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Voyage: Le Vietnam, ou « tomber de haut »

Manger. Se retrouver, autour d'une table, avec des gens, et partager. Pas seulement la bouffe: partager des idées, partager sa culture, partager sa vision du monde, des rires, des émotions, des situations plus corsées, et même, si on se sent un peu désagréable et qu'on a envie de voir la vraie couleur des gens, on peut même partager des idéologies.
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Cedric Lizotte

Le partage et la bouffe

Manger. Se retrouver, autour d'une table, avec des gens, et partager. Pas seulement la bouffe: partager des idées, partager sa culture, partager sa vision du monde, des rires, des émotions, des situations plus corsées, et même, si on se sent un peu désagréable et qu'on a envie de voir la vraie couleur des gens, on peut même partager des idéologies.

Et ce qui est directement lié, par opposition, à l'acte du partage, c'est l'acte d'absorber une partie de ce que les autres nous offrent. Par exemple, l'acte de remplir le verre de quelqu'un d'autre et très similaire à celui d'expliquer à quelqu'un les principes de notre culture d'origine. Et les gens qui ont reçu le don de l'ouverture d'esprit apprécient se voir offrir une vision du monde qui n'est pas la leur - en plus d'un shooter d'alcool de riz.

Le partage et la guerre

Le Vietnam et un pays qui a subi tellement d'influences - et d'injustices - au travers des années que sa cuisine s'en voit augmentée.

Des centaines d'années de domination chinoise, une tentative de colonisation bâclée par la France, une guerre civile, une guerre avec et contre les Américains, le communisme à la Soviétique et une culture identitaire extrêmement forte permettent au Vietnam de conserver ses propres traditions - pho bo (soupe de nouilles et de bœuf), rouleaux de printemps, plats de viande de chien et de buffle - mais aussi d'accepter et de transformer ce qui leur est venu de l'extérieur - banh my paté (sandwich dans un pain à la Française avec du pâté de foie), café épais et amer, pâtisseries venant des français; stir-frys, baguettes en guise d'ustensiles et des tonnes de riz, puisque la Chine a dominé tellement longtemps.

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Vietnam

La guerre au tourisme

Le Vietnam est un endroit où les touristes sont directement ciblés par les criminels. Les pages Wikitravel de Hanoi et du Vietnam ont de longs articles sur le sujet. Et les arnaques sont poussées, élaborées, complètes et compliquées. Personne n'y échappe.

Le vieux quartier d'Hanoi est une plaie. Surnommé le « quartier des backpackers », les arnaques sont à chaque intersection. Des gens malhonnêtes vous approchent, jusqu'à 30 à l'heure. Parfois agressifs, parfois offrant seulement des petites gâteries, parfois offrant seulement un service de taxi par motocyclette... mais tout le monde - tous, sans exception - veulent sucer votre portefeuille comme un zombie veut sucer votre cervelle.

Vous voulez acheter une carte SIM avec un plan prépayé? La femme « oublie » de configurer le plan prépayé et vous fait une fausse facture, empochant la balance de votre argent. Une femme vend des petites pâtisseries? Elle affirme qu'elles coûtent 15 000 dong, vous acceptez, puis lorsque la bouffe est dans vos mains, elle demande 50 000 dong, prétendant avoir mal compris. Vous vous arrêtez pour une soupe ou un café dans un petit marché de nuit? Le prix pour les caucasiens est jusqu'à dix fois plus élevé que pour les Vietnamiens. Vous oubliez de demander le prix de votre soupe? Elle augmentera à chaque bouchée. Vous laissez votre sac dans un casier, sécurisé par un cadenas? Revenez et un bout de métal est pris dans la serrure - par chance, il a survécu à l'attaque. Vous vous laissez entraîner par quelques hommes du coin à boire des verres et à discuter? Ils vous forcent à payer la note en entier pour eux. Vous vous assurez de la direction à prendre, tard le soir, sur votre téléphone cellulaire, puis le remettez dans votre poche? Deux femmes vous font des minouches, telles les prostituées d'un peu partout en Asie du Sud-Est, prennent votre smartphone et sautent sur la moto de leurs acolytes, qui attendaient derrière.

Et ce n'est que ce que j'ai vécu. En deux jours.

Le voyage, pas le tourisme

Comment faire, malgré toute la retenue, la sagesse et la compréhension qu'on a qu'une culture en entier ne peut être résumée par le centre-ville de sa capitale, de ne pas maudire tout le monde, d'un coup, immédiatement, de quitter le payer et de ne plus jamais y retourner?

Difficile, en effet, et c'est pour cette raison que 95% des touristes accueillis par le Vietnam n'y retourneront jamais. (D'ailleurs, un blogueur bien connu du monde du backpacking a eu une expérience qui ressemble à la mienne...)

Heureusement, j'ai eu le luxe de reprendre des forces - la fatigue mentale peut devenir insupportable après toutes ces tentatives de vol, réussies ou non - et de réessayer.

À l'extérieur du centre-ville, la vie est beaucoup plus paisible. À une petite demi-heure de marche du vieux quartier, passé la gare, un quartier où le visage pâle ne peut qu'être rarement aperçu, les gens sont beaucoup plus accueillants. On peut s'asseoir sur une terrasse et souper tranquillement, prendre une bière sans se faire arnaquer, et les menus - tous écrits en vietnamien uniquement - sont les mêmes pour tous.

En marchant, hier soir, en compagnie d'un autre backpacker, de retour de notre souper sur la terrasse, deux hommes, assis dans leur salon, nous ont invités à prendre un verre de vodka Hanoi. Et puis un deuxième. Et à manger quelques escargots à l'ail. Sans comprendre l'anglais. Et sans rien demander en retour.

C'est assez pour se réconcilier avec l'humanité en entier et à rabaisser ses défenses.

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