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La Jamaïque, celle qu'on imagine

Ocho Rios est un port où les croisières s'arrêtent. La rue principale, au bord de la mer, est constamment remplie de gens. La musique est forte à temps plein, des voitures avec des haut-parleurs sur le toit crient des réclames en passant, et je suis immédiatement assailli de vendeurs, légitimes ou non. Le premier veut me vendre un collier en bois verni - « no, thank you but no » - le deuxième me met dans la main un petit sac d'une poudre non-identifiée - « it's for you, ya man, a gift, ya man », « no, thank you but no ».
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Cedric Lizotte

Ah, la Jamaïque. Les plages de sable blanc, descendre une rivière dans une chambre à air, un hôtel tout inclus. Bob Marley, les rastafaris, la ganja. Nos proches sont toujours prêts à nous rappeler de faire bien attention, qu'il y a des dangers, de la violence, et que les règles d'hygiène ne sont pas les mêmes. La Jamaïque mérite aussi une partie de tous ces avertissements: il y a à peine quelques années de ça, en 2005, le pays avait le plus haut taux de meurtres par habitant de la planète.

Puis, en 2010, une guerre urbaine éclatait à Kingston. Les États-Unis d'Amérique avaient demandé à la Jamaïque de leur livrer le kingpin de la drogue, « Dudus ». Bien que l'homme donnait dans le trafic de drogues, il aidait aussi son quartier, un des plus pauvres de la ville, à se nourrir et à payer pour l'éducation et des services de santé pour les plus jeunes. Lorsque ses hommes de main ont entendu qu'on venait chercher leur patron, ils ont mis la ville à feu et à sang. Une vingtaine de postes de police incendiés; l'armée dans les rues; plus de 500 arrestations; plus d'une centaine de morts. Après un mois de violences, « Dudus », de son vrai nom Christopher Coke, était derrière les barreaux. C'est le nom de cet homme, qui avait vraisemblablement un nom tout désigné, qui me reste collé dans la tête lorsque je débarque du taxi.

Ocho Rios est un port où les croisières s'arrêtent. La rue principale, au bord de la mer, est constamment remplie de gens. La musique est forte à temps plein, des voitures avec des haut-parleurs sur le toit crient des réclames en passant, et je suis immédiatement assailli de vendeurs, légitimes ou non. Le premier veut me vendre un collier en bois verni - « no, thank you but no » - le deuxième me met dans la main un petit sac d'une poudre non-identifiée - « it's for you, ya man, a gift, ya man », « no, thank you but no » - puis un troisième me prend par le bras et tente de m'amener dans une direction - « no, thank you but no ». Pris dans ce tourbillon d'harcèlement - en plein jour - je suis finalement emmené au milieu du marché d'artisanat. « Ya man, come and look at my stall, nice things, I make them all myself, ya man ».

Pendant une minute, je suis entouré de six Louise-Josée Mondoux qui m'expliquent toutes les vertus d'un masque tribal quelconque, d'un t-shirt de Bob Marley ou d'une horrible jupe rose. Vite, il est temps de se sauver de cet endroit maléfique.

Heureusement, la Jamaïque ce n'est ni uniquement la plage, ni uniquement la drogue. Pour preuve, il y a la bouffe. Et rien de mieux que de visiter le marché local pour savoir ce qui est bon. Par chance, il se trouve à deux coins de rue de cette rue achalandée.

L'abondance, c'est les fruits. Il y en a plusieurs que je n'ai jamais vus : la « pomme jamaïcaine » (qui goûte un peu comme une pomme-poire acidulée), le naseberry (qui goute presque la cassonade), la starapple (mielleuse et florale) et une sorte de mini-mangue super sucrée.

Il y a aussi, bien sûr, des bananes et des plantains, de la papaye et des tonnes de noix de coco fraîches. Il y a un homme qui rôtit les arachides qu'il a cueillies lui-même - surprise, il y a jusqu'à sept petites arachides dans les écales! Il faut donc goûter à tout.

C'est à ce moment qu'on finit par comprendre comment la vie doit être pour les Jamaïcains. Une grande respiration, une deuxième, et un bout de papaye, épluchée par la dame qui les a cueillies derrière chez elle. Délicieux.

Jamaïque

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