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L’anxiété sociale: une prison invisible

Il faut arrêter de faire croire que ça peut se régler en quelques rencontres.
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kaipong via Getty Images

Nous voulons profiter de l'opportunité de ce blogue pour rendre un peu plus concrets à la fois les problèmes de santé mentale que vivent les personnes et les défis qui attendent les psychologues face à ces personnes.

Histoire de démontrer qu'il ne s'agit pas d'une tâche à prendre à la légère. Que ce n'est pas si simple qu'on peut vouloir nous le faire croire à première vue de traiter les différents problèmes psychologiques rencontrés par les personnes. Et qu'au même moment, si on ne veut pas prendre la population pour des imbéciles, il faut cesser de banaliser le type de services requis et arrêter de faire croire que ça peut se régler en quelques rencontres.

En d'autres termes, «Faisons-nous une tête sur les services que nous voulons en santé mentale» en ne banalisant ni les problèmes, ni les services requis.

Cette semaine, je prendrai un exemple assez courant. Celui de jeunes adultes qui ont de la difficulté à s'insérer sur le marché du travail. Pas parce qu'ils ne sont pas intelligents ou qu'ils manquent de compétences. Mais parce qu'ils souffrent de troubles anxieux, plus particulièrement d'un trouble appelé «anxiété sociale» ou encore, «phobie sociale».

L'anxiété sociale, c'est fondamentalement une peur insoutenable du jugement des autres. C'est la hantise d'être observé, pointé du doigt, dénigré, humilié, rabaissé, mis à l'écart.

C'est une prison invisible. Parce que ce trouble paralyse les individus. Sauf que personne ne comprend. Si on n'est pas affecté par une anxiété de cette ampleur, on ne peut comprendre comment ni pourquoi on peut être aussi pénalisé, aussi paralysé, aussi bloqué socialement. Ils subissent la pression de leur entourage: «grouille-toi!», «fais un effort!», «va te chercher du travail!»

L'anxiété sociale, c'est fondamentalement une peur insoutenable du jugement des autres. C'est la hantise d'être observé, pointé du doigt, dénigré, humilié, rabaissé, mis à l'écart. S'il est normal de se sentir nerveux dans certaines circonstances, comme une première «date» ou à devoir parler devant un groupe, c'est autre chose que d'avoir la peur constante d'être examiné par les autres et d'être embarrassé. Il y a un phénomène d'auto-observation qui prend toute la place, une sorte de caméra dans votre tête qui vous observe constamment pour voir si vous n'êtes pas en train de faire un geste ou dire quelque chose qui pourrait vous attirer des critiques, des humiliations ou vous ridiculiser devant les autres.

Des symptômes physiques incapacitants bloquent l'accès à la réussite sociale. Quand tu viens pour partir le matin et qu'en mettant la main sur la poignée de la porte, tes symptômes anxieux sont si sévères que tu ne peux quitter la maison, ça empoisonne une vie. Ou encore que dès que tu mets le pied dans l'environnement de travail, les symptômes deviennent insoutenables. Ce qui crée une peur constante des activités sociales et conduit inévitablement à l'évitement, soit à se retirer chez soi pour réduire l'anxiété. Sans compter que la consommation est vite découverte comme un moyen pour justement calmer l'anxiété et avoir du répit. Jusqu'à ce que la consommation devienne elle-même un problème supplémentaire.

Mais comment expliquer ça à ses proches? À son employeur, si on réussit à en approcher un?

Quelle sorte de symptômes? Des nausées, de la difficulté à respirer, des tremblements, des tensions dans les muscles, la mâchoire, une pression au thorax, un « point » au plexus, de la diarrhée, des maux de tête et l'insomnie sont parmi les symptômes usuels.

Mais comment expliquer ça à ses proches? À son employeur, si on réussit à en approcher un?

Ça vient d'où tout ça? Souvent d'expériences d'humiliation sociale durant l'enfance. Ça peut être dans la famille, des punitions dénigrantes devant les autres, des humiliations devant la classe, de l'intimidation ou des humiliations dans la cour d'école, de la violence d'un parent... Bref, il en résulte une peur sous-jacente de l'autre, des humains en général, perçus comme représentant un danger, compte tenu des expériences antérieures.

Les consultations psychologiques permettront à la personne de réduire les symptômes et de développer des stratégies pour apaiser l'anxiété et développer une confiance en soi suffisante pour affronter le défi de la vie en société. La médication sera parfois un complément nécessaire pour aider à sortir de chez soi (habituellement des antidépresseurs) durant une période suffisante pour vivre de la réussite en société. La personne pourra trouver le meilleur environnement ou le meilleur type de travail qui lui convienne (impliquant peu de relations sociales). Elle comprendra la « normalité » de ses symptômes, compte tenu de son histoire et de ses impacts désastreux.

Vous aurez compris, je l'espère, que ça ne se règle pas en quelques rencontres. Et que les petits « kits » thérapeutiques ne peuvent venir à bout de tels problèmes. Beaucoup plus fréquents qu'on le croit, en passant.

Faisons-nous une tête sur les services que nous souhaitons en santé mentale!

Un psy n'est pas un luxe!

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