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J'adore me lancer des défis, peut-être un peu trop. Pour alimenter mon blogue, je me prive fréquemment d'un élément de notre vie quotidienne : soutien-gorge, Facebook, jamais rien de bien méchant. Après une pause de quelques mois, je me suis demandée de quoi je pourrais bien me passer cette fois. J'ai laissé libre cours à l'imagination de mes amis. Première erreur. La deuxième fût de croire que je pourrais me passer d'électricité pendant sept jours.
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J'adore me lancer des défis, peut-être un peu trop. Pour alimenter mon blogue, je me prive fréquemment d'un élément de notre vie quotidienne: soutien-gorge, Facebook, jamais rien de bien méchant. Après une pause de quelques mois, je me suis demandée de quoi je pourrais bien me passer cette fois. J'ai laissé libre cours à l'imagination de mes amis. Première erreur.

La deuxième erreur fût de croire que je pourrais me passer d'électricité pendant sept jours.

C'est avec grand enthousiasme que lundi matin je me suis lancée dans cette aventure. J'ai écrit tranquillement mon petit texte «Je vais me passer d'électricité durant 7 jours», j'ai éteint chaque piton de mon compteur excepté celui de mon frigidaire, chargé la photo et.... réalisé que mon sept jours sans électricité, signifie aussi sept jours sans Internet.

Beaucoup m'ont dit que ce n'était pas vraiment sans électricité, car je pouvais recharger mon ordinateur dans les cafés ou parce que j'avais gardé le frigo branché. En effet, j'aurais pu aller plus loin, me lancer dans un remake de Survivor version montréalaise, mais ce n'était pas le but de l'opération. Les «7 jours sans» restent avant tout un prétexte pour écrire et étant en plus une très mauvaise joueuse, je préfère inventer mes propres règles du jeu.

Je me disais que sept jours sans électricité allaient être un bon «break», une façon comme une autre de me recentrer. Je m'imaginais très bien vivre ma vie de bohème et me voyais déjà à la terrasse de mon café préféré pour travailler ou dans mon jardin pour lire.

Manger cru? Pas de problème. Mon four et mon micro-ondes pourraient bien se passer de moi quelques jours.... C'est l'été, il n'y a pas de problème de chauffage, je voyais l'électricité comme un luxe.

Et je me disais surtout que mon entourage allait certainement me prendre pour une folle.

J'avais vu juste sur plusieurs points, mais cette expérience a été bien plus profonde que je ne le pensais.

Ce ne fut pas l'expérience la plus drôle. Il n'y a rien de drôle à ne pas pouvoir se faire cuire un œuf, mais certainement la plus enrichissante depuis que j'ai lancé le blogue.

Faire le résumé de cette semaine ne sera pas évident, non pas parce que je dois m'éclairer à la bougie (non non, ça y est, mon compteur Hydro danse la samba de nouveau), mais parce que de m'être privé d'électricité m'amène à explorer plusieurs pistes de réflexion qu'il va falloir que j'essaie d'organiser sans vous écrire un roman.

Je me laisse donc le plaisir d'écrire avec un petit verre de vin, en espérant que mon correcteur d'orthographe saura relever les incohérences pour moi.

Comme je le disais à mon cher ami cet après-midi, initiateur de l'idée «sans électricité», ce qui pourrait résumer cette semaine, c'est que plutôt que de chercher à m'abrutir, j'ai cherché à me divertir.

Nous connaissons tous les lendemains de veille difficile, ou la seule vision à long terme de la journée, est calculée en fonction des épisodes de série télé. Le genre de matin ou il fait bon rester dans son lit, se faire un bon café, et se rendormir quand les paupières commencent à s'alourdir sous l'effet des Advil.

Je suis de ce genre-là. Pas proactif pour un sou, préférant imiter mon chat que d'aller me lancer dans de multiples activités comme le font mes amies mamans.

Autant vous avouer que, samedi matin, j'ai déchanté au réveil, tant les 12 coups de minuit s'acharnaient à taper dans le fond de mon crâne.

Je me suis levée péniblement, lâchant un grand soupir quand mon cerveau en pilotage automatique réalisa que la seule façon d'avoir un café était d'aller en chercher un.

