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Énergie Est: Philippe Couillard ne défend pas nos intérêts!

Ce pipeline, qui enjambera plus de 800 cours d'eau et 800 kms du territoire québécois, pose de sérieuses questions quant à la sécurité des citoyens et la protection de notre environnement. Mais comme tout dossier sensible, le gouvernement du Québec est absent du débat.
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J'ai signé un billet d'opinion sur ce même site il y a plus de sept mois et force est de constater que nous sommes toujours au point mort dans le dossier de l'oléoduc Énergie Est de la compagnie TransCanada.

Le laisser-aller libéral n'a rien de rassurant. Fidèle à son habitude, Philippe Couillard n'est pas capable de saisir les opportunités d'affaires et demeure insensible aux inquiétudes et préoccupations des Québécois.

Ce pipeline, qui enjambera plus de 800 cours d'eau et 800 kilomètres du territoire québécois, pose de sérieuses questions quant à la sécurité des citoyens et la protection de nos milieux humides et de notre environnement, richesse inestimable.

Comme tout dossier sensible et d'extrême valeur sentimentale, le gouvernement du Québec est absent du débat.

Combien de fois avons-nous appelé le premier ministre Philippe Couillard et ses ministres de l'Énergie et de l'Environnement, Pierre Arcand et David Heurtel, à s'assoir avec non seulement le promoteur du projet, mais également le gouvernement albertain et le gouvernement fédéral pour s'assurer que :

  • une redevance soit versée aux Québécois pour le droit de passage du pétrole;
  • tous les plus hauts standards de protection de l'environnement et des communautés soient assurés;
  • des retombées économiques pour le Québec soient au rendez-vous;
  • nos terres agricoles soient le moins touchées par le passage du pipeline.

Or, les libéraux n'ont jamais donné suite à nos demandes. Pendant ce temps, le débat continue de faire rage. Comme tout dossier sensible et d'extrême valeur sentimentale - il est question ici de nos terres et de notre eau -, le gouvernement du Québec est absent du débat et peine à non seulement rassurer les Québécois, mais à mettre fin à la campagne de désinformation qui a lieu présentement.

Prenons le député de Rosemont et aspirant chef du Parti québécois, Jean-François Lisée. L'ancien ministre sous Pauline Marois est, qu'il le veuille ou non, complice de l'entente signée avec Pétrolia pour l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti, et accuse maintenant la Coalition Avenir Québec de « mettre nos lacs et nos rivières aux enchères ».

S'il mettait de côté la partisanerie et la démagogie pour quelques instants, M. Lisée se souviendrait alors qu'en novembre 2014, ma formation politique a soutenu une motion exigeant que le gouvernement du Québec assume pleinement sa compétence en environnement et renonce à déléguer ses évaluations environnementales à l'Office national de l'énergie.

C'est d'ailleurs un des points forts de notre projet nationaliste ambitieux : fini les dédoublements avec le fédéral, Québec se doit d'affirmer sa prépondérance en ce qui a trait à toute question en matière environnementale, pour qu'on ait véritablement le dernier mot et qu'on soit en mesure de, nous-mêmes, fixer l'ensemble de nos exigences.

Pétrole : on en a (et aura) encore besoin

À la CAQ, nous refusons d'embarquer dans le jeu de l'hypocrisie. Les Québécois consomment du pétrole et tout indique qu'ils le feront encore pour un bout de temps.

Le Parti québécois doit cesser son approche doctrinale : contre le transport de pétrole par train, par bateau, par oléoduc. Faudrait-il encore que le PQ nous explique comment il compte transporter le pétrole...

Malgré l'innovation dont le Québec fait preuve en matière d'électrification des transports, nous sommes encore loin du jour où nous abandonnerons définitivement le pétrole. Chaque jour, nous consommons des produits qui en sont dérivés et je ne parle pas uniquement du carburant que nous utilisons pour faire rouler nos voitures. Pensons simplement aux produits en plastique ou aux cosmétiques.

Il y a quelques jours à peine, l'Association canadienne de pétrole dévoilait des chiffres montrant que la production de pétrole augmentera de 28 % au cours des 15 prochaines années, faisant passer le nombre de barils de pétrole par jour de 3,8 millions en 2015 à 4,9 millions d'ici 2030. L'Association prévoit aussi qu'il y aura 850 000 barils de plus de produits annuellement d'ici 2021 et prédit 700 000 barils additionnels entre 2021 et 2030.

En 2015, les pays de l'OCDE (États-Unis, Union européenne, Japon) ont consommé plus de pétrole du fait de la reprise économique.

Malgré la mise en service de la ligne de pipeline 9B d'Enbridge, environ 100 000 barils de pétrole par jour devront encore être importés pour approvisionner la capacité de raffinage du Québec. On dépense déjà jusqu'à 15 milliards de dollars en pétrole à des intérêts étrangers. Cette dépendance au pétrole étranger pèse lourd sur notre balance commerciale.

Il y a matière à réflexion.

Négocier une redevance

Compte tenu de ce besoin en pétrole qui ne s'estompera pas de sitôt, il appert de tout premier ministre responsable de se tenir debout face à TransCanada et son homologue, Rachel Notley, et de s'assurer que le Québec obtienne oui des garanties de retombées économiques et de protection d'environnement, mais aussi une compensation financière supplémentaire pour le passage du pipeline.

Il n'y a aucune loi qui empêche le Québec de négocier une forme de compensation financière avec l'Alberta.

Nous ne le répéterons jamais assez : la situation économique au Québec stagne et les revenus ainsi obtenus pourraient enfin permettre au Québec d'atteindre l'objectif « Péréquation zéro ».

Le Québec a besoin d'un gouvernement qui a de l'ambition. Il est temps pour Philippe Couillard de prendre ce dossier en main et de défendre les intérêts des Québécois.

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