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Des manifs et des enfants

À cette fameuse manifestation du 1er mai, à côté des militants anticapitalistes à qui l'on colle l'étiquette de «casseurs», il y avait aussi des têtes grises, des parents et beaucoup de travailleuses et de travailleurs du réseau de l'éducation venus crier leur désarroi.
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Bien des gens se sont étonnés qu'à la manifestation anticapitaliste du 1er mai, il y ait aussi eu des enfants.

Pour ces gens, le problème n'était pas que la police ait chargé et gazé une foule pacifique sans préavis ni motif apparent. Non, le problème était que d'honnêtes citoyens, que des professionnels que nul n'oserait traiter de voyous ou de violents, se soient sentis assez concernés par les politiques d'austérité du gouvernement Couillard pour descendre dans la rue et, eh oui!, y emmener leurs enfants.

En cette Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, les professionnels du monde de l'éducation ont multiplié les actions de protestation. Grève des professeurs de l'UQAM, grève illégale dans certains cégeps, chaînes humaines et banderoles installées autour des écoles primaires. Le réseau de l'éducation a mal, il le crie à tous les paliers, de la petite enfance à l'université.

Dans le réseau collégial, on abolit des postes consacrés aux services aux élèves. Fini les semaines de la citoyenneté, les expositions, les pièces de théâtre. Fini le foisonnement parascolaire qui contribuait à faire des cégeps de véritables milieux de vie où l'on ne cherchait pas qu'à apprendre, mais aussi à s'épanouir. Dans des institutions où on a déjà gratté tout ce qu'il y avait à gratter, où on a déjà coupé dans le ménage et dans le ramassage du recyclage, où on a amputé les services aux étudiants handicapés, on peine à imaginer ce qu'annonce cette septième vague de compressions en six ans.

Le gouvernement exige encore et toujours plus d'un citron déjà sur-pressé, maintenant guère plus épais qu'une feuille de papier.

Le scénario n'est pas plus rose du côté des écoles primaires et secondaires, qui font face à de nouvelles coupures de l'ordre de 350 millions. Au primaire, des enseignants déjà surmenés se font annoncer qu'ils devront faire plus d'heures et gérer des classes plus grandes. Dans des cohortes qui n'ont jamais compté autant d'élèves avec des problèmes particuliers, on sabre encore dans des services d'orthopédagogie et d'éducation spécialisée qui, déjà, font cruellement défaut. Nos enseignants n'en finissent plus d'être au bout de leur rouleau. Dans une profession déjà reconnue pour son haut taux de burnout, la qualité de l'enseignement ne pourra pas être au rendez-vous. Il serait à peu près temps que quelqu'un l'entende.

Vendredi soir, dans cette manifestation du 1er mai que la police a décidé d'enterrer sous un nuage de gaz, j'ai croisé une éducatrice de garderie. Elle s'indignait que des projets d'agrandissement de CPE depuis longtemps sur la table soient stoppés nets. Il est loin, le rêve d'une place pour chaque enfant!

Derrière l'éducatrice, il y avait surtout une femme en colère qui se demandait, après ces coupures, quel genre de nourriture elle serait bientôt contrainte à servir aux enfants.

À cette fameuse manifestation du 1er mai, à côté des militants anticapitalistes à qui l'on colle l'étiquette de «casseurs», il y avait aussi des têtes grises, des parents, et beaucoup de travailleuses et de travailleurs du réseau de l'éducation venus crier leur désarroi devant des compressions qui menacent frontalement, directement, les services consentis aux élèves et aux enfants.

Ce qu'il faut être irresponsable pour se soucier comme ça, aussi effrontément, de l'avenir de ses enfants!

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Manifestation du 1er mai à Montréal

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