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« Welcome to the machine », ou la quête de sens

Les sciences humaines, c'est l'étude des comportements humains, de notre mémoire collective, de nos actions passées, présentes et futures. Enlever les sciences humaines, les intégrer vaguement et pauvrement aux autres programmes universitaires pour faire semblant qu'on n'a pas tout perdu, ce serait un échec majeur et une erreur coûteuse.
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Pas envie de parler politique, aujourd'hui. Ni de démocratie, de social, des problématiques mondiales anciennes et nouvelles auxquelles il faudrait que nous nous attardions avant qu'il ne soit trop tard et de comprendre qu'à nouveau, le monde est un endroit à la fois merveilleux et horrible dépendamment du coup de poker de notre naissance, toutes ces choses qui me tiennent normalement à cœur. Pas que les sujets manquent, évidemment, il y en a toujours des dizaines qui surviennent quotidiennement, des petits, des gros. Les journaux carburent aux malheurs des autres et de l'univers humain, ou au divertissement. Il faut fouiller pour trouver des nouvelles positives intéressantes dignes de partage, de « like » ou de « love. » Le chercheur de nouveautés, de changements de paradigmes, de positivisme ou d'espoir est un peu comme un voyageur s'arrêtant dans un marché aux puces crade d'un village perdu au fin fond de nulle part. S'il est prêt à se pencher, à dépoussiérer des trucs qui n'ont l'air de rien, à monter sur l'échelle pour aller voir sur l'étagère du haut, là où le gars du magasin n'est pas allé depuis que son dos à lâché, il y a de superbes choses à dénicher. S'il regarde en surface, à part demander la direction du prochain Tim Hortons, il n'aura rien retiré de sa visite...

J'ai récemment lu un article publié par le site Internet du journal Le Monde, annonçant que le Japon a l'intention de fermer 26 facultés de sciences humaines sur ses campus universitaires. Les universités qui refuseraient de se plier à cet ordre verraient leur financement réduit drastiquement. Mentionnons tout de même que les professeurs, le conseil scientifique japonais et certaines universités ont dénoncé avec vigueur cette mesure. Mais tout de même, 17 des 26 facultés ciblées vont cesser de recruter des étudiants dans ces disciplines sous peu. Pourquoi cette décision? Pour, et je cite, « (...) favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société. » Notamment, l'ingénierie, les sciences naturelles et les disciplines techniques. Comprendre ici les besoins de l'industrie, du marché.

Vous trouvez ça drôle, risible? N'étalez pas votre rate sur le mur de suite, ce discours va s'en venir chez nous aussi, et plus rapidement qu'on le pense (s'il n'est pas déjà là, subtilement caché derrière autre chose). Provenant moi-même des sciences humaines, il est vrai qu'en sortant avec notre BAC en poche, la plupart d'entre nous rempilent pour une maîtrise, voir un doctorat, parce que nous sommes généralistes de bien des choses, mais spécialistes de rien. Ce qui n'aide pas directement le marché du travail, j'en conviens.

Par contre, les sciences humaines, c'est la géographie, l'histoire, la politique; c'est la sociologie, la philosophie et la psychologie. C'est l'étude des comportements humains, de notre mémoire collective, de nos actions passées, présentes et futures; c'est la cartographie du monde, la protection de l'environnement et de notre santé mentale. Enlever les sciences humaines, les intégrer vaguement et pauvrement aux autres programmes universitaires pour faire semblant qu'on n'a pas tout perdu, ce serait un échec majeur et une erreur coûteuse.

Pourquoi? Parce que ces sciences permettent de créer des citoyens éclairés. De développer une analyse critique et factuelle face à ce qui nous entoure. De ne pas prendre pour du « cash » tout ce qu'on nous balance en pleine face quotidiennement comme banalités et comme informations erronées. De voir venir les changements de ce monde, de société, et non seulement d'y prendre part, mais de les initier, parfois, souvent. Et ça, à voir comment et pour qui les gens votent, à voir le discours populaire ambiant sur la vie, sur le vivre-ensemble, ça se perd en maudit...

De plus, cette pauvreté auto-forcée de ne pas être recruté par une compagnie privée nous attendant dès la fin des classes, ça nous force à devenir le plus autonomes possible, à être débrouillards, à explorer des carrières et opportunités différentes, voir à la créer nous-mêmes!! Si Guy Laliberté était un clown fauché mais intelligent, combien d'autres entrepreneurs émanent de ces milieux où créer son propre travail semblait plus simple que de se trouver un emploi sur le marché régulier, avec des compétences importantes mais générales et non spécialisées? Et combien de gens ces entrepreneurs emploient-ils au Québec?

L'innovation. On ne crée presque plus rien. On n'incite plus les gens à innover, à rêver et à créer leurs rêves, sauf si c'est du spectacle populiste à tout-va. On veut que les gens travaillent, qu'ils fassent leur 9 à 5, reviennent dans leurs familles pour consommer du divertissement, et qu'ils recommencent. Le monde occidental est rendu tellement normal qu'il en devient insipide. L'importance du moment présent a été perdue avec les décennies, et on bâti son futur à grands-coups d'incertitude. Et prendre le temps de faire la fête, de vivre son moment présent, d'avoir du plaisir, que sont-ils devenus? Je vous cite un extrait du dernier livre de l'écrivain Michel Vézina, Pépins de réalités :

« Une fête. La vie ne devrait être qu'une fête, ou une succession de fêtes, une destination permanente où l'organisation ne pourrait se faire autrement qu'en mettant tous les éléments présents en relation. Tout notre temps devrait être consacré sinon à la fête, tout au moins à la préparation de celle-ci.

Tout est en place pour nous faire croire qu'il n'y a plus de fêtes possibles.

La dangerosité du discours d'austérité n'est peut-être pas tant qu'il semble vouloir augmenter les inégalités dans la répartition de la richesse, mais dans le fait que l'austère, grave, devrait exclure les agréments. »

Bien sûr qu'il faut travailler pour vivre, gagner sa croûte, faire vivre sa famille et trimer dur parfois, souvent. Mais lorsque vous regardez autour de vous, vous trouvez vraiment que les gens ont du plaisir? Qu'ils ont l'air heureux? Qu'ils sont conscients que s'ils n'aiment pas leur vie, avec une claque dans la face et une dose énorme de courage, ils peuvent la changer? Et ça, ce n'est pas nécessairement une question de milieu de vie, d'argent et de possessions matérielles...

Michel Vézina a son camion et son pub-librairie, « Le Buvard », dans le comté de Lingwick, au nord-est de Sherbrooke. Si par hasard, c'est peu probable mais plutôt, si vous passez par-là, allez y boire un verre. C'est un bel endroit, très chaleureux.

Pour ma part, nous construirons un lieu où l'organisation, la préparation, l'embellissement des Fêtes à venir sera notre principale préoccupation, notre pain et notre beurre. Pas loin de Montréal. Avec des spectacles, des sports, des activités, et surtout, beaucoup de n'importe quoi, d'innovations et de plaisir. Vous serez toutes et tous invité-e-s, avec l'esprit ouvert et le cœur à la bonne place. On va travailler fort en cibolak pour y arriver, briser quelques murs, mais au final, on va créer un endroit inspirant qui va essayer de transcender les générations. Je vous en reparlerai, lorsque comme aujourd'hui j'aurai envie de changer un peu...

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Mai 2017

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