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Autopsie d'un rendez-vous manqué

Le Parti québécois se trouve désormais à la croisée des chemins. Soit il redevient le grand parti indépendantiste qu'il devrait être, assume son option, en fait la promotion; soit il prend clairement la voie de l'autonomisme nationaliste. Il ne peut plus se permettre d'errer entre les deux.
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Le 5 mars dernier, Pauline Marois et son équipe ont fait le pari de déclencher des élections hâtives. Les sondages plaçaient le Parti québécois largement favori. Les troupes étaient galvanisées et prêtes à se lancer. Un gouvernement majoritaire était dans la mire. Rien de moins n'était espéré.

Le scénario d'un mandat majoritaire au PQ se dessinait d'une telle évidence devant nos yeux que les candidats vedettes ne manquaient pas d'affluer, de Diane Lamarre à Simon Prévost, en passant par Martine Desjardins et plusieurs autres personnalités d'influence. De ce nombre, l'un d'eux a évidemment particulièrement retenu l'attention : Pierre-Karl Péladeau. Plusieurs diront qu'il s'agit en fait du point (ou peut-être du poing ?) tournant de la campagne électorale. Je fais partie du nombre. Il apparaît évident que la stratégie entourant son arrivée était mal calculée. Grossièrement unidimensionnelle. Et que c'est ce qui allait faire basculer la campagne.

En effet, impossible de croire que la haute direction du PQ n'était pas au courant de la flamme indépendantiste qu'allait ce jour-là proclamer haut et fort Péladeau. Au contraire, les stratèges ont probablement cru que c'était là le seul moyen de faire accepter la candidature d'une telle figure du patronat à leur frange syndicaliste. Seulement, comment ont-ils pu omettre les flammèches du coup allumées un peu partout au Québec par une telle déclaration ? Le vent référendaire s'était dès lors bel et bien mis à souffler sur la province. Dans les jours qui suivirent l'annonce de la candidature de PKP, l'indépendance était sur toutes les lèvres, allant même jusqu'à réconcilier Jacques Parizeau avec le Parti québécois. Ce dernier n'était toutefois pas préparé à un tel branle-bas de combat sur ce qui constitue pourtant sa raison d'être. Voilà l'erreur.

On peut se demander - non pas à tort, mais à raison - pourquoi un parti politique dont l'indépendance du Québec fait figure d'article premier de son programme, et ce depuis sa fondation, s'est retrouvé dans cette impasse. Une impasse où, plutôt que de faire la promotion de son option, il dut la couvrir, la dissimuler, jusqu'à feignant presque en avoir honte. En fait, ce n'est pas tant de la visée indépendantiste dont il a surtout été question, mais du moyen pour y accéder : en l'occurrence, le fameux référendum. Dans tous les cas, force est de constater que l'échec fut cuisant.

Pour gagner la confiance des électeurs, il faut avoir confiance en ses idéaux et les porter bien haut. Une leçon qu'il faudra retenir. Non pas parce que si l'indépendance avait été davantage défendue au cours de cette joute électorale, le résultat aurait été meilleur. Personne ne peut répondre à cette question hypothétique. Mais, au moins, si une telle défaite s'était tout de même avérée, elle aurait été obtenue dans la dignité, non pas au terme d'une campagne négative qui - disons-le - en a déçu bon nombre d'entre nous. Le désarroi des militants était d'ailleurs fort palpable dans les jours précédant le scrutin. Impuissance, quand tu nous tiens...

Dans ces circonstances, il est évident que la pédagogie du projet indépendantiste doit être reprise à zéro, sans quoi les Québécois continueront d'avoir peur et les pensionnaires de résidences pour personnes âgées, à craindre pour leurs pensions de vieillesse. Le Parti québécois n'était visiblement pas prêt à jouer au pédagogue après l'arrivée fracassante de PKP dans cette campagne. De toute façon, il était déjà trop tard, le travail aurait dû être entrepris avant. Le PQ s'est donc embourbé lui-même dans son manque de clarté. Les électeurs l'ont sévèrement sanctionné.

Dans un autre ordre d'idées, je crois cependant que nous devons, peu importe notre allégeance politique, lever notre chapeau bien haut à la première ministre sortante, Pauline Marois, qui a consacré sa vie à servir le Québec. La politique est une véritable vocation où les coups durs sont souvent plus nombreux que les jours heureux. Comme beaucoup de Québécois, j'étais attristée de voir sa carrière prendre fin de cette façon - en perdant sa circonscription, de surcroît ! -, elle qui nous a tant donné. Je crois qu'il faudra attendre un bon nombre années avant de revoir une femme à ce poste clé de notre État. Clairement, à prendre acte de plusieurs commentaires émis depuis son élection en 2012, les Québécois n'étaient pas encore prêts à voir le plafond de verre cassé. Un bien triste constat.

En définitive, le Parti québécois se trouve désormais à la croisée des chemins. Soit il redevient le grand parti indépendantiste qu'il devrait être, assume son option, en fait la promotion, et ce sans détour; soit il prend clairement la voie de l'autonomisme nationaliste. Il ne peut plus se permettre d'errer entre les deux. Les prochains mois seront, à cet égard, déterminants pour l'avenir du parti.

En attendant, on se dit, à la prochaine fois!

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