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Ces dernières semaines, les attaques politiques des Républicains sont allées dans ce sens : "Barack Obama est peut-être sympathique mais c'est un mauvais président". Romney n'est peut-être pas celui avec qui vous iriez prendre une bière, mais il a les compétences et la volonté de redresser le pays.
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Republican presidential candidate, former Massachusetts Gov. Mitt Romney, accompanied by his vice presidential running mate Rep. Paul Ryan, R-Wis., speaks during a campaign stop, Friday, Aug. 31, 2012, in Lakeland, Fla. (AP Photo/Evan Vucci)
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Republican presidential candidate, former Massachusetts Gov. Mitt Romney, accompanied by his vice presidential running mate Rep. Paul Ryan, R-Wis., speaks during a campaign stop, Friday, Aug. 31, 2012, in Lakeland, Fla. (AP Photo/Evan Vucci)

Les Américains n'aiment guère Mitt Romney. Le constat est dur mais chiffres sont sans appel : dès la fin du mois de juin 2012, un sondage Gallup montrait que 81% des Américains trouvaient Obama sympathique ("likeable"), mais seulement 64% pensaient la même chose de Romney.

Mi-août, malgré un été de campagne intensive, le constat n'est pas meilleur pour le candidat républicain : d'après un sondage NBC/WSJ, 44% des Américains ont une vision négative de Mitt Romney pour seulement 38% d'opinions favorables (contre 48% d'opinions favorables pour Obama). Pis, seuls 23% des sondés considèrent que Romney est le plus décontracté et sympathique des deux candidats ("easygoing and likeable") tandis que 58% attribuent ces qualités à Obama.

Ces différences de perception peuvent s'avérer cruciales à l'heure du vote. Quitte à ne pas connaitre les détails des programmes de l'un ou l'autre, inondés par un flot de publicités télévisuelles négatives, les électeurs peuvent être tentés de voter pour celui qu'ils "préfèrent", d'instinct.

Alors que la convention républicaine bat son plein à Tampa, en Floride, et ce malgré l'ouragan Isaac qui joue les trouble-fête, la question est sur toutes les lèvres : comment, Mitt Romney le mal-aimé peut-il, dans ces conditions, battre Barack Obama qui, s'il est tombé de son piédestal de 2008, bénéficie toujours d'une aura considérable ?

Les conventions, ces grands-messes d'intronisation officielle, sont l'occasion de structurer le message de campagne, de valider la plateforme politique du parti, de rassembler et dynamiser sa base électorale, de valoriser le candidat et son colistier, mais elles sont rarement en mesure de transformer radicalement l'image d'un candidat. Il est difficile d'imaginer que Mitt Romney, souvent comparé au bucheron de fer-blanc sans cœur du Magicien d'Oz, ressorte de cette convention lavé de son image d'homme froid, distant et insaisissable et soit soudainement chéri par des foules enthousiastes.

L'ambition des Républicains n'est donc plus là. Puisque l'image du candidat ne s'est guère améliorée ces derniers mois, l'équipe Romney a changé de méthode : elle consiste à ne pas essayer de vendre à tout prix un produit qui n'existe pas, mais à convaincre les électeurs que Mitt Romney, tel qu'il est, est celui dont l'Amérique a besoin.

Ces dernières semaines, les attaques politiques des Républicains sont allées dans ce sens : Barack Obama est peut-être sympathique mais c'est un mauvais président ("nice guy, bad president"). Mitt Romney n'est peut-être pas celui avec qui vous iriez prendre une bière, mais il a les compétences et la volonté de redresser le pays.

Cette stratégie est reflétée dans ce début de convention : mardi soir, le keynote speaker, l'intervenant principal de la convention, qui donne le ton et enthousiasme les troupes tout en préparant son propre avenir politique (c'est dans ce rôle que Barack Obama s'est fait connaître nationalement en 2004), était Chris Christie, gouverneur du New Jersey connu pour son franc-parler.

Chris Christie a rompu avec l'habitude selon laquelle le discours encense le candidat et le pare de mille vertus. Au contraire, dans la présentation de son propre bilan dans le New Jersey, couronné par sa victoire sur les syndicats d'enseignants de l'Etat, il a peu évoqué Mitt Romney et a préféré marteler le message qu'un vrai leader c'est quelqu'un qui sait prendre des décisions difficiles, qui sait parler vrai plutôt que cajoler ses électeurs, qui préfère qu'on le respecte plutôt qu'on ne l'aime. Le message est clair : le candidat républicain, et tout le parti derrière lui, se moque de se faire aimer, d'être M. Gentil, de dorloter les électeurs et de les endormir par de douces paroles. Bien loin du "conservatisme compassionnel" de George W. Bush, le parti revendique cette année des solutions radicales, voire douloureuses. Et pour guider les Américains à travers ses sacrifices, Mitt Romney est l'homme compétent.

C'est un message peu glamour mais efficace.

Un message qui correspond au choix de prendre comme colistier Paul Ryan, connu pour ses positions idéologiques ultra-conservatrices et sans concession, répondant aux demandes de la base idéologique (Tea Party, conservateurs fiscaux et sociaux).

Un message qui va dans le sens de Scott Walker, gouverneur du Wisconsin et nouveau héros du parti républicain après avoir triomphé face aux syndicats de la fonction publique de son Etat.

Et un message qui colle finalement assez bien à l'image que voudrait projeter Mitt Romney, celle d'un père de famille courageux et intègre, un homme d'affaires travailleur et talentueux et un homme d'église discret et doué d'abnégation. "Je suis qui je suis" ("I am who I am") ne cesse de répéter Mitt Romney depuis quelques jours.

Le candidat doit avoir conscience qu'il ne comblera pas aisément son déficit affectif face à Obama. Ann Romney, sa femme, était là pour réchauffer les cœurs à l'égard de son mari par un discours émotionnel, intime, exposant leur vie et leur mariage. "Vous pouvez faire confiance à Mitt, c'est un bon mari", était son message en substance.

Oui, elle est peut-être la seule à l'aimer, ou presque. Mais le candidat ne cherche plus l'amour des électeurs, il a besoin qu'on le respecte. Suffisamment pour qu'on lui confie les rênes du pays. Il reste à voir si la convention républicaine réussira à faire passer le message. Tout comme la "présidence normale" de François Hollande, la stratégie est fine et joue avec les qualités réelles du candidat sans chercher à le réinventer à tout prix. Les sondages restent serrés, la partie est loin d'être jouée pour le président Obama.

La convention républicaine en photos, par nos collègues du HuffPost américain:

Republican National Convention 2012

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