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Les fruits noirs de la répression

Qu'y a-t-il à espérer d'une société qui déchaîne ses violences sur sa jeunesse?
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Qu'y a-t-il à espérer d'une société qui déchaîne ses violences sur sa jeunesse? Voilà plusieurs jours que les rues de Québec et de Montréal sont le théâtre d'un spectacle peu noble. Leurs services de police s'y sont livrés à des démonstrations de force outrancières, prenant pour cible des personnes non-armées qui, dit-on, auraient fait un peu de bruit et bloqué un peu de circulation. Bon sang, mais à quoi joue-t-on?

Si la ville a bien été pensée pour la voiture, la rue demeure le lieu par excellence de l'expression citoyenne. Sans la rue, pas de revendications à faire valoir hors des grands médias et des sphères décisionnelles. Elle est le lieu privilégié de la contestation sociale. C'est d'elle qu'émanent les véritables débats de société.

Au courant de la grève étudiante de 2012, la rue a été le caisson de résonnance de ce pan de société qui rejette l'ordre économique néolibéral. Aujourd'hui, elle est en train de lui être fermée. Qu'on ne s'y détrompe pas, la rue n'est pas également fermée à tous, quoi que puissent en dire tous les Ian Lafrenière de ce monde. L'espace public se rétrécit pour en exclure celles et ceux pour qui le capitalisme devrait être placé au cœur du débat plutôt qu'en dehors de celui-ci, et dont le pouvoir de dérangement va bien au-delà de simples entraves posées au trafic routier.

On refuse la rue à cette jeunesse qui ne peut livrer son itinéraire à la police, pour la raison toute simple que son idéal prend corps dans son opposition au cadre légal et institutionnel, non dans les limites fixées par ce dernier. En investissant l'espace public sans attendre qu'on lui en donne la permission, elle ne revendique pas autre chose que son droit à l'existence.

Si j'écris aujourd'hui, c'est que j'en ai tout le temps. Cette semaine, mes nerfs ont lâché. Prendre la rue, pour quelque temps, je n'en serai plus capable. C'est aussi cela les effets de la répression : un stress qui vous tient au ventre pour ne plus vous quitter. C'est l'angoisse de savoir que des gens finiront blessés à cause de leur exigence obstinée d'un monde plus juste. En 2012, nous étions ébahis qu'il n'y ait pas eu de mort. Combien de temps jouera-t-on ainsi avec le feu ?

Ils sèment les graines de la peur dans un printemps que d'autres auraient souhaité chargé d'espérances. Devant ces colonnes habillées pour la guerre, nos slogans sont nos seules armes, notre peau notre seule cuirasse. Après une semaine rude, trop de gens autour de moi n'ont plus que des mots noirs au bord des lèvres. Messieurs Labeaume et Coderre, pourquoi s'obstiner à vouloir cueillir les fruits de la haine?

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