui d'autre que le PLQ dans Westmount ou que le PQ dans Hochelaga est un vote gaspillé, et j'y adhère. N'importe quoi vaudrait mieux que ce clivage minable, où les partis se concentrent sur les circonscriptions historiquement indécises et où une chaise pourrait être élue si elle est peinte de la bonne couleur...

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