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La prison ne guérit pas les meurtriers d'enfants

Faut-il contester les experts en santé mentale, contester le processus judiciaire sous prétexte qu'un verdict - un seul - ne nous convienne pas? Sous prétexte que le crime soit terriblement odieux?Le Canada a des experts en santé mentale reconnus et un système judiciaire qui a fait ses preuves, quand bien même pouvons-nous être confrontés à un cas atypique qui nous interpelle tous. La colère et la douleur ne doivent pas dicter nos décisions de justice. Elles ne doivent pas non plus dicter nos lois. Nous ferions erreur d'agir ainsi et plutôt que de construire une société apaisée, nous créerions une société instable, plus dure, plus intolérante.
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Courtoisie

Faut-il contester les experts en santé mentale, contester le processus judiciaire sous prétexte qu'un verdict - un seul - ne nous convienne pas? Sous prétexte que le crime soit terriblement odieux?

Faut-il accepter qu'un gouvernement utilise une décision de justice - une seule - qui ne lui sied pas et qui soulève un émoi dans la population pour changer les lois, renforcer la répression au détriment de la prévention et jeter en prison des personnes souffrant de problèmes mentaux?

Faut-il laisser la vindicte populaire s'étaler à pleines colonnes de journaux populistes ayant pris partie pour un camp ou un autre et qui ont le souhait d'augmenter leur tirage?

À lire sur les blogues du HuffPost: Les meurtriers d'enfants ne vont pas tous en prison, par le sénateur Pierre-Yves Boisvenu

D'un côté la presse écrit avec compassion sur la maladie mentale, s'émeut du manque de ressources, de la science qui n'avance pas assez vite. Elle en parle en théorie, flattant le bon sens et le sentiment général. D'un autre côté, elle condamne à l'avance ou en dépit de la justice rendue, hurle avec les loups et œuvre à la déstabilisation d'un système judiciaire qui a fait ses preuves. Justice! crie-t-elle. Mais c'est au mieux un appel politique pour une justice à l'américaine dont on sait l'inefficacité et la violence et au pire l'écho de la vengeance.

Sérieusement, est-il possible de tuer ses enfants dans un état mental sain et équilibré? Pensez-y une minute. Celles et ceux qui ont déjà eu dans leur entourage des personnes ayant des troubles mentaux, parfois légers, savent ce que je veux dire. Nous parlons de malades. La répression ne sera pas leur remède. La prison ne guérit pas.

Ce n'est le rôle ni du gouvernement ni du Sénateur Pierre-Hugues Boisvenu de jouer les Merlin l'Enchanteur pour nous dire ce que la science doit être ou ne pas être, pour estimer que telle ou telle maladie mentale peut ou non entrainer un verdict de non responsabilité criminelle, pour imposer aux médecins un traitement d'une certaine durée en hôpital psychiatrique.

Le Canada a des experts en santé mentale reconnus et un système judiciaire qui a fait ses preuves, quand bien même pouvons-nous être confrontés à un cas atypique qui nous interpelle tous. La colère et la douleur ne doivent pas dicter nos décisions de justice. Elles ne doivent pas non plus dicter nos lois. Nous ferions erreur d'agir ainsi et plutôt que de construire une société apaisée, nous créerions une société instable, plus dure, plus intolérante. Nous nous engagerions alors dans un cycle infernal de répression et de violence, celui précisément dans lequel les conservateurs de Stephen Harper - et le Sénateur Boisvenu en particulier - cherchent à nous entraîner.

Le Sénateur Hervieux-Payette a déposé cet automne le projet de loi S-214 pour protéger les enfants contre toutes formes de violences dites éducatives.

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