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Et devinez sur quelles bases comparatives table la Commission Robillard? Je vous le donne en mille : sur le fait que nous payons plus cher que... l'Ontario!
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Le rapport de la Commission Robillard est sorti cette semaine : On recommande globalement de réduire les transferts aux municipalités de 1,2 milliard (excluant les récentes compressions de 300 millions), de hausser le tarif des places en garderie à 35$ par jour (pour maximiser les transferts en provenance d'Ottawa), de couper les enveloppes discrétionnaires des ministres et du soutien à l'action bénévole via les enveloppes des député(e)s (14 et 10 millions respectivement), de couper 300 millions dans l'aide aux agriculteurs et la fin du financement particulier pour les étudiants français qui viennent faire leurs études au Québec (ils paient présentement le même prix que les étudiants québécois grâce aux accords France-Québec), pour économiser 252 millions.

Et devinez sur quelles bases comparatives table la Commission Robillard? Je vous le donne en mille : sur le fait que nous payons plus cher que... l'Ontario! Sans évidemment prendre en compte les facteurs précédemment mentionnés dans mes articles et validés par l'ensemble des gens qui savent un tant soit peu de quoi ils parlent, que l'analyse comparative un pour un du Québec et de l'Ontario ne tient pas la route. La Commission Robillard se permet aussi de prendre position, alors qu'elle reste frileuse sur des tonnes de dossiers, pour le financement des écoles privées.

L'article que j'ai choisi de citer pour ce blogue est ainsi titré : «Le prix de l'austérité: 2,3 milliards» Ce montant, c'est la somme nécessaire pour revenir à l'équilibre budgétaire dès l'an prochain, selon le PLQ. Il semble bien dérisoire quant aux coûts réels associés à l'austérité, que nous comprendrons pour notre plus grand déplaisir dans une décennie. Toutes les mesures annoncées et/ou proposées pigent dans les poches des familles et des citoyens, directement (fin de la gratuité des services d'ambulance pour les personnes âgées de 65 ans et plus, hausse des frais de garde en CPE et en garderies subventionnées, hausses en continu des frais d'hydroélectricité, etc.) ou indirectement (hausses des taxes des municipalités à cause des compressions, stagnation des salaires et hausses potentielles des impôts et du coût des services liés au fait que l'économie québécoise, portée par la consommation de masse et la création de capital comme toute économie de type capitaliste, tournera au ralenti dans les prochaines années.)

Mais voilà : En tirant de tout bord, tout côté comme il le fait actuellement, en lançant des ballons d'essai pour apeurer la population et ensuite couper moindrement, mais partout, le gouvernement Couillard tente d'utiliser le principe machiavélique par excellente pour une autorité en place voulant s'assurer de régner sans partage : « Diviser pour mieux régner. » En touchant aux poches de tout le monde, de tous les groupes, mais via des annonces différentes, il essaie d'empêcher la création d'un front unifié de la société québécoise contre l'esprit qui se cache derrière l'explosif cocktail libéral : Modifier en profondeur le modèle québécois pour y ancrer contre vents et marées le principe de l'utilisateur-payeur, le désengagement de l'État et la tarification à la pièce des services publics.

Vous en voulez des exemples concrets? Essayons :

-Les syndicats, les policiers et le monde municipal s'opposent unanimement au projet de Loi 3 (concernant les régimes de retraite.)

-L'ensemble des acteurs du Réseau de la santé et des services sociaux s'opposent unanimement au projet de Loi 10 sur la réforme du système de santé (création des CISSS, concentration des pouvoirs entre les mains du ministre de la Santé.)

-Les parents s'opposent majoritairement à la hausse proposée des coûts des places en CPE et de la fin du principe de l'universalité qui a permis à tant de femmes d'intégrer le marché du travail.

