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La résonance émotionnelle ne suffit pas

Au cœur de la pratique du thérapeute en relation d'aide, il y a la relation intime de ce dernier avec les émotions et les affects qu'évoquent en lui le vécu, les propos et les souffrances de son client.
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Au cœur de la pratique du thérapeute en relation d'aide, il y a la relation intime de ce dernier avec les émotions et les affects qu'évoquent en lui le vécu, les propos et les souffrances de son client. Dans un premier temps, il peut y avoir une résonance émotionnelle chez le thérapeute qui peut être touché par la souffrance du client et on peut soi-même souffrir parce que l'autre, assis devant nous, est éprouvé. Cette souffrance est une résonance, un écho de ce dont on est témoin. Cet écho éveille en nous de vieux affects endormis.

Pour véritablement aider notre client, il nous faut accéder à ce que Matthieu Ricard nomme comme étant une connaissance cognitive de ce qu'il ou elle vit. Pour certaines personnes, la résonance émotionnelle peut ouvrir sur un altruisme «cognitif» qui permet à son tour une communion sincère et ouverte, menant à l'acceptation du réel.

Le thérapeute doit avoir parcouru suffisamment de chemin avec ses propres affects pour véritablement aspirer à un altruisme cognitif ouvert et ne pas entrer en confluence (ou autres écueils) avec son client. Il va sans dire que le fait de multiplier la souffrance n'allège celle-ci pour personne!

En tant qu'intervenant, on doit rester collé à nous-mêmes, au cœur de notre ressenti, et s'éprouver soi-même avec vigilance. Cette posture intérieure se communique naturellement au client qui perçoit subtilement la position d'accueil du thérapeute à son endroit. Cet accueil lui montre la voie de l'acceptation et il peut alors recevoir une sensibilité -qui n'a rien de la «sensiblerie», à son égard. Il peut aussi éprouver de la gène et de l'inconfort en voyant quelqu'un être sincèrement touché par ce qu'il vit. Beaucoup d'entre nous n'avons pas l'habitude d'être écoutés et pris au sérieux; et pendant un bon moment, ce peut être difficile de recevoir la sensibilité de l'autre à notre égard. Néanmoins, le fait d'en prendre conscience et d'éventuellement s'en nourrir est positif et libérateur.

Le meilleur moyen d'illustrer la posture intérieure dont il est question quand j'écris qu'on doit «resté collé à soi-même», est de s'imaginer dans une posture de yoga. On y entre, on y respire, on ressent la douleur consciemment et on tente de s'y détendre. Cet accueil de l'inconfort physique est le même que celui qui est requis pour éprouver réellement nos émotions et y plonger sans réserve.

C'est à cet état intime que le thérapeute en relation d'aide s'exerce pour accueillir l'autre et c'est celui auquel on devrait, honnêtement, tous s'exercer, qu'on soit thérapeute ou non! Se détendre dans ce qui est, ici et maintenant plutôt que d'y résister, ne peut avoir que des impacts positifs. Au moins, en cessant de refuser ce qui est, on ne rajoute pas de résistance inutile à ce qui pour nous, est déjà difficile à vivre.

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