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UQAM unie jamais ne sera vaincue

L'heure n'est pas encore au saccage. L'ambiance est à la fête, mais personne ne s'y trompe. Ce mercredi 8 avril, le conflit vient encore une fois de changer d'intensité.
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Refoulés en zone fumeur à l'extérieur du bâtiment, pas un journaliste n'a soufflé mot de ces grands bacs d'eau chaude disposés au cœur de la foule compacte. Manches relevées, une poignée de courageuses et de courageux s'affairent à nettoyer tasses et assiettes, à quelques mètres des tables dégarnies qui avaient croulé sous une montagne de nourriture gratuite. Jeux de lumières sur les murs, système de son allumé. À l'étage, on danse le long de la baie vitrée qui borde les bureaux des comptes étudiants. Quelques trous aux plafonds ici et là, vestiges de ces caméras de sécurité qui poussent comme des champignons depuis l'hiver 2013. L'heure n'est pas encore au saccage. L'ambiance est à la fête, mais personne ne s'y trompe. Ce mercredi 8 avril, le conflit vient encore une fois de changer d'intensité.

«Oser lutter, c'est oser vaincre». L'orgueil me gonfle en voyant la gigantesque bannière de l'ASSÉ dominer le hall du pavillon Jean-Alexandre De Sève. Ils ont tout fait pour nous briser et nous voilà plus que jamais debout. Les caméras, les gardas, les menaces disciplinaires, l'injonction, même les flics n'ont pas suffi. Ce soir, c'est nous qui sommes l'UQAM. Robert Proulx peut bien aller se cacher.

Perchée en haut du puits d'escalier, une pancarte murmure: «Attendez-vous de tuer quelqu'un?» À voir comme la direction a plusieurs fois pris prétexte du chaos qu'elle avait créé pour réprimer davantage, c'est à se demander si le recteur ne se magasine pas un passage à l'histoire pour les mauvaises raisons. Il est temps que tout cela arrête. Calmer le jeu, Monsieur le Recteur, n'y aviez-vous jamais pensé ?

Peu après huit heures, chargées de cours et professeures reviennent des quartiers royaux de la haute direction. Certaines d'entre elles pensent avoir respiré de l'air s'étant déjà trouvé en présence du recteur Proulx, tandis que les fiévreuses et les extravagantes jurent avoir entrevu ce qui leur a paru être le bout de son ombre. Les négos n'ont encore rien donné. Il fallait s'y attendre.

La musique se tait. La présidente du syndicat des professeures de l'UQAM prend la parole. Après deux heures et demie passées au pavillon administratif, la délégation revient «fâchée», «écœurée». «Nous venons d'essuyer une fin de non-recevoir du recteur. De celui qui était notre recteur.» Ovation du tonnerre ! Michèle Nevert, elle sait comment se faire aimer d'un public !

Le comité avait trois demandes: le retrait des expulsions politiques, la levée de l'injonction et la promesse de ne plus faire entrer la police sur le campus. En d'autres mots, que l'on s'abstienne de renvoyer des étudiantes sur la base de leurs convictions politiques; que l'on cesse de criminaliser les levées de cours, histoire que personne n'ait à se masquer pour les faire; que l'on s'abstienne de faire entrer le bras armé de l'État dans un lieu qu'on voudrait propice au débat d'idées et, pourquoi pas, à l'avant-garde de la critique sociale.

De nombreux professeurs forment une ligne entre les policiers et les manifestants. Un vingtaine d'arrestation en vertu...

Posted by 99media.org on Wednesday, April 8, 2015

La semaine dernière, la communauté universitaire a fait bloc contre la dérive autoritaire du rectorat. On retiendra longtemps cette image des chargées de cours et professeures qui se sont placées entre manifestantes et policiers. Leur arrivée sur les lieux a changé du tout au tout l'attitude des forces de l'ordre, nouvelle preuve si besoin en était que les moyens employés par la police ont souvent moins à voir avec les actions posées qu'avec le statut des personnes interpellées. Vous avez dit profilage? Profilage politique? Jamais entendu parler.

Petit aparté. Pour dire juste comme ça, juste en passant, qu'un étudiant en administration qui n'avait rien à voir avec les levées de cours figure parmi les 22 arrêtées du 8 avril. Oui, oui, quelqu'un qui était juste , à qui on a décidé, comme ça, de coller des charges criminelles. La rumeur veut qu'il soit venu dans les parages dans l'intention d'acheter un sandwich à la machine distributrice. Choix alimentaire certes condamnable, mais pas encore criminel que je sache ! À la décharge de la sécurité et du SPVM, on mentionnera qu'au moins une étudiante du cortège de levée de cours a été mise « à l'abri » dans une classe en compagnie d'étudiantes de la faculté de gestion. Sans doute l'a-t-on jugée trop « propre » pour appartenir à la vilaine troupe des « commandos masqués ». Pas de discrimination, ici, on bave des deux bords ! Vous avez dit profilage ?

Ceci pour dire que la communauté universitaire est en train d'opposer une fin de non-recevoir aux dérives autoritaires du recteur Proulx. Ce dernier est allé jusqu'à exiger des chargées de cours et professeures qu'elles pénalisent les étudiantes prenant part à la grève, du jamais vu depuis la création de l'UQAM. Dans un récent communiqué, le syndicat professoral dénonce la «rigidité inédite» de la direction, qui «rompt avec les pratiques collégiales» de l'université. Celle-ci est allée jusqu'à piétiner les conventions collectives en déniant à ses employées la possibilité de juger de la présence ou de l'absence de conditions propices à l'enseignement. Ceci sans compter les multiples entorses faites aux règlements internes de l'UQAM et à ses instances collégiales. C'est dans cet esprit que vendredi dernier, 21 directions départementales exigeaient d'urgence la convocation d'une Commission des études, unique instance habilitée à décider de la manière dont sont fixées les modalités d'évaluation et où professeures et étudiantes ont voix au chapitre.

On ne peut qu'espérer que la poussière finisse par retomber sur les événements des trois dernières semaines. Chapeau aux chargées de cours et professeures montées au front pour refuser que notre université ne soit gérée à la manière d'un camp militaire.

UQAM unie jamais ne sera vaincue.

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