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Triste lundi pour les candidates musulmanes

Depuis le début de ce grand débat autour de la charte, cet automne, les femmes musulmanes ont été à l'épicentre des discussions. Qu'elles soient pour ou contre, elles ont pu exprimer leurs points de vue. Mais leurs voix se sont tues lundi.
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Depuis le début de ce grand débat autour de la charte, cet automne, les femmes musulmanes ont été à l'épicentre des discussions. Qu'elle soit libératrice pour les femmes inquiètes de constater une montée de l'Islamisme au Québec, ou qu'elle soit inquiétante pour les femmes musulmanes pratiquantes qui ne souhaitent pas être stigmatisées pour leurs convictions religieuses, la charte et les débats entourant sa réalisation ont certainement eu pour effet de faire entendre la parole de femmes musulmanes qui n'est pas si souvent entendue autrement.

C'est avec un réel plaisir que j'ai entendu ces femmes assumer pleinement leurs droits civils dans un pays qui leur appartient et pour lequel elles ont décidé de se battre. Et c'est avec beaucoup de passion que plusieurs d'entre nous, féministes, avons soutenu les unes ou les autres en souhaitant que plusieurs d'entre elles prennent le pouvoir pour mieux défendre les intérêts très spécifiques des femmes musulmanes dans notre pays.

Mais cette voix a été tue, emportant avec elle tous nos espoirs.

Déjà, Fatima Houda-Pepin, pourtant très libérale, a été rejetée par son chef de parti pour s'être, on ne peut plus clairement, placée devant le choix entre la fidélité à son chef et ses convictions profondes, c'est à dire, la défense des droits des femmes.

Rappelons que madame Houda-Pepin était la seule femme musulmane à siéger à l'Assemblée nationale, et la seule à s'être élevée contre le projet de mise sur pied de tribunaux islamiques, appelés «Conseil de la charia» présenté à l'Assemblée nationale en 2004 par un regroupement d'une quarantaine de mosquées et d'organisations musulmanes au Québec.

Bien que d'allégeances politiques différentes, les seules autres femmes musulmanes à se présenter candidates, mesdames Benhabib, Mahiout et Chouakri, n'ont pas été élues. Et pourtant, toutes auraient été d'exceptionnelles recrues pour le bénéfice de la nation québécoise. Mais le plus triste, le plus cynique, c'est que ces excellentes candidates n'ont pas été élues parce que le Parti libéral, entre autres, a bâti sa campagne électorale sur des fondements selon lesquels la charte de la laïcité était raciste, xénophobe et ... sexiste! N'est-il pas remarquable que le Parti libéral n'ait pas été capable de présenter un seul candidat musulman?

Et pendant que de nombreux commentateurs continuaient de relativiser la présence d'extrémistes au pays, à rendre marginale leur action et à raconter à qui veut l'entendre que l'islamisme actif au Québec n'est que l' affabulation crispée de quelques conservateurs ruraux en proie à des craintes irrationnelles, le Conseil musulman de Montréal publiait ses recommandations à ses membres afin de s'assurer toute latitude pour leurs prochaines actions politiques.

D'ailleurs, si le président du Conseil musulman de Montréal, l'imam Salam Elmenyawi, celui-là même qui se vantait dans Le Devoir d'avoir enjoint aux 7435 musulmans de la circonscription de Saint-Laurent de voter pour le ministre de la Justice en 2003, de quel genre de pouvoir dispose-t-il maintenant, après avoir commandé à l'ensemble des musulmans du Québec de voter dans le sens des intérêts de cette communauté religieuse?

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