-Les étudiants s'opposaient (et s'opposent toujours) à la hausse des frais de scolarité lors du « Printemps érable » de 2012. Les récentes compressions demandées aux universités et aux cégeps les forceront inévitablement à augmenter les « frais afférents » (frais qui ne sont pas directement reliés au cheminement académique, mais tout de même obligatoire à défrayer pour les étudiants), ce qui est une augmentation déguisée des frais de scolarité.

-Les entreprises s'opposent, probablement de manière unanime, à la baisse de 20% des crédits d'impôt aux entreprises.

-L'ensemble des acteurs régionaux s'oppose aux compressions dans les CRÉ, les CLD et les CJE, des entités régionales créatrices de compétences et d'emplois.

-Tous les acteurs municipaux s'opposent aux compressions de 300 millions demandées dès l'an prochain par le gouvernement libéral.

-De manière générale, tout le monde s'oppose aux hausses des tarifs d'hydroélectricité, qui se suivent, se ressemblent et commencent à coûter cher en ta..., alors qu'on accumule les surplus et qu'on les vend à perte.

Cette liste n'est pas exhaustive, j'en oublie assurément, et d'autres annonces viendront grossir les rangs des mécontents envers les propositions de gouvernement Couillard. Mais en faisant un bref résumé, une chose, saute aux yeux : Les coupes du PLQ vont affecter l'ensemble des acteurs de la population québécoise...

Une solution alors s'impose, pour dire à ce gouvernement que nous en avons soupé de ces propositions à la noix en provenance de commissions aussi partisanes que coûteuses (3,8 millions seulement pour la Commission Robillard!) : L'union dans la contestation. Les policiers contestent le projet de Loi 3, mais ne se prononcent pas sur le projet de Loi 10? Et pourquoi pas? Il faut arrêter de voir uniquement les mesures qui nous touchent directement en tant que contribuable ou en tant que corps de métier pour nous pencher plutôt sur le portrait général de la situation. Dans l'ensemble, est-ce que la direction prise par le gouvernement Couillard vous semble appropriée pour un avenir plus florissant pour la société québécoise? Est-on en train de vouloir revenir à l'équilibre budgétaire dès maintenant au détriment de l'avenir économique du Québec? Et je vous le donne encore en mille, si vous observez les conclusions tirées par les pays/provinces/villes ayant tenté le régime d'austérité proposé, il en ressort un constat unanime : C'est très mauvais, à moyen long terme, pour l'avenir économique, même si ça procure un soulagement temporaire immédiat des dépenses...

Un appel à la mobilisation? Plutôt un appel à l'unité contre un gouvernement déconnecté des préoccupations réelles des Québécoises et des Québécois, qui propose des mesures simplistes revenant à économiser maintenant et à payer plus tard dans une perspective, comme toujours, électoraliste. Nul besoin d'être d'accord sur tout; il nous faut seulement être en accord sur le principe, et faire front commun pour faire reculer ce gouvernement qui, de toute évidence, n'a pas l'intention de gouverner pour l'intérêt général, mais selon ses propres convictions.

La manifestation du samedi 29 novembre contre l'austérité est un bon point de départ. Mais le point d'arrivée, c'est le recul du PLQ sur son ensemble de mesures proposées visant à changer le modèle de la société québécoise. Et de grâce, Mesdames/Messieurs du PLQ, cessez de nous mentir : Les coupures vont affecter les services rendus à la population. Ce n'est pas une hypothèse, c'est une certitude. Ça me dérangerait beaucoup moins si vous le disiez ouvertement au lieu de prétendre, le poing en l'air, que les commissions scolaires qui coupent dans les services seront pénalisées, parce que ça ne se fait pas. En fin de compte, ce que vous faites, c'est couper dans les services de façon générale. Moi, ce que je vous propose, c'est de s'unir contre ça. Et ensuite, je proposerais exactement le contraire : investir pour mieux créer de la richesse, pour mieux financer l'État et pour éventuellement, revenir à l'équilibre budgétaire. Mais ça, c'est une autre histoire...

VOIR AUSSI:

L'aide financière aux municipalités

Les huit premières recommandations de la commission Robillard

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