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Le syndrome du coin de table

Ce syndrome s'attaque uniquement aux célibataires. Il se manifeste dans les soupers de famille ou entre amis. On le reconnaît facilement, car tu «» en rendant le nombre de convives impair à toutes les soirées où on t'invite.
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Ah le temps des Fêtes ! Période de réjouissances, de partage et de paix. Où les lumières multicolores qui scintillent égayent ton cœur et te font presque oublier qu'il fait noir comme la mort dès 16 h 30 !

Cette année, tu as décidé d'être « de ton temps ». C'est donc avec un sourire en coin, en te disant intérieurement que tu étais clairement un être doué d'une intelligence supérieure de t'être épargné la course folle aux cadeaux, que tu as complété tes achats en ligne. À vous pauvres mortels les files interminables dans les boutiques où il fait chaud et où les caissières s'efforcent de gagner le traditionnel concours annuel de l'air le plus blasé. Finalement, Noël est passé depuis quelques jours et surprise, le quart de tes cadeaux ne te sont toujours pas livrés. Bravo, ô être supérieur ! Tu te promets que l'an prochain, tu ne te feras pas reprendre.

C'est aussi le temps des partys de bureau et des soupers de famille. Pour une fois, être célibataire te remplit de joie, car tu n'as pas besoin d'accompagner ton conjoint et rire poliment d'anecdotes aussi amusantes que la liste des ingrédients au dos d'une boîte de céréales. Entre l'over-time pour terminer le dernier rapport promis au patron, l'évaluation de fin d'année et le ménage de ta boîte courriel qui menace d'exploser d'un mégaoctet à l'autre, tu te demandes si tu arriveras en même temps que tout le monde aux vacances... Enfin, bien sûr que tu y arriveras, mais dans quel état, c'est une autre question ! Eh bien, ne vous en déplaise, mais cette année, les petits pâtés viendront du supermarché !

D'ailleurs depuis trois semaines, tu n'arrives pas à te débarrasser de ta grippe. Tu connais maintenant le pharmacien par son p'tit nom. Tu aurais même tenté ta chance avec lui si tu n'étais pas si mal en point. Un nez pelé et un beau teint verdâtre s'ajoutent aux cernes de fin d'année qui rehaussent déjà ta beauté naturelle. Ton indice de séduction est à l'image de la température extérieure, soit sous zéro.

Et, il y a ce que j'appelle affectueusement le « syndrome du coin de table »...

Ce syndrome s'attaque uniquement aux célibataires. Il se manifeste dans les soupers de famille ou entre amis. On le reconnaît facilement, car tu « fuck le set up » en rendant le nombre de convives impair à toutes les soirées où on t'invite. Comme tu ne viens pas en paquet de deux, du coup, on oublie de te compter parmi les invités. Le premier symptôme se manifeste par l'expression de détresse qui se lit sur le visage de l'hôtesse juste avant de passer à table. La pauvre se met à angoisser, elle a passé tout l'après-midi afin que sa table soit la représentation exacte du cover spécial Noël du Châtelaine, impossible de bouger une p'tite cuillère, que faire ? Elle ne finit plus se confondre en excuses en t'expliquant qu'on va te faire une place et expédie illico son chum au sous-sol à la recherche d'une chaise pliante en plastique jaune qui te promet un confort douteux.

Et voilà, tu es cuite ! On t'installe un couvert « su'l'coin de la table ». Vous savez l'assiette qu'on faufile au coin avec les ustensiles qui semblent faire du chasse-neige. Tu prends place tant bien que mal, car tu te retrouves avec l'asti de patte de table droit devant, la stratégie gagnante serait d'écarteler les cuisses, mais la position est embarrassante, car tu as mis ta belle petite robe noire moulante pour l'occasion, ce serait indécent de la relever. Oui oui, la moulante avec le décolleté « limite », tentative désespérée de distraction, car on sait tous que pendant qu'on spot ta craque de seins, on ne remarque pas que tu as l'air aussi en forme qu'une marmotte agonisante sur le bord de la 132 ! Tu tentes donc de te croiser les jambes d'un côté ou de l'autre de la patte de table qui te regarde droit dans les genoux et te nargue en te rappelant toutes les fois où tu t'es pété le p'tit orteil dessus. Le corps dans une torsion digne du Cirque du Soleil, tu essayes de rester élégante en prenant ta première bouchée.

Dieu merci, il y a le lait de poule ! Bon, tu n'aimes pas vraiment ça, au fait, qui aime ça ? Mais tu es bien prête à nager dans le bol si ça te permet de passer au travers des pathétiques, répétitives et décourageantes questions réservées à ton espèce.

Qu'est-ce qu'une belle femme, brillante comme toi fait toujours célibataire ? »

Vraiment ? On est supposé répondre quoi à ça ? Bien que mon existence soit dénuée de sens, je travaille et contribue socialement et économiquement au développement de la société en faisant partie des gens les plus imposés du Québec ?

As-tu essayé les sites de rencontres ? » (soupir, tu veux qu'on parle duquel ?)

Tu sais, ce n'est pas en restant chez toi que tu vas trouver... » (pitié, à l'aide !)

Habituellement suivi par le traditionnel et très cohérent :

Ne cherche surtout pas, ça arrive quand on s'y attend le moins... »

Pour finir avec :

Ha pis, tu dois être trop difficile ! »,

Ouais ! C'est ça, je suis une peste ! »

Tu fantasmes intérieurement que tu lui réponds qu'en écoutant parler son conjoint, tu constates que manifestement, elle, elle ne l'est pas assez difficile !

Tu pries secrètement pour qu'on change de sujet, mais clairement le Seigneur ne compte pas t'exaucer ce soir, bon il faut dire que tu es non-croyante, il est donc logique que s'il existe, il priorise les souhaits de ses disciples... Tu décides donc de passer aux très subtils signes non-verbaux comme rouler exagérément les yeux au ciel, faire des sourires forcés, regarder ailleurs pendant qu'on te déblatère comment, il y a 15 ans ils ont rencontré leur tendre moitié. En vain, pas le choix, tu devras sortir l'arme massive, c'est contre tes principes, mais on est face à une urgence, donc tu y vas d'un douloureux : « Aye, il fait-tu assez frette dehors hein ? »

Au moment où tu te félicites de t'être sortie d'affaires, ils reviennent systématiquement à la charge, car il y a toujours un ou deux convives qui te connaissent à peine qui se donnent pour mission de te sortir de ta bien vilaine et insoutenable situation d'âme esseulée.

J'ai un collègue de travail, Marc, il a un frère célibataire, vous iriez tellement bien ensemble »

Ah oui ? On a des points communs ? »

Ben, c'est ça là, il est célibataire. »

Bien sûr, voyons ! Homme célibataire et femme célibataire, on a un match parfait ! Mais où avais-je la tête ?

J'y pense, on ne devait pas faire un échange de cadeaux ? Juliiiiiiiiiiie !?! »

Un brin éméchée, proche de l'overdose de lactose, tu retournes chez toi mettre ton pyjama en polar et dormir avec ton chat puisque la patte de table, et bien, c'est tout ce que tu vas avoir eu entre les jambes ce soir !

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