Révélation d'une vie ce matin-là. Rien que de sortir sous ce beau ciel bleu, que de me commander un café en terrasse et de me surprendre à lire les pages culturelles, je me sentais bien. Je me sentais à ma place, bien plus que dans mon lit à regarder les photos prises la veille sur Facebook.

C'est alors la tête plus légère et le cœur rempli d'une admiration des plaisirs simples que je suis retournée chez moi. Ma journée m'a parue immensément longue, et remplie.

Jardinage, fête d'enfant, verre entre amis, l'équivalent d'une fin de semaine en une journée.

Je ne saurais quantifier le temps passé sur nos ordinateurs ou autres divertissement, et je ne pense pas que le point soit là dessus. C'est plutôt l'ambiance dans lequel cela nous plonge. Le sentiment de faire quelque chose, mais de ne rien accomplir, un peu le même sentiment après une journée de shopping ou l'on n'achète rien de spécial, que des petits gugusses, mais qui bout à bout nous ont couté le même prix qu'une belle pièce que l'on s'interdit de s'offrir (c'était ma traduction spéciale fashonista).

Autre révélation et non pas des moindres c'est le rapport avec le silence. Ne pas avoir le réflexe dès le matin d'allumer la musique, les infos, et de commencer mes activités en ayant toujours une oreille ou mon attention sur deux choses à la fois. Le silence est assez angoissant, il l'est particulièrement dans les conversations, mais il suffit de l'apprivoiser, de ne pas le subir, mais de le prendre comme choix.

On réapprend à surprendre des conversations dans la ruelle dans son petit coin d'obscurité et à lire des livres, car c'est encore une des meilleures façons d'apprivoiser le calme, tout en laissant la place à de nombreux personnages de s'exprimer.

... C'est bien beau tout ça, mais la révélation la plus douloureuse c'est que quand il pleut, que ton appartement est plongé dans le noir, que tu viens de rentrer chez toi mouillé de ta tête aux pieds et que tu ne peux ni te faire un thé chaud, ni te faire à manger et encore moins te distraire, car même lire à la bougie est franchement désagréable. Et bien tu t'ennuies. Le sentiment d'ennui est un sentiment que l'on est de moins en moins amené à connaitre. On le tue avant même qu'il n'apparaisse, on s'allume la TV ou on fait son ménage, bref dès que l'image même de l'ennui ne traverse notre esprit.

Donc, qui dit pas d'électricité, dit pas de lumière pour lire, pas de ménage, car pas d'aspirateur, puis comment dire, ranger dans le noir on a déjà connu des idées plus brillantes que celle-ci, mais pas d'électricité quand il pleut, ça veut aussi dire pas de réconfort. Pas de thé. Pas de fameuse boisson réconfortante que d'autres préfèrent sous forme de chocolat chaud. C'est au deuxième jour de l'expérience rythmé par un constant clapotis que j'ai été à deux doigts de tirer mon BBQ sur le rebord de la cuisine et de prendre le risque de bruler ma bouilloire, et l'appartement par la même occasion.

Hier, dernière soirée avant le re-branchement de mon compteur j'avais une sorte de nostalgie de fin de vacances. La fin d'une semaine plutôt agréable finalement, et surtout reposante.

J'ai pris goût à ma nouvelle routine, et puis maintenant que le serveur de mon café connait ma commande, je me sentirais presque ingrate de ne plus y aller quotidiennement.

Je pourrais vous en écrire encore des tonnes sur la beauté de l'éclairage à la bougie, sur l'enfer de ne pouvoir utiliser son séchoir à cheveux ou sur le plaisir de regarder les lumières des voisins s'allumer une à une. Je vais peut être passer pour une sorte de guide spirituel qui a découvert sa science dans les livres à une piasse, mais si je devais vous lancer un défi, ce serait celui-ci. Éteignez tout, ne serait-ce que pour 24h, ça coute moins cher qu'une retraite dans les Laurentides, et peut être par chance vous réaliserez que finalement plongés dans le noir, nous sommes notre propre lumière.

Avec une belle conclusion quétaine, comme on les aime!

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