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Hillary Clinton aura du mal à retourner à la Maison Blanche

La campagne électorale est en train de tourner à la défaveur des démocrates, ce qui nourrit leur nervosité à l'égard de leur seule et unique candidate sérieuse. 2016 pourrait bien être l'année de l'alternance à la Maison-Blanche.
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La domination dans les sondages des primaires républicaines de trois outsiders hauts en couleur (Donald Trump, Ben Carson et Carly Fiorina) laisse croire que le parti républicain est en mauvaise posture pour emporter la présidence en novembre 2016. En face, le camp démocrate est en ordre de bataille, rangé, pour la plus grande part, derrière Hillary Clinton. Le débat démocrate du mardi 13 octobre devrait confirmer la suprématie de l'ancienne Première Dame. Pourtant, la course n'est pas gagnée d'avance.

Une candidate victime de son succès

À ce stade, rien ne semble pouvoir déloger Hillary Clinton de son statut de favorite pour la primaire. Sondage après sondage, la candidate maintient son avance, et continue d'engranger les soutiens financiers et politiques, réduisant les possibilités de l'entrée en lice tardive d'un rival. Si Bernie Sanders réussit à la talonner ou parfois à la devancer dans l'Iowa et le New Hampshire, la structure de campagne du sénateur du Vermont au-delà de ces deux Etats reste faible. L'autre adversaire potentiel d'Hillary Clinton, Joe Biden, hésite à se lancer dans une campagne, quelques mois après la disparition prématurée de son fils. Ses avantages comparatifs sont minces (encore plus âgé, tout aussi insider, sans appui au sein des minorités), et il a peu de chances de battre celle qui fait la course en tête. Les autres candidats (Martin O'Malley, Lincoln Chafee et Jim Webb) sont inexistants.

Cette avance écrasante d'Hillary Clinton contribue à tuer les débats au sein du camp démocrate. Aligné derrière la favorite, le Democratic National Committee a choisi de n'organiser que six débats télévisés, dont seulement trois pendant les primaires. Les échanges promettent d'être peu clivants, hormis entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, et d'offrir peu de surprises. En cas de participation de Joe Biden, la moyenne d'âge démocrate (69 ans) sera nettement supérieure à celle des candidats républicains (57 ans).

Hillary Clinton est pourtant loin de mener une campagne parfaite. Malgré le professionnalisme de ses équipes, dirigées par l'ancien directeur de cabinet de Bill Clinton, John Podesta, l'ancienne secrétaire d'État peine à se défaire du « scandale des courriels » qui pourrait trainer en longueur à mesure que sa correspondance est dépouillée par le FBI. S'il y a peu de chances que la candidate soit incriminée officiellement, l'affaire est un véritable boulet politique, qui renforce certains aspects négatifs de sa personnalité, jugée par ses détracteurs intrigante, malhonnête et manipulatrice. Selon une estimation Quinnipiac du 17 septembre, les électeurs seraient de moins en moins favorables à Hillary Clinton : 55 % d'entre eux nourriraient une opinion défavorable à son égard, contre 41 % d'opinions favorables.

Et le statut de front-runner est difficile à tenir. Hillary Clinton devra encaisser les attaques de son camp et de la droite pendant plus d'un an, tout en assumant, au moins en partie, l'héritage de l'Administration Obama. Or la candidate n'a pas développé de vision personnelle pour l'Amérique. Elle s'inscrit dans la continuité, tout en déclinant des réponses concrètes à des problèmes précis (financement de l'enseignement supérieur, prix des médicaments, oléoduc Keystone, etc.). Cette démarche, qui renforce son image de compétence, étouffe la passion politique. La candidature de la républicaine Carly Fiorina, si elle dure un peu, pourrait d'ailleurs la priver de son seul récit puissant, celui d'être une femme et de rompre le plafond de verre qu'elle avait déjà ébréché en 2008.

Alors qu'il ne fait pas de doute que seule Hillary Clinton est aujourd'hui en mesure d'emporter l'investiture démocrate, c'est une candidate fatiguée, peu enthousiasmante, au message rebattu qui se présentera face au candidat républicain à l'été prochain.

Un candidat républicain renforcé par les difficultés

Donald Trump, le milliardaire mégalomane dont les déclarations racistes et outrancières galvanisent l'électorat ultra-conservateur, sert paradoxalement de « paratonnerre » pour les autres candidats républicains. Les médias se régalent des frasques du candidat et négligent ses concurrents. Si sa présence affecte la qualité du débat républicain, il concentre également toutes les attaques et toutes les moqueries, faisant apparaitre ses concurrents plus nuancés et plus aguerris. Ceux qui font l'erreur de jouer sur son terrain se grillent les ailes, mais les autres sont en embuscade. Car Donald Trump finira par chuter dans les sondages : il n'a aucune substance, aucune stratégie de campagne, aucune proposition concrète. Les électeurs commencent à se lasser, ses attaques personnelles amusent moins, et l'on ressent chez le businessman, qui n'est pas un professionnel de la politique, une fatigue croissante.

Grâce à lui et à ses quatorze acolytes, les primaires républicaines, véritable course de fond à rebondissement, offrent du spectacle. Onze débats à regarder (dont six en 2016), une couverture presse immense, d'intenses spéculations ponctuées par un combat final entre quelques candidats : autant d'éléments qui renforceront la légitimité de celui qui arrachera l'investiture républicaine. D'ailleurs, l'écart d'enthousiasme entre les sympathisants républicains et démocrates, qui détermine la capacité de chaque camp à mobiliser ses électeurs, est très important : en juin 2015, 67 % des électeurs républicains se déclaraient très enthousiastes à l'approche de la primaire, contre 52 % des électeurs démocrates - un écart de 15 points.

2016, l'année de l'alternance à la Maison-Blanche ?

Le scénario catastrophe pour Hillary Clinton, candidate de l'establishment, serait celui d'un candidat républicain rompu aux débats et vainqueur de Donald Trump et de Jeb Bush, qui incarnerait le renouveau et l'alternance, à l'instar de Barack Obama en 2008.

À ce stade, il pourrait s'agir du sénateur de Floride Marco Rubio, un conservateur latino jeune et charismatique, expert de politique étrangère à la fois proche du Tea party et de l'establishment. Les intentions de vote en sa faveur sont en hausse rapide depuis le second débat républicain, autour des 10 %. Avec 38 % d'opinions favorables, 28 % défavorables et plus de 40 % d'indécis, Marco Rubio dispose encore d'une large marge de manœuvre pour se bâtir une réputation.

Jeb Bush, dont le nom ravive tout autant qu'Hillary Clinton l'aspect « dynastique » de la politique américaine, est moins enthousiasmant pour l'électorat. Mais l'ancien gouverneur de Floride bénéficierait, comme Rubio, de la tentation de l'alternance après huit années de présidence Obama, et de la force de primaires républicaines véritablement compétitives.

À l'heure actuelle, il est impossible de prédire le rapport de force de novembre 2016, tant l'environnement électoral est volatile et tant la course reste longue jusqu'à l'élection générale. Mais la campagne électorale est en train de tourner à la défaveur des démocrates, ce qui nourrit leur nervosité à l'égard de leur seule et unique candidate sérieuse. 2016 pourrait bien être l'année de l'alternance à la Maison-Blanche.

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