Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ce qu’on ne vous dit pas au sujet du deuil périnatal

Notre chagrin ne se mesure pas en nombre de semaines de grossesse, il se mesure par la grandeur du rêve que l’on avait construit.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Quand on porte un enfant et que l'on se fait annoncer l'impossible, on sent que notre vie s'écroule. La douleur que l'on ressent est incommensurable. C'est une souffrance permanente qui nous habite.
Catherine Perron
Quand on porte un enfant et que l'on se fait annoncer l'impossible, on sent que notre vie s'écroule. La douleur que l'on ressent est incommensurable. C'est une souffrance permanente qui nous habite.

Le deuil périnatal, c'est tabou. La société n'en parle pas. Vaut mieux se boucher les yeux et les oreilles à ce sujet. Lors de la journée nationale du deuil périnatal, le 15 octobre, mon coeur s'est rempli d'émotions et de compassion pour toutes les personnes qui en ont vécu un ou qui en vivront un au cours de leur vie.

Quand on porte un enfant et que l'on se fait annoncer l'impossible, on sent que notre vie s'écroule. La douleur que l'on ressent est incommensurable. C'est une souffrance permanente qui nous habite.

Quand on s'apprête à accoucher d'un bébé à qui l'on devra dire au revoir aussitôt, on tente de nous préparer avec les meilleurs conseils possible.

On nous suggère d'apporter les petits pyjamas, les doudous et les peluches que l'on avait achetés pour lui, de prendre beaucoup de photos, de choisir de la musique à écouter après sa naissance... Et on s'imagine que ce moment sera le pire de notre vie. Mais on a tout faux.

Ce qu'on ne vous dit pas...

Ce qu'on ne vous dit pas, c'est que la pire étape, ce n'est pas l'accouchement; le pire vient après. Quand j'ai mis ma fille au monde, j'étais bien. J'étais avec elle. On lui a parlé, on l'a serrée dans nos bras, on l'a bercée. Tous les membres de ma famille, même ses grands frères sont venus la rencontrer. On l'a fait baptiser. On lui a donné des tonnes d'amour. On a pris des centaines de photos et je voulais que les gens sourient et soient heureux d'être avec elle. C'était ma seule demande. Nous avons passé beaucoup de temps avec ma fille. Mais après, viens le moment où l'on doit rentrer à la maison.

Comment peut-on partir en laissant notre enfant derrière nous? C'est là que la vraie souffrance commence et que notre vie bascule.

Ce qu'on ne vous dit pas, c'est qu'il faut se préparer à vivre de longues journées de grande noirceur. On sent que l'on ne passera jamais à travers. Et les gens de l'entourage sont gentils et attentionnés, mais après quelque temps, ils reprennent le cours de leur vie, mais pas nous. On continue de souffrir en silence. Et ce sentiment de vide est omniprésent.

Ce qu'on ne vous dit pas, c'est que certains commentaires, même s'ils ne se veulent pas méchants, nous brisent et nous font du mal. C'est une peine étonnamment très incomprise. On le répète souvent, mais notre chagrin ne se mesure pas en nombre de semaines de grossesse, elle se mesure par la grandeur du rêve que l'on avait construit. Et dans notre cas, c'en était un beau et un grand, et un merveilleux!!

Peu à peu, on recommence à vivre notre quotidien normalement, mais cette étincelle du bonheur simple et de naïveté pure, cette petite étincelle a disparu.

Ce qu'on ne vous dit pas, c'est que peu à peu, on recommence à vivre notre quotidien normalement, mais que cette étincelle du bonheur simple et de naïveté pure, et bien cette petite étincelle a disparu. On vit de beaux moments en famille et avec nos enfants, mais rien n'est plus comme avant.

Et alors que l'on s'imagine que l'on est seuls à porter ce chagrin immense et que l'on cherche désespérément des témoignages ou des textes qui vont nous aider (et que l'on ne trouve pratiquement rien sur le sujet, bien évidemment), on prend notre courage à deux mains et on rejoint un groupe de soutien. Et tranquillement, on réapprend à vivre.

Mon groupe m'a sauvé. Personne ne peut mieux comprendre la peine, la souffrance terrible et la rage qui nous habite que des papas et des mamans qui ont vécu des drames semblables au nôtre. J'y ai assisté avec mon amoureux à de nombreuses reprises, pendant plusieurs mois, et je peux vous confirmer que, sans ces mamanges courageuses, fortes et extraordinaires que j'ai côtoyées et sans la travailleuse sociale qui m'a suivie (et à qui je parle toujours), je ne serais pas rendue où je suis aujourd'hui dans ma tête et dans mon coeur.

La peine, elle ne disparaîtra jamais. Ma fille, je ne l'oublierai jamais, jamais.

Il y a eu la Catherine d'avant et il y a maintenant la Catherine d'après, qui ne sera plus jamais la même.

Je tente du mieux que je peux de faire ressortir le beau de son passage dans notre vie. Elle, ma magnifique et merveilleuse fille. Qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à ses frères. On lui parle tous les jours. On lui envoie des bisous lorsque l'on passe à côté de ses photos que l'on a accrochées au mur.

Vous voulez faire du bien à quelqu'un qui vit un deuil périnatal?

N'ignorez jamais son petit ange. Demandez-lui de vous en parler, de le voir en photo... et surtout surtout, n'oubliez jamais que pour nous, ce petit ange fait partie de notre famille. Aujourd'hui, même si nous en avons seulement deux à la maison, nous sommes pourtant pleinement et fièrement parents de trois enfants, trois grands amours que nous aimons plus que tout. Et comme notre grand Simon l'a très bien expliqué à sa classe de maternelle cette année: j'ai un frère et une soeur. Mais ma soeur n'habite pas avec nous à la maison, elle vit au ciel.

Aujourd'hui, je ne vous demande qu'une chose: prendre quelques secondes pour penser aux papas et aux mamans qui ont perdu un bébé.

Alors, aujourd'hui, je ne vous demande qu'une chose: prendre quelques secondes pour penser aux papas et aux mamans qui ont perdu un bébé. Laissons tomber momentanément cette grande mode des «mères à boutte» et pensons à celles qui n'auront jamais le privilège de l'être. Qui n'auront jamais la chance prendre soin d'un petit trésor. Parce que, même s'ils sont tannants, demandants, éreintants, il n'en reste pas moins que mes enfants sont brillants, qu'ils débordent de joie de vivre, qu'ils sont sans malice, affectueux, généreux, et qu'ils sont toute ma vie. Et je les aime de tout mon coeur de maman.

À toi pour toujours, ma Sydney!!